Connard. Imbécile. Idiot ... Je te hais. Je te hais de tout mon cœur. Ne revient pas. Jamais. Je ne survivrai pas. Ne revient pas. Je n’ai plus besoin de toi. Je ne veux plus te voir. Je ne veux plus te sentir. Je ne veux même plus me souvenir. Ca fait trop mal. Beaucoup trop mal. Tu me manques sale enfoiré. Revient. Revient, s’il te plait. Je fais comment moi maintenant que t’es parti ? Je fais comment sans toi ? C’est comme si … Comme si on m’avait arraché la moitié de mon être. J’ai mal. Il me manque la moitié de moi. Revient. J’ai le mal de toi. De nous. De tout ce que nous étions. Revient. Je ne peux pas vivre sans toi. Je sais que je n’ai pas le choix, je sais que je dois relever la tête, avancer. Oublier. Je n’y arrive pas, c’est dur, trop dur. Tu me manques. J’ai besoin de toi. Tu ne reviendras pas. On ne revient pas d’entre les morts, il faut que je l’accepte. Il faut que je m’y fasse, c’est ce que tu aurais voulu, je le sais. Mais ici, tout me rappelle ta présence, on a trop de souvenirs dans ces rues, trop de jolis moments me reviennent sans cesse en mémoire. Tu n’es plus là et moi je reste ici, à contempler les lettres qui forment ton nom sur cette dalle de marbre. A ressasser nos souvenirs, et notre avenir, nos projets, nos envies qui ne se réaliseront jamais. Je te déteste d’être parti si vite, t’avais pas le droit, nan, t’avais pas le droit de me laisser comme ça. Je pars demain tu sais, je m’en vais, je quitte l’Australie une bonne fois pour toute, je ne peux plus vivre ici, pas sans toi, jamais sans toi, je te l’avais promis, alors je laisse tout derrière moi, je laisse nos souvenirs quelque part dans ma mémoire et je vais tout faire pour avancer, tout faire pour oublier puisque c’est ce que tu aurais voulu, mais, tu sais, je t’aimerai toujours, mon frère.

J’ai quitté Brisbane au matin du 1er avril 2009, et ce n’était même pas une blague. Prenant un aller sans retour pour le Canada, pays que tu rêvais de voir un jour, et puisque tu ne pouvais plus le faire, je m’étais dit que je le ferai pour toi. Un peu comme un dernier au revoir tu vois .. ? De Montréal à Vancouver, j’ai passé des moments fantastiques dans cet immense pays, mais il manquait quelque chose pour que ce voyage soit parfait. Toi. Etre ici sans toi a été plus difficile que je le pensais, mais au moins, j’avais réalisé un de tes rêves, et j’espérais vraiment que, de là-haut, tu étais fier de moi. Parce que moi, j’étais non, je suis, fière de toi. Après ça, je suis restée 6 mois à Vancouver, réapprenant à vivre, à sourire sans toi. Apprenant à vivre sans cette moitié de moi-même, ce morceau de mon être qui me manquerait à jamais. Et, lorsque je fus enfin guérie, au printemps 2011, je quittai la ville, me préparant à vivre de nouvelles aventures dans un pays bien différent, mais pas si éloigné que ça du Canada. Les Etats-Unis allaient devenir ma patrie, une patrie, qui, je l’ignorai encore à l’époque, allait changer ma vie.

Seattle. Portland. Los Angeles. Las Vegas. Denver. Phoenix. Dallas. Chicago. Nashville. New-York. Boston. Cambridge.

Douze villes. Douze mois. Un an. Une année passée sur les routes à découvrir de nouvelles regions, de nouvelles cultures, et à vivre, à vivre, pleinement, entièrement. Vraiment. Le temps a passé. Voilà deux années que tu m’as quittée, et je n’ai plus mal. J’ai finalement réussi à apprivoiser la douleur, chose que je pensais insurmontable à l’époque. Alors certes, certains jours je parle encore de toi au présent, il y a des moments où je te cherche dans la foule des gens et ou mon cœur rate un battement quand je me souviens que tu n’es plus là. Mais je suis guérie tu sais. Guérie de toi. Guérie de nous. Je t’aime. Je ne t’oublierai jamais. Mais j’avance. J’avance, et je vis. Pour moi. Pour toi. Pour nous surtout. Pour toutes ces histoires que nous ne vivrons jamais. Pour tous ces moments que tu ne vivras jamais. Je vis. Comme si la faucheuse allait me rendre visite le lendemain, comme s’il ne me restait que quelques heures. Alors oui, il y a des jours où tu ne serais pas fier de moi, je le sais, des jours ou je dépasse toutes les limites. Mais j’en ai besoin tu sais, j’ai besoin de me sentir en vie, et dans ces moments-là, j’ai parfois l’impression que tu es toujours là …

J’ai débarqué à Cambridge un peu par hasard, ne sachant pas trop où aller après avoir passé un petit mois à Boston, j’y suis allée un jour, curieuse de découvrir Harvard, et puis j’ai trouvé le coin sympa, alors je suis restée. Je suis sûre que la ville t’aurais plu à toi aussi.

Pour ne pas rester à rien faire, j’ai cherché un petit boulot, en attendant de pouvoir remplir un dossier afin d’intégrer l’université, alors je me suis faite embauchée en tant que serveuse au Junction, j’ai beaucoup apprécié cet endroit, l’ambiance y était assez sympa ! Mais je n’y suis pas restée longtemps, j’avais d’autres envies, d’autres motivations. J’ai recommencé à faire des photos, moi qui n’avais pas touché un appareil depuis ton décès, je me suis reprise en main ! Et j’ai finis par être embauchée dans un petit journal, ça ne paye pas grand-chose, mais ça paye, et puis, ce n’est pas comme si je manquais d’argent. Papa et maman n’ont peut-être pas apprécié mon départ, mais ils ne m’ont pas coupé les vivres pour autant, et je leur en suis extrêmement reconnaissante !

Les mois ont finis par passer, et j’ai intégré Harvard à la rentrée 2011, enfin voilà quoi, tu sais, tu me manques toujours autant, je donnerai n’importe quoi pour pouvoir t’avoir près de moi à nouveau, mais je sais que c’est impossible, et chacun de nos souvenirs me brise le cœur un peu plus à chaque fois que je les rencontre. Tout ça mit de côté, je vais bien, vraiment.