J'ai débarqué dans la famille Callahan à Los Angeles, belle ville de la côte Est des Etats Unis, le trois mars mille neuf cent quatre vingt onze. La maison abritait déjà un petit garçon prénommé Aksel, de deux ans mon ainé. Toute mon enfance s'est déroulée dans la plus grande complicité familiale possible. Chacun savait où s'arrêtaient les limites, chacun avait sa place, et tout le monde était soudé. Je n'ai jamais vu une seule fois un membre de la famille se soustraire lors d'un problème. Si il y avait le moindre problème quelconque, jamais on ne restait dans son coin, c'est toute la famille qui s'occupait du problème, et généralement cela se réglait vite et bien. Je n'étais pas la jumelle de mon frère et pourtant, on aurait pu le croire. La complicité qui nous unit depuis l'enfance est au moins aussi grande et solide que celle qui unit notre famille. Bien sûr, nous n'avons pas échappé à quelques différents habituels, quelques disputes qui alimentent une relation de frères et soeurs. Mais ces disputes ont toujours été de courte durée. Aksel et moi avons depuis tous petits beaucoup de points communs, notamment l'art, qui s'avérera être notre domaine d'études plus tard. J'ai fait l'acquisition assez jeune d'un appareil photo, avec une certaine progression dans la performance de ce dernier. C'est vite devenue une manie en grandissant. Il n'y avait pas un jour où je ne trainais pas mon appareil dans mon sac, capturant les moments des plus banals aux moments emplis de détails, d'émotions ou d'importance, dans ma vie ainsi que celles de mes proches. C'était décidé, plus tard, j'étudierais la photographie.

⊱ Étrangement, on en veut souvent à la personne qui vous dit la vérité difficile à entendre, impossible à croire. La vie avait continué son cours tranquille jusqu'à ma majorité, notre famille ne s'était en aucun cas dissoute, Aksel et moi toujours aussi proches. Mais une vie n'était jamais un long fleuve tranquille. Cela avait été trop parfait jusqu'ici pour que cela continue comme ça. Je n'étais pas pessimiste, simplement réaliste. Et cela ne loupa pas. Cela avait été tellement simple jusqu'ici que j'avais eu l'impression que le monde s'écroulait autour de moi. Mon frère venait d'avoir un accident, à ses vingt ans. Accident qui allait changer le cours des choses. Comment ça, un accident? J'arrive tout de suite. En moins d'une dizaine de minutes à l'hôpital, je courrai jusque dans le hall. Soudainement j'avais chaud, mal à la tête, je croyais vivre un cauchemar et je ne souhaitais qu'une chose : me réveiller. Je retrouvai ma mère, effondrée sur une chaise de la salle d'attente, mon père à ses côtés. Je préférai poser les questions à une infimière, ne voulant pas déranger mes parents. La chambre d'Aksel Callahan? Il faut que j'aille le voir. Qu'est ce qu'il s'est passé? Mademoiselle, il est préférable que vous restiez là, les visites ne sont... Ah non, ne me dites pas que les visites ne sont pas autorisées, parce que ça va mal se passer. Vous savez qui je suis? et les deux personnes dans la salle d'attente? Ce sont ses parents, et je suis sa soeur. Et je vous jure qu'ils seraient trois fois mieux auprès de leur fils, et moi auprès de mon frère. Alors vous allez vous dépêcher de me dire le numéro de sa chambre sinon j'essaie toutes les portes. La 102, au fond du couloir à gauche. Merci, je murmurais, avant de jeter un coup d'oeil à mes parents qui s'étaient levés après la réponse de l'infirmière, et qui me suivirent ensuite. Le blanc dans tout l'hôpital me faisait mal aux yeux, et augmentait mon mal de tête. Mes talons martelaient le lino de l'hôpital, et j'arrivai devant la porte de la chambre. Prenant une grande inspiration, j'ouvrai la porte, découvrant le corps d'Aksel reposant sur un lit d'hopîtal, les traits détendus et les yeux fermés. Ces derniers ne s'ouvrirent pas à notre entrée dans la chambre, et je posai mon regard sur l'infirmière présente. Il est inconscient pour le moment. Oh. J'eus un mouvement de recul, paralysée par cette annonce, avant de m'avancer au chevet de mon frère, serrant ses doigts entre les miens. Je continuais à venir tous les jours, pendant trois semaines, gardant toujours cet espoir. Il y en avait toujours de l'espoir, il fallait juste ne pas laisser s'éteindre l'étincelle d'espoir qui persistait en moi. Une infirmière nous avait appelé le jour où il avait enfin ouvert les yeux. Le médecin nous prévint à notre arrivée qu'à son réveil, ils avaient cependant découvert les séquelles de l'accident. Deuxième paralysie. Sourd. Il avait perdu l'un de ses sens, qui était tout de même important dans la vie. J'avais eu l'impression d'être devenue sourde sur le moment également, la voix du médecin n'étant plus qu'un lointain murmure alors qu'il se trouvait à cinquante centimètres de moi. Mes mains poussèrent la porte de la chambre, et je me précipitai contre Aksel, m'allongeant à ses côtés. Je me suis laissée aller contre lui, le serrant fort contre moi, tandis que toutes les émotions me submergeaient en même temps, laissant un flot de larmes s'écouler sur mes joues. Après quelques instants, je repris mes esprits et me redressa, plongeant mon regard dans celui de mon frère. La vie ne nous aurait pas comme ça, on pouvait le faire. On allait surmonter tout ça. Parce qu'on était bien plus forts que ça. Maintenant, le regard serait notre moyen de communication. Et on disait souvent que parfois, les mots pouvaient se trouver aussi dans un regard, un sourire. Je pris un stylo, écrivant sur ma main : On peut surmonter ça. Je t'aime, je ne t'abandonnerai jamais.

⊱ i just can't let myself give up, otherwise he fall apart with me. C'était décidé, ce combat ne serait pas seulement le sien. Il serait également le mien. J'ai cherché des méthodes, des moyens de lui faciliter la vie, passant tout mon temps libre à droite et à gauche pour chercher des informations, des aides. Ensuite, je lui appris ce que j'avais moi même appris, travaillant pendant deux mois avec lui. Le langage des signes, mais aussi apprendre à lire sur les lèvres. Je n'ai jamais laisser tomber, car ça aurait signifié le laisser tomber lui. Il en fut de même lorsqu'il décida de partir de Los Angeles, pour aller vivre à Cambridge. Je déménageai avec lui, pour aller également étudier à Harvard, dans la célèbre université de l'Ouest. Comme mon rêve étant petite, j'étudiais donc la photographie. Avec la photo, c'est comme si je devenais sourde à mon tour, comme si je me mettais dans la même situation que mon frère. Dans les photos, il n'y a pas de sons, on ne peut les interpréter qu'avec la vue. J'avais moi aussi fait de la vue mon sens essentiel.

mystère et boule de gomme (a) parlez nous de vous brièvement: je suis dans mon année de majorité ; la photographie, la musique, le cinéma, la lecture ; 5/7 je dirais, en moyenne. ; niveau de rp assez variable, d'une vingtaine de lignes à beaucoup plus si je suis inspirée (a) ; freja beha erischen ; oki by