La rue est déserte, le temps maussade. Une jeune femme foule les pavés et regarde le sol. Elle avance doucement, ces cheveux au vent. Perdue dans ses pensées, elle ne voit pas le temps passer. Et arrive assez rapidement à son lieu de rendez vous. La jeune blonde soupire avant de pousser la porte, entre et marche encore. Des marches, des escaliers, quelques couloirs, une autre porte. Qu'elle pousse, encore. Une femme relève la tête et la salue, puis lui fit signe d'attendre, dans une pièce appropriée. La salle d'attente. Il n'y a personne et c'est normal. Qui aurait l'idée de voir un psychiatre à 9h, un samedi matin ? Personne, sauf elle. A vrai dire, elle n'a pas vraiment le choix. C'est être suivie ou enfermée. La jeune femme a vite fait son choix. Elle préfère se coltiner les rendez vous hebdomadaires plutôt que se voir enfermer, pour des années. Le temps s'écoule lentement dans cette pièce immaculée et elle ne le voit pas passer, toujours perdue dans ses pensées. Elle n'entends même pas la porte s'ouvrir, les pas se rapprocher. Mais elle sursaute, au son d'une voix.

« - Mademoiselle Kepner ? Ça va être à nous. Vous pouvez me suivre ? »

La dénommée Kepner relève la tête vers la femme qui vient de lui parler mais ne réponds pas. Elle incline la tête comme pour dire oui et se lève de son siège pour la suivre dans son bureau. Quelques minutes plus tard, elle se retrouve assise, sur l'un de ses confortables fauteuils que l'on ne retrouvent que chez les psychiatres. Et elle ne dit toujours rien. Elle ne parlera pas la première. De toute façon qu'aurait elle à dire ? La psychiatre a bien du lire son dossier non ? Alors elle se tait. Et balaye la pièce de son regard. Des portraits de grands psychiatres, psychanalystes sont accrochés un peu partout et elle trouve ça dérisoire. La pièce est emplit de lampe, de couleurs qui réchauffent. Rien n'avoir avec la salle d'attente. Et de suite, la blonde se sent un peu mieux. En sécurité ? Non. Elle ne l'est plus nul part. Le silence emplit la pièce et ce depuis plusieurs minutes. Avant que la femme en face d'elle, le brise une nouvelle fois.

« - Bien. Je me présente. Je suis le docteur Glosby. Et je serai votre psychiatre à partir de ce jour ci. Préférez vous que je vous appelle mademoiselle Kepner ou Elaïs ? »

« - Mia. Il n'y a que ma soeur qui m'appelait Elaïs et ma mère. Alors ça sera Mia. »

« - Va pour Mia alors. Donc, j'ai lu votre dossier avant de vous rencontrer. Est ce que vous souhaiteriez en éclaircir quelques points ou vous m'envoyez pas l'utilité ? »

« - Eh bien à vrai dire, je ne sais pas du tout ce qu'il y a écrit dessus. Donc je ne sais quel point mérite d'être éclairci ou non»

« - D'accord. Alors je vais vous faire un résumé de ce qu'il a écrit dessus et vous me direz ce qu'il en est. Vous êtes d'accord ?»

Mia ne réponds pas mais elle incline la tête pour dire oui. Silencieusement elle se prépare en étendre les horreurs de sa vie, étalées comme une simple thèse. Et elle déteste ça. Etre un patient de plus, une vie de plus à passer dans ce cabinet. Elle hait son frère de la forcer à le faire. Même si au fond elle sait qu'il a raison et que c'est mieux ainsi. Alors elle se tait et elle écoute le docteur Glosby lui faire un résumé de sa vie.

« - Il écrit sur mon dossier que vous êtes née à New York, plus précisément à Manhattan, le onze avril mille neuf cent quatre vingt douze. Vous êtes venue au monde quelques minutes après votre soeur, Eloïse. Et déjà avant vous, vos parents avaient eu un petit garçon, Eliott. Qui avait donc quatre ans à votre naissance. Votre père est le président d'une grande entreprise de transport américaine et votre mère était la propriétaire d'une grande galerie d'art ainsi que qu'une librairie. Votre père a toujours été absent et votre mère plus ou moins présente. A l'âge de cinq ans, vous l'avez retrouvée sans vie dans la salle de bain de sa chambre. Elle s'était ôtée la vie dans une crise caractéristique de sa phase dépressive. Puisqu'il a été établit que avant vous, votre mère avait développé le syndrome maniaco-dépressif. Suite à cela, vous avez été élevée par une nounou et aussi par votre frère, qui est plutôt présent dans votre vie. Une adolescence sans trop déboire. Jusqu'à ce triste jour. Quelques temps après votre permis vous avez eu un terrible accident où votre jumelle a perdue la vie et votre copain du moment aussi. Et vous, vous êtes tombé dans le coma. D'une durée d'un an et demi donc. A l'aube de vos dix huit ans vous vous êtes éveillée. Et c'est à partir de ce moment que à votre tour vous avez commencé à développer le même syndrome que votre mère. A votre réveil, les médecins évaluait votre mémoire à soixante pour cent de sa totalité. Les événements précédents et pendant l'accident étant oubliés. C'est votre frère qui vous a mise au courant de la situation et vous avez fait une première tentative de suicide. Il écrit que c'est Eliott qui vous a trouvé à temps et que c'est lui qui a demandé à ce que vous soyez internée pendant une durée limitée dans une clinique psychiatrique. Vous y êtes restée six mois. Là bas le docteur en charge de votre cas a testé plusieurs traitements pour calmer vos crises, voir les espacer et les réduire. Et je vais aller dans ce même chemin. Donc. Après votre sortie de la clinique, vous êtes restée enfermée dans votre appartement et votre frère a décidé pour vous deux qu'il serait temps de changer de décor. C'est donc de cette manière que vous êtes arrivée sur Cambridge. Ai-je oublié quelque chose ? »

Oui, des tas. Elle n'a cité que les moments de malheurs, de peurs, de pertes, de crises. Mais Mia n'était pas d'accord avec elle. Elle avait quand même eu quelques moments heureux non ? Certes, infimes. Mais ils étaient quand même présent.

« - Je pense que vous avez plutôt bien résumé la situation Docteur Glosby. Et donc, vous allez me faire poursuivre le traitement ou bien, je vais encore en changé ? »

« - Pour le moment, non. Vous continuerai celui ci. Jusqu'à qu'on observe des changements. Vous allez venir ici toutes les deux semaines pour faire état de votre parcours et nous décideront ensemble. Je vais vous donner une ordonnance pour votre prochain rendez vous. Ainsi que mon numéro de téléphone personnel afin que vous puisez m'appeler au moindre problème. »

« - D'accord.»

Après quelques minutes, la jeune femme est sortie du cabinet, son ordonnance en main. Et elle marche, vers son nouveau rendez vous. Harvard. Ou elle doit finaliser son inscription. Et même si elle n'avait pas envie d'aller à l'université. Elle le fait pour elle, pour lui. Parce que c'est sa seule raison d'avancer.