Je regarda l’heure pour la énième fois : 3 heures du matin.
Je ne tenais plus dans mon lit, ayant trop chaud, réfléchissant à ma journée et à mon comportement que je détestais plus que tout. Je voulais pouvoir m’échapper, respirer, allant ailleurs au calme sans personne pour me voir, me déranger. Je voulais écrire. Pouvoir mettre sur papier combien je m’en voulais du comportement que j’adoptais. Combien j’étais désespéré de mon incapacité à me raisonner.

Alors je me leva, sans faire de bruit mis vite faite un tee-shirt juste histoire de ne pas sortir seulement en caleçon. Je glissa dans ma poche une feuille de papier et un stylo, il fallait que j’écrive, cette lettre qui allait me libérer. J’enfila aux pieds une petite paire de claquettes qui se trouvait dans un coin de ma chambre, et discrètement ouvrit la porte. Je jeta un œil, sortant ma tête voir si mes chers colocataires dormaient et par chance, personne. Avec tout la discrétion dont j’étais capable je m’approcha de la porte et sortis voyant que la voie était libre. Je pouvais enfin respirer. Quoi que, peut-être pas tout à fait encore. Je devais trouver un endroit calme, où j’étais sûre qu’il n’ y aurait personne, aucun insomniaque s’y baladant. Je me souvins alors du Parking. Pourquoi donc celui-ci ? Parce qu’il était ouvert jour et nuit, même si la nuit l’étage était interdit. Ce qui était parfait. Personne voulait braver les interdits à ce que je sache, personne sauf moi, ce soir. Je sortis donc du bâtiment où se trouvait notre résidence, et m’aventura en direction du Parking. La nuit était fraîche ce qui me fit le plus grand bien moi qui était brûlante. La lune brillait de mille feu, étincelait et illuminait tout ce qui était dans sa lueur. Moi je longea le bâtiment, de façon à ne pas me faire remarquer, juste au cas où…

Arriver devant le bâtiment, je pris une grande bouffée d’air, je me sentais mieux que jamais.
J’entra et monta à l’étage, personne en vue, ni surveillant ou qui que ce soit d’autre. Je traversa le couloir et m’assis tout au fond dans un coin, éclairé à la lueur de la lune qui traversait la fenêtre. Mes yeux se fixèrent sur le ciel, remplis d’étoiles. J’adorais les nuits comme ça depuis la mort de mes parents.. Je sortis de ma poche mon nécessaire pour écrire, et je commença. Toutes mes pensées se bousculaient. Je voulais d’abord m’excuser pour tout le mal que je faisais autour de moi. J’étais un abominable monstre. Attirant tout ces petit êtres naïfs dans mes griffes, j’aimais jouer avec eux, de leur côté c’était de la sincérité, du mien ce n’était qu’un petit plaisir parmi tant d’autre… Comment pouvais-je être aussi égoïste ? Aucune idée… Enfin, si bien une. Celle d’avoir perdue ceux que j'aime plus que tout. Ces personnes d’une grande importance dans ma vie, qui ont une place dans mon cœur. Alors j’ai trouvé, pour ne pas vivre ça je ne m’attache pas, je refuse de m’attacher, et prend plaisir à me servir de tout mon entourage comme des jouets. Quelle honte ! Je ne suis pas quelqu'un de bien, juste un être horrible, sans cœur, sans rien ! Quelqu’un qui ne devrait pas exister. Oui, c’est vrai, pourquoi moi aurais-je droit à la vie ? Pourquoi n’est-ce pas eux qui ont survécu ? Pourquoi n’est-ce pas moi qui n’ai pas pu remplir mes poumons de cet oxygène ?
Je savais que toutes ces petites personnes, ces êtres amoureux avec un grand cœur, je savais que je leur avais fait du mal, en les abandonnant sans un mot, sans rien. Ne laissant que mon odeur derrière moi, un parfum parmi tant d’autre sur la douceur de l’oreiller. Mais je ne voulais pas la faire souffrir cette amie qui avait été là depuis le début, qui m’avait supporté jour et nuit sans parler de mon passé. Je voulais que l’on soit lié à jamais, que notre entente et notre compréhension, nos règles de ne pas parler du passé restent jusqu’à la nuit des temps, je voulais pourtant qu’elle comprenne que je me détestais, que je ne supportais plus de me voir dans la glace sachant tout cette douleur que j’avais créée dans tant de cœur. Alors j’avais décidé de lui écrire, de lui dire mes pensées, mais en fin de compte, j’étais sûre de mon geste après avoir placé le point final. J’allais tout simplement plier délicatement ce papier, le rangeant au plus profond de ma petite poche, et ne plus jamais le sortir. Oui, tout simplement ces mots couchés sur papier n’allaient jamais aboutir, comme tant de choses que j’avais commencé. J’étais comme ça, encore une partie de moi qui ne me plaisait pas. En faite, qu’est-ce qui me plaisait chez moi ? Je ne savais que peu…

C’est alors, que j’entendis un bruit, quelque chose d’étrange qui me donnait l’impression que je n’étais plus seule. Faisant mon point final dans la précipitation, je rangea cet écrit dans ma poche, le plus caché possible. La peur m’envahit, je n’aimais pas être dérangé dans des moments pareils, et c’était bien dans ce but là que j’étais venu ici. Par réflexe, je me colla contre le mur, croyant me fondre dans la peinture, afin que je disparaisse à jamais. Ah, si seulement c’était possible…