Code Ok Dolce.

Beaucoup de temps s'était écoulé, bien trop même. La vie pour Mikayla n'avait pas changée, si ce n'est que son frère s'était fait tiré dessus et qu'elle avait encore du mal à réaliser qu'elle aurait pu le perdre une fois de plus. En y repensant, elle souleva son t-shirt de manière à pouvoir toucher son tatouage, et doucement laissa un petit sourire s'échapper, un sourire compatissant et heureux, heureux qu'il soit encore de ce monde et qu'il ne l'est pas abandonné. Elle avait longtemps prétendu à le haïr, mais elle ne le pouvait plus désormais, ils partageaient le même sang c'était un lien indéfinissablement destructeur mais tellement bon. Cette dernière phrase lui fit penser au lien qu'elle entretenait avec Charles-Edouard. Dans le fond, ils ne s'étaient jamais revus depuis Paris, du moins dès qu'elle le croisait elle changeait de routes, de trottoirs, feintait ne pas le voir, ou encore avoir un appel. Elle se sentait affreusement ridicule et pourtant, elle n'arrivait pas à faire face à la réalité. Pour elle, il s'était magnifiquement joué d'elle, et même si elle tenait incroyablement fort à lui, elle ne voulait plus le voir ou même rien qu'en entendre parlé.

Alors, elle était là, en train de taper un devoir sur l'ordinateur. Un devoir qu'elle devait rendre depuis plus d'une semaine déjà mais qu'elle n'avait pas fait. C'était bien la première fois que cela lui arrivait, elle était toujours à la recherche de nouvelles sensations, des sensations qui, malgré le fait qu'elle fasse tout pour, ne changeaient jamais. Alors, elle essayait tout, elle essayait de rendre sa vie plus intéressante mais rien n'y faisait, elle se sentait vide de sens, elle n'était pas dépressive loin de là, pour les autres elle était la joie de vivre en personne, et pourtant, un sourire est bien vite façonné. Alors que ses doigts pianotaient rapidement sur le clavier, elle entendit des pas dans sa chambre, elle hésitait à se retourner, il s'agissait peut-être de sa colocataire, pourtant, elle sentait une présence, une présence qui lui paraissait étrangement différente, un être masculin. En outre, lorsqu'elle vit le visage de Charles-Edouard, elle lâcha un sourire mi-heureux mi-méchant, bien trop même. Son sourire se figea, lorsqu'elle comprit qu'il était bien en face d'elle, que leurs corps étaient prêts l'un de l'autre. Elle aimait ce contact, elle l'aimait car il lui rappelait noël et cette belle période qu'ils avaient passés ensemble, pourtant elle le haïssait autant que possible, car elle ressentait toujours ce petit truc lorsqu'il était près d'elle et pourtant elle ne le voulait pas, elle avait essayé de le repousser les trois derniers mois, de ne jamais y penser et pourtant il la hantait. Alors, elle ne comprenait pas comment il pouvait faire semblant si facilement, faire comme si elle était son jouet, venir la voir lorsque l'envie lui en prenait, après trois mois, après avoir rompu leur promesse. Elle se sentait infiniment stupide, car elle s'éprenait d'un homme qui s'était joué d'elle, probablement comme il devait toujours le faire. Alors lorsqu'il annonça la couleur de sa venue, que rapidement elle sentit une douleur vive dans son bras, elle ne pu s'empêcher de gémir et de le regarder avec encore plus de mépris que jadis. Elle ne comprenait pas son jeu, elle ne comprenait pas ce qu'il foutait ici, et encore moins pourquoi il lui disait ça. Elle sentait simplement des milliers de fourmis lui parcourir le corps et cette envie irréprochable de sourire, néanmoins, là n'était pas le sujet. Elle mit alors instantanément une main sur son bras meurtris, elle marquait très vite et un bleue ne tarda pas à montrer le boût de son nez. De son bras restant, elle posa sa main sur le torse de l'homme pour faire barrière, ce geste n'avait rien de doux, pourtant elle ne se gênait pas pour sentir chaque passerelle de sa peau sous son léger pull, il devait probablement d'ailleurs sentir ses doigts faire une légère pression sur son torse. Elle approcha alors son visage du sien, de manière à chuchoter mais rester la plus intelligible possible ;

« - Tu sais, ce genre d'actes marchent peut-être avec les autres filles. Mais moi, si tu veux réellement m'avoir, il va falloir faire mieux que ça. »

Ses lèvres étaient à quelques centimètres de celles de l'homme, et, alors qu'un énorme sourire s'étala sur son propre visage, elle rompit cette étreinte en faisant demi-tour, de manière à tourner dos au gamma et d'aller aux abords de sa fenêtre, l'escaladant avec grâce et se posant sur le petit rebord. Elle savait que c'était dangereux mais elle le faisait souvent, c'était sa bouffée d'air fraiche. Elle ne faisait même plus attention au fait que l'homme soit dans la salle, à quelques mètres d'elle après tout, elle avait mieux à faire que d'écouter de faux discours, elle n'aimait déjà pas perdre son temps, mais alors jouer avec ses sentiments, cela la rendait incroyablement mauvaise. Néanmoins, elle n'arriverait pas à être méchante avec lui, elle se sentait stupidement niaise et c'était pourtant le cas, elle savait qu'une part d'elle tenait à lui, c'était irrémédiable. Alors, elle s'attardait à ne plus penser à lui, comme elle avait essayé les trois derniers mois mais sans résultats. Dehors, les gens marchaient alors que le soleil tapait et que les arbres recommençait doucement à fleurir, elle n'était pas une grande sentimentale, mais elle trouvait parfois réconfort dans les choses les plus simples. Alors, elle décida à se retourner dans l'espoir qu'il soit parti, même si une part d'elle ne voulait qu'une chose, lui sauter dessus, l'embrasser, et lui dire à qu'elle point elle pouvait tenir à lui. Doucement elle fit un demi-tour rapide et elle l'aperçut en plein milieu de sa chambre ;

« - Tu en es capable ? »

Bien sûr elle reprenait la suite de sa première phrase, et même si elle savait qu'elle était incroyablement méchante, il fallait qu'il fasse quelque chose, qu'il lui prouve qu'il n'est pas le connard qu'elle espérait qu'il ne fut pas et que pourtant, il paraissait. Pourtant, dans le fond, elle avait beau lui faire tous les reproches possibles, si elle avait tant voulu le revoir, elle aurait pu le faire, dans le fond tout cela n'était peut-être une passe ? Pourtant, son cœur lui soutenait que non, elle aurait pu faire un arrêt cardiaque à l'instant présent, son rythme était à la limite de se saccader, et pourtant elle faisait tout pour rester la plus froide possible, elle se faisait violence. Alors, dans un élan de colère, elle se leva violement manquant de tomber et s'approcha de lui, de manière à le repousser contre le mur juste derrière et, se collant à lui avoua méchamment ;

« Réponds-moi Castello car si la réponse est négative, ce n'est pas la peine de continuer à perdre ton temps ici. »

Un regard, planté dans celui de l'homme, alors que ses bras étaient posés contre le mur, ses poings se serrant aussi fort que possible, juste pour ne pas le frapper, mordants ses lèvres, juste pour ne pas l'embrasser. La frontière entre l'amour est la haine est bien plus fine qu'elle n'en a l'air.