M’apitoyer sur mon sort ? Je l’ai fait de longues années durant mais c’est terminé. Il a bien fallu que je me ressaisisse, que j’ouvre les yeux pour comprendre ce qui m’entourait à présent. Ce qui m’a forcé à me reprendre ? L’arrivée de ma fille dans ma vie. Mais reprenons tout à zéro, voulez-vous ?

Vous ne serez pas étonné si je vous disez que je suis né à Brisbane, en Australie, d’un père et d’une mère qu’il m’a fallu de longues années à considérer comme tels. Voyez-vous, ils ne se préoccupaient que de leur petite carrière, délaissant leur, non leurs fils. Comment ça ? Vous ne saviez pas que j’avais un frère, et jumeau qui plus est ? Il va falloir vous mettre à la page !

Nous étions constamment sous la garde de notre gouvernante, Rachel, qui aurait pu très facilement remplacer notre mère. C’est elle qui nous réveillait pour aller à l’école, qui préparait notre petit-déjeuner et notre goûter. Elle chantait nos berceuses et nous lisait les histoires qui nous endormaient. Une nounou parfaite, qui fait encore partie de ma vie et de notre famille.

C’est Rachel qui découvrit que nous étions surdoués, Tiego et moi-même. Il fallut quelques séances chez un spécialiste pour confirmer le diagnostic initial. Nous fûmes envoyés dans une école spécialisée et ce jusqu’à notre entrée à l’université. Nous étions jeunes à l’époque, 15 ans, tout au plus. A 20 ans, nous avions déjà un doctorat dans nos matières respectives, lui en droit et moi en négociations internationales.

Puis le drame arriva.

J’appris, par un contrôle de routine, qu’une leucémie me rongeait. De son côté, Tiego mit tout en œuvre pour me sauver, c’est-à-dire d’être mon donneur attitré. Chaque fois que j’en avais besoin, il n’hésitait pas à me fournir un morceau de sa moelle osseuse ou quelques cellules, quelles qu’elles soient, comme s’il s’agissait d’une quelconque marchandise facilement trouvable. Mais ce fichu cancer progressa rapidement si bien que j’eus bientôt besoin d’une greffe de rein. Mon mauvais sang pourrissait mon organisme tout entier et qui était le seul donneur compatible ? Mon frère jumeau, bien sûr !

Il me donna un de ses reins, mais jamais il ne pourra en être témoin.

Un jour avant l’opération, Tiego se rendait à l’hôpital avec mon père quand un camion grilla un feu rouge. Leur véhicule fut percuté du côté passager, là où mon frère était assis. Mon père resta une semaine dans le coma. Tiego fut tué sur le coup. J’avais donc droit à ses deux reins et à tout plein d’autres choses venant de son corps, ce n’est pas génial tout ça ?

Sauf que moi, j’appris la nouvelle après l’opération. Ma famille avait prétexté que Tiego devait se reposer et que les médecins devaient le préparer pour l’opération. Je trouvai cette excuse étrange mais l’acceptai néanmoins. C’est à mon réveil que j’appris le décès de mon frère. Et je portais son rein à présent. Quelle joie ! Je vous laisse imaginer ma réaction et l’éloignement plus certain que cette nouvelle causa entre mes parents et moi.

J’avais 21 ans et qui étais-je ? Une loque. Je ne voulais qu’une seule chose : mourir. Mais même ça, j’étais incapable de faire.

Malgré tous les efforts de mes parents pour me soutenir et se rapprocher de moi, je tombai dans la drogue. J’aurais pu choisir l’alcool mais cette solution me semblait peu radicale. Et puis ma famille avait de l’argent à revendre alors pourquoi ne pas le dépenser dans de l’héroïne et des pilules d’ecstasy ? J’aurais pu entraîner de nombreuses personnes dans ma déchéance mais pourquoi voler la vie d’autrui alors que c’était la mienne que je cherchais à fuir ? Je m’échappai trois fois de ma cure de désintoxication, après avoir promis, en pleurant, de me faire soigner. Mes parents devenaient fous et moi, je m’amusais comme un fou à leur donner de faux espoirs. Je voulais qu’ils souffrent au moins autant que moi.

Ce petit manège dura trois longues années. J’avais 24 ans quand j’appris que j’étais père d’une fillette de 4 ans.

Tiego et moi étions les rois des soirées haut-de-gamme. Notre cercle d’amis était uniquement constitué d’héritiers d’entreprises et de multinationales et je dois dire que nous nous amusions à les faire tourner en bourrique. Les Hawke sont très fortunés mais nous ne jouions pas dans la même cour qu’eux. Nous étions des gens raisonnables, simples et nous ne faisions pas étalage de notre argent. A part lors de ces fêtes. Véritables don juan, nous ne terminions pas un week-end sans avoir eu au moins une conquête. J’avais 20 ans, je venais d’apprendre que j’étais malade, et je voulais m’éclater. Ce soir-là, je mis mes précautions de côté et ma partenaire tomba enceinte.

Quatre ans plus tard, j’apprenais la nouvelle car Anne s’était donné la mort. Overdose. C’est ce simple mot qui me sortit du brouillard qui envahissait mon esprit depuis tant d’années. La mère de ma fille était une droguée, tout comme moi. Et la petite a dû endurer cette mort pitoyable. Hors de question qu’elle vive ce drame une deuxième fois. Avant de la rencontrer et après avoir passé le test de paternité de routine, les services sociaux la confièrent à mes parents pendant que j’entamai ma quatrième cure de désintoxication. Cette fois, je ne m’enfuis pas et au bout de trois mois, je pus enfin sortir, sobre comme jamais je ne l’avais jamais été. De plus, j’avais refusé toute médication, voulant à tout prix avoir l’esprit clair pour me rendre compte de l’immense connerie que j’avais faite.

Émilie. C’est le prénom de mon ange. Il nous a fallu pas mal de temps pour nous apprivoiser et apprendre à nous connaître mais nous sommes rapidement devenus inséparables. Ma fille se remit gentiment du décès de sa mère et moi, je réintégrai le monde réel. Maintenant que j’avais toute ma tête, l’absence de Tiego me pesait plus que jamais. Après avoir retourné la question dans ma tête des milliers de fois, j’en vins à la conclusion qu’il fallait que je quitte Brisbane. A 25 ans, Émilie et moi quittâmes l’Australie pour les États-Unis.

A Cambridge, je nous trouvai une coquette petite maison et je repris mes études. Je mentirais en disant que ce n’est pas la mort de mon frère qui me poussa à faire médecine et je me défonçai à la tâche si bien que 5 ans plus tard, je devins neurochirurgien. Être surdoué présente certains avantages. Mais je continue à faire profil bas, à ne dévoiler que le strict minimum sur ma vie et celle de ma fille. Les gens croient tous que j’ai trimé une bonne dizaine d’années avant d’en arriver là alors que j’ai déjà un doctorat dans une autre matière. Cependant, personne n’ose me poser de questions au sujet d’Anne et tant mieux. C’est honteux à dire mais c’est à peine si je me souviens de son visage.

Je ne suis pas si différent d’avant mais je suis devenu plus sérieux et mature de part la présence de ma fille. Il est facile de s’approcher de Julian Hawke mais il est plus difficile de gagner sa confiance : peu de personnes y sont parvenues.

PSEUDO Vous me connaissez suffisamment bien pour que je me présente . Sachez juste que j'ai décidé de faire un nouveau Julian, tout beau tout neuf tout frais et que son histoire va varier sur certains points comparé à l'ancienne . La nouvelle célébrité est Dominic Cooper et le code est "code ok dolce "