Validé par Aly

Seul contre le monde entier, voilà comment Léandre se sentait. Étendu au centre d’une clairière enfoncée dans une forêt, loin de tout, sur une île perdue que personne ne connaissait mis à part les rescapés et les naufragés. Seul. On ne pouvait se sentir plus seul, non ? Et pour ajouter à ce tas de problèmes, il était blessé, gravement même. Lui si fort physiquement n’arrivait plus à bouger. Il n’avait rien de cassé, il en était certain, mais les plaies qui ornaient son corps lui coupaient le souffle tellement elles le faisaient souffrir. Elles étaient toutes profondes, s’en était certain. Il n’avait aucune idée de quel arbre il avait percuté, mais une chose était sur, ce n’était pas qu’un petit bosquet. Il devait avoir percuté un chêne, avec ses grosses branches fortes. Soupirant bruyamment, il eut la brève impression de perdre conscience durant quelques instants. Mais cet instant ne dura pas longtemps, puisque quelques secondes plus tard, une tempête se jeta sur lui. Il entendu tout d’abord des pas de course qui venaient vers lui. Quelqu’un, enfin. Quelqu’un courrait vers lui à sa rescousse. Déstabilisé, il ne bougea pas plus sous le coup dur de l’espoir. L’espoir lui broyait les tripes. Et puis, une voix qui criait, fort, désespérée et emplie de panique. Une voix familière, trop familière. Une jeune femme. Et celle-ci frappait durement sur son abdomen blessé, et sur son visage. Elle semblait complètement paniquée. Bien qu’encore plus déstabilisé par la présence de la jeune femme presque en pleurs, il ouvrit brusquement les yeux, reconnaissant la voix de celle qui hantait ses pensées. Son regard bleu océan se perdit immédiatement dans celui de sa sauveuse. Sìthmaith. Il n’eut sur le coup aucune réaction. Perdu dans son regard, il observait cette lueur de panique qui enflammait son regard. Elle avait peur… pour lui ? Ressentait-elle quelque chose pour lui finalement ? On avait pas peur comme cela pour une personne que l’on détestait, n’est-ce pas ? Mais en même temps, Léandre n’y croyait pas vraiment. Se reprenant, il se débarrassa de ses pensées stupides sur la pensée suivante : Qui pourrait aimer un homme comme moi ? Secouant la tête, il tenta de se redresser quelque peu, en vain. Il n’avait plus de force soudainement. Mais ce n’était pas ses blessures cette fois-ci, c’était elle la cause. Elle le mettait dans tous ses états, à chaque fois qu’il la voyait. Dieu, ce n’était plus possible de se mentir à lui-même. Il n’était pas indifférent du tout à cette femme, bien loin de là. Déchiré entre sa douleur et l’amour qui le portait pour elle, ce ne fut bien qu’à ce moment là qu’il se rendit compte de l’ampleur des sentiments qu’il avait pour Sìthmaith. Ne laissant rien paraître, il referma ses yeux quelques instants, le temps de se calmer.

Andcover ne laissa pas le temps à la panique de reprendre le contrôle des pensées de la solitaire, il ouvrit de nouveau les yeux, mais sans plus savoir quoi dire. Il ne pouvait pas engager une conversation normale dans l’état qu’il était, ce serait ironique… stupide même. Mais en tant que bon homme de politique, il avait apprit à gérer les pires situations, mais celle-ci dépassait la formation qu’il avait eut au cours de sa vie. Une formation qu’on donne à soi même. Chassant de nouveau ses pensées, il ne put retenir un geste. Il glissa sa main sur celle de Sìthmaith qui était toujours posée sur son torse. Il ne pensait plus à ses blessures et au besoin urgent qu’elles auraient besoin d’être soignées, ou du moins d’être nettoyées pour éviter l’infection. Dieu sait ce qui traînait sur ces arbres dans cette forêt sombre et isolée sur cette île étrange et emplie d’animaux sauvages. Fronçant les sourcils, il replongea son regard dans celui de la jeune femme. Elle semblait enfin se calmer un peu, mais, évidemment, tout le sang qui coulait de ses plaies et son état ne devait pas être des éléments très rassurant sur sa santé actuelle. Il ne voulait pas l’inquiéter. C’était ironique vu la situation, mais il n’aimait pas la voir comme cela, submergée par la peur. Mais d’un autre côté, Léandre ne pouvait s’empêcher d’apprécier le fait qu’elle avait peur pour lui, à un tel point que la panique la submergeait complètement, prenant le contrôle de son corps, de son self-control. Il ne l’avait jamais vu dans un tel état, mais une chose était sur… ce n’était pas si déplaisant que cela, puisque ça révélait certaines choses, à ses yeux en tout cas. Puis, les paroles de la rescapée lui revinrent subitement en tête. Sur un effort surhumain, il lui adressa un sourire amusé, et puis, cette lueur dans ses yeux océans qui s’allumait toujours en la présence de Sìth revint prendre place dans le fond de ses iris.

