Ok. S.

Pieds nus, Anna était mi assise, mi allongée sur le sofa du hangar où elle vivait en attente du logement qu'elle allait partager avec Lio.

Refusant de repenser à la dernière conversation qu'elle avait eu avec ce dernier, elle continuait de lire un roman de son auteur préféré. Cependant quelque chose clochait. L'air était si lourd et oppressant qu'Anna ne parvenait pas à se concentrer. Son esprit était sans cesse dérangé par quelque chose. Si seulement, elle avait pu savoir de quoi il s'agissait, elle aurait pu se sentir mieux et régler la situation si elle en ressentait le besoin.

Son regard tomba alors sur une photographie de Tess qu'elle conservait avec un grand soin près d'elle. En l'observant, son mal être s'amplifia de manière très significative et Anna réalisa qu'il ne s'agissait probablement pas d'une simple coincidence.

Le premier réflexe d'Anna fut de chercher Lio du regard afin de lui faire part de ses inquiétudes et qu'il la rassure, en lui disant qu'un vampire s'assurait que sa fille allait bien et qu'il fallait lui faire confiance. Il avait promis après tout. Mais Lio n'était pas là et Anna n'avait aucun moyen de savoir si Tess allait bien. Elle devait se contenter des nouvelles qu'elle recevait à heures fixes de différents vampires.

Se levant du sofa, Anna commencait à s'impatienter tout en observant l'heure sur l'horloge murale. Cela n'allait pas, quelqu'un aurait du déjà venir. Jamais ils n'étaient en retard même de quelques secondes. Tournant comme une lionne en cage, elle autorisa cinq minutes de retard qui s'écoulèrent sans qu'elle n'entende le moindre bruit qui aurait pu lui faire comprendre que quelqu'un arrivait.

N'en pouvant plus et réellement très inquiète, Anna enfila avec souplesse et dextérité son unique paire de bottes de cuir noir ainsi qu'une veste de la même texture et couleur. Elle sortit sans prendre la peine de refermer la porte du hangar. Vu l'heure tardive, personne ne passerait par cet endroit.

Humant l'air frais de la nuit, Anna ne put en apprécier pleinement la saveur, toujours opressée comme si on lui comprimait la poitrine d'une main de fer. Elle ne ralentit pas pour autant sa course pour arriver au domicile de son oncle.

Des rumeurs commencaient à circuler. Un lycan était entré dans une des maisons de Hanover et avait assassiné ses habitants. Un homme d'une cinquantaine d'années et une petite fille. Sans même avoir pu les personnes, Anna savait qu'il s'agissait de vampires. Elle ne se soucia pas d'eux, se contentant d'accélerer sa course vers le domicile de son oncle.

Il fut inutile à Anna d'entrer pour savoir que son mauvais pressentiment était bel et bien réel. Rien qu'en arrivant dans la rue, elle pouvait sentir l'odeur de sang et de mort qui se faisaient sentir à la distance à laquelle elle se trouvait.

Non, pas Tess. Je vous en prie. Faites qu'elle soit encore en vie..., pensa t'elle même si elle doutait qu'une aussi petite et frêle petite fille comme elle pouvait tenir longtemps face à l'attaque d'un lycan.

Pas une seconde, Anna ne pensa à ce que sa fille penserait si elle la voyait en face d'elle. Il serait bien temps plus tard de rectifier cette situation. Elle préferait cela plutot que de la savoir morte. Pour le savoir, le mieux était d'aller voir. Sautant sur le toit avec grace et sans un bruit, elle pénetra ensuite par une des fenêtres qui étaient restées entrouvertes.

Citation:
« Lorsque je t’aurais arraché la tête, penses à saluer la putain alcoolique qui t’as vomi de son bas-ventre… »


Elle ne connaissait pas cette voix. Tellement glaciale qu'Anna ne put retenir un frisson en entendant cette phrase. Puis, l'air se modifia. Une mutation. Celle ci fut rapide mais à peine fut elle terminé que l'odeur doucatre et écoeurante du sang des lycans vint chatouiller le nez d'Anna.

Avancant à pas silencieux, Anna arriva en haut de l'escalier d'où elle pouvait voir tout ce qui se déroulait dans le salon. Son coeur tomba dans sa poitrine quand elle vit les cadavres de son oncle et ... de Tess. Cette dernière semblait sereine dans la mort qui avait envahi son être. Seuls ses yeux grands ouverts laissaient entrevoir la peur qu'elle avait eu en voyant le spectre de la mort en face d'elle. Anna resta focalisée sur cette vision, ne se souciant même pas du cadavre étété du lycan dont le sang souillait la moquette ni de la vampire présente. Que faisait elle là d'ailleurs?

Sans s'en apercevoir, Anna avait sauté par dessus l'escalier et serrait le corps sans vie de Tess, la bercant doucement.

"Tess aroon (chérie en gaélique) , je t'en prie, ne me laisse pas. J'ai besoin de toi, de te voir vivre, de te voir sourire, grandir et aimer. Maman est la mais je t'en prie, regarde moi et dis moi que tout va bien. Je te jure que je ne te quitterais plus mais respire. Par pitié mon bébé...."

Anna continua de supplier sa fille mais en vain durant de longues minutes. Sa fille était morte et avec elle, la dernière chose qui lui permettait de ressentir un peu d'humanité. Tous les efforts qu'elle avait fait ne serviraient jamais à rien.

Les pensées d'Anna se mélangeaient dans son esprit. La tristesse et la colère mais aussi les souvenirs : le jour où elle avait appris sa grossesse, le jour de l'accouchement quand elle avait serré sa fille dans ses bras après 7heures et 46 minutes de souffrance. Chaque jour qu'elle avait passé avec elle et aussi la promesse que lui avait faite Lio. Une promesse vaine, des mots inutiles qui ne serviraient plus à rien désormais. Plus rien ne pouvait la ramener, pas même une transformation en vampire.

Anna revint au présent. L'instant d'avant, elle se voyait en train de tenir Tess juste après sa venue au monde. Et là, elle la tenait juste après sa mort. Quelle injustice. Ivre de colère, Anna observa autour d'elle. La vampire se contentait d'observer la scène. Pas un mot, pas un geste qui aurait pu troubler cet adieu à Tess.

Ce fut les lèvres et les mains tremblantes qu'Anna embrassa le front de sa fille et lui ferma les yeux. Mais il ne lui fallut qu'une seconde pour fondre sur la vampire qui tenait la hache et la serrer au niveau de la gorge. Son regard avait viré au noir le plus profond, de la même couleur que son âme désespérée. Sans la lacher du regard, Anna dit très lentement et distinctement :

Tu as cinq secondes pour m'expliquer ce qui s'est passé. Presse toi, je ne suis pas réputée pour ma patience.