- Tu sais bien que je ne suis pas un lâcheur, Sìth.

À ce moment, le Politicien se permit de refermer les yeux une nouvelle fois. Prononcer son nom lui procurait un bien fou. Ils ne s’étaient pas revus depuis le Bal. Cette soirée où ils avaient dansé, discutés et profités. Une soirée qui lui avait laissé bien des souvenirs… et de la frustration. Il aurait fait n’importe quoi pour danser toute la nuit avec elle, même à distance respectable comme il l’avait été avec elle. Il avait adoré l’avoir contre lui, aussi léger les contacts avaient été. Ils avaient été présents quand même. Des contacts qui lui avaient laissé un avant goût intéressant de la suite, s’il parvenait à la séduire. La séduire… et dire qu’à ce moment là, il n’aurait jamais été capable de s’avouer qu’il voulait la séduire, qu’il voulait l’aimer. Mais à ce moment même, dans cette clairière, seul avec elle face à ses sentiments, Léandre ne pouvait plus se mentir, mais il ne pouvait pas lui avouer une telle chose non plus. Il avait beau franchi le pas de l’acceptation, la peur de l’engagement, de la souffrance… tout cela était encore bien trop présent dans son esprit et dans son propre cœur pour lui avouer une telle chose. Et pourtant, die qu’il avait envie de lui crier son amour, de la secouer pour qu’elle s’avoue à elle-même qu’elle aussi… ressentait quelque chose pour lui. Mais tout cela n’était qu’illusions, que rêves même. Ce n’était pas près de se produire, certainement pas. Lorsqu’il ouvrit une nouvelle fois les yeux, il tomba de nouveau dans le regard de Sìth. Il ne se lasserait jamais de plonger son regard océan dans le sien et de s’y perdre… mais à l’instant, il avait besoin d’aide et elle était sa seule aide. Pourvu qu’elle ne soit pas brusquée, se dit-il brièvement. Il avait besoin qu’elle reste avec lui. Complètement déchiré entre son besoin et son envie d’elle, il se redressa enfin, avec toute la force qu’il put puiser en lui. Il se redressa sur ses coudes, et leurs mains se séparèrent, celles qui étaient posées sur son torse. Et puis, toujours sur son bon élan, Andcover se redressa en position assise, sans pouvoir retenir un gémissement de douleur. Serrant les dents, il espéra innocemment que Sìthmaith n’ait pas entendu, mais il n’était pas idiot, il ne l’avait pas murmuré ce gémissement de douleur. Secouant la tête, il n’osa plus relever son regard vers elle, effrayé de découvrir de la pitié ou du dégoût, peu importe. Il n’avait plus le contrôle de ses pensées. Il pensait n’importe quoi, réagissait intérieurement n’importe comment. Il devait se reprendre, et vite. Après quelques minutes de silence, Léandre osa enfin relever son regard bleu dans celui de la jeune femme, pour demander de l’aide. Simple et loin de toute pensée non adéquate à cette situation…

- Aides moi à me rendre jusqu’au bord de l’eau, il faut absolument que je soigne mes blessures avant qu’elles ne s’infectent.

Et c’est ce qu’ils entreprirent de faire. Lentement et doucement, ils se dirigèrent vers l’eau sous les quelques gémissements de Léandre. Il ne pouvait les retenir. Lui si fort, la douleur le submergeait bien trop pour que son ego retienne les bruits représentant sa douleur. Lorsqu’il fut enfin assis près de l’eau, il n’eut pas le choix de se dévêtir devant Sìthmaith. Mais elle était intelligent, elle comprendrait bien que c’était pour ses blessures et non pour tenter de la séduire ou quoi que soit de pas très approprié. Il retira ses chaussures et ses bas, puis son pantalon. Ce fut un peu dur, mais rien comparé à sa chemise. Il ne voulait pas l’aide de Sìthmaith, mais si ça continuait, il n’aurait pas le choix. Lorsqu’il eut enfin fini de déboutonner au complet la chemise blanche déchirée et tâchée par le sang, Léandre entreprit difficilement de la faire glisser le long de ses épaules larges. Et dire que dans quelques instants, il finirait en boxer devant la femme qui hantait ses nuits. Ce n’était pas prévu dans le programme de la journée cela…