C’est par un jour de grand froid que je décidai de pointer le bout de mon nez. Après plusieurs heures de calvaire, je poussais mon premier cri quand ma mère y laissa son dernier soupire. Elle mourut en couche. Et oui, contrairement à ce que l’on pense, ça arrive encore. Cela attrista profondément mon père. Cependant, il ne m’en attribua pas la responsabilité et m’accueillit comme une chance de se reconstruire. Le médecin l’avait prévenu avant même le début de l’accouchement que ma mère serait confrontée à des complications qui lui coûteraient très certainement la vie. Il avait vu juste malheureusement. Je ne connaîtrais jamais celle à qui je dois la vie. Mon père m’éleva dans son souvenir, il tenait absolument à ce que je la connaisse malgré son absence. J’aimais quand il me parlait d’elle, qu’il ressortait de vieux albums photos. Je voyais qu’il prenait autant de plaisir que moi à la recréer, lui redonner vie chacun à notre manière. Il me disait toujours que je lui ressemblais beaucoup, qu’elle vivait encore à travers moi. J’en étais très fière d’ailleurs. Mon père ne remplaça jamais ma mère. Du moins, pendant mon enfance, il n’y eu pas de tierce personne à s’introduire dans notre petit monde. Pas d’intrus et c’était tant mieux. J’avais mon père pour moi toute seule et pour rien au monde je n’aurais voulu le partager avec quiconque. J’avais même le droit de dormir dans son lit la nuit et je ne laissais pas mon reste.

Cependant, il finit par ramener une espèce de pintade un soir à la maison. Je ne vous cache pas ma surprise face à cette entrée fracassante. Tous les deux bras dessus bras dessous, lèvres contre lèvres. Il est sûr que mon père pensait très justement qu’il n’y aurait personne à la maison à cette heure. En général c’était le cas, sauf qu’aujourd’hui j’avais un peu bouleversé mes habitudes. J’étais rentrée bien plus tôt. J’aurais préférer ne pas voir ça. Je me souviens encore du regard plein de gêne de mon père lorsque ses yeux s’arrêtèrent sur moi. Il se décolla un peu de la belle blonde en s’étonnant de ma présence. Il me présenta la grande godiche à ses côtés. Elle s’appelait Wendy et avait un regard plein d’arrogance. Elle m’était d’autant plus antipathique. Je savais déjà que si j’étais amenée à la revoir, je ne pourrais tout simplement pas me l’encadrer. Elle avait l’air tellement niaise, mon père aurait pu faire un meilleur choix. Elle n’arrivait pas à la cheville de maman. Finalement, c’était peut-être mieux qu’elle ne lui ressemble en rien, cela l’éloignait encore un peu plus. Elle n’avait rien à voir avec ma mère et cela me rassura. Elle ne pouvait donc qu’être de passage.

Je l’espérais sincèrement car sinon je renierai mon géniteur. S’il devait refaire sa vie, autant qu’il le fasse avec quelqu’un digne de ce nom. J’étais tout à fait pour qu’il voit une autre femme si cela pouvait lui simplifier la vie, ou tout simplement la lui rendre plus agréable. Je ne voyais pas cela comme une trahison, je savais la place que j’avais dans son cœur et cela me suffisait. Surtout que j’étais assez grande pour comprendre son besoin. Il avait largement honoré le souvenir de ma mère, il s’occupait très bien de moi, il pouvait donc aspirer à de nouveaux horizons. Bon pas n’importe lesquels. Et j’y veillerai. J’étais peut-être qu’au collège mais j’avais bien l’intention de mettre mon grain de sel dans les affaires de cœur de mon père. Pas question qu’il s’embarque avec n’importe qui. Elle devrait passer par mon approbation. Je l’avais sous entendu un jour à mon paternel, cela lui avait soutiré un sourire amusé d’ailleurs. Je ne crois pas qu’il m’eut pris au sérieux. Mais il ne tarda pas à se rendre compte qu’il aurait dû. C’était simple, dès qu’il attirait une femme chez nous, si elle ne me plaisait pas je le faisais bien vite savoir. S’il essayait de l’imposer de force je rendais alors la vie infernale à celle-ci jusqu’à ce qu’elle parte. Je savais que mon père prendrait ma défense face à ces filles et qu’il préfèrerait les abandonner plutôt que de me voir mal. C’était plutôt pratique. Mon attitude vous choque ? Moi je trouvais naturel d’agir ainsi. Mon père méritait mieux qu’une blondasse écervelée et puis quelle insulte se serait pour ma mère de voir pareille succession. Elle m’avait passé le flambeau pour qu’à mon tours je veille sur mon père et à son bonheur. Je prenais ma mission très à cœur.

Un jour mon père ramena une magnifique brune, elle était brillante et pleine de joie de vivre. N’allez pas croire que j’ai une haine prononcée pour les blondes. Il y a les mêmes énergumènes en version brune. Il se trouvait juste que mon père ne ramenait à un moment que des blondes débiles. Comme s’il recherchait l’opposé de ma mère. Bref. Et enfin je vis une femme capable de rendre heureux mon père. Il l’installa bien vite à la maison. La cohabitation fut bonne et plutôt agréable. Je sentis que mon père était heureux avec elle, et il l’était d’autant plus car elle avait réussit à s’entendre avec moi. Ce qui relevait de l’exploit vu la vie d’enfer que j’avais mené à toutes les précédentes. C’était quasiment inespéré pour lui. C’est dans une atmosphère détendue et familiale que j’entamais mes années lycées. Etant bonne élève j’obtins une place au lycée le plus prestigieux de Nantes qui était le lycée Clémenceau. J’y suivis un cursus littéraire et réussis à décrocher mon bac avec mention très bien trois ans plus tard.

J’avais négocié avec mon père pour partir un an à l’étranger suite au bac. Cela faisait quelques années que j’envisageais un séjour linguistique aux USA. Quitte à partir un an, autant en profiter pour découvrir un nouveau continent. J’avais tellement rêvé de vivre là-bas. Même si cela ne durait qu’un an, je voulais absolument vivre une telle expérience. Je postulais dans une université prestigieuse à Massachussetts. Je ne vous cache pas la joie que je ressentis lorsque j’eu une réponse positive. C’était tout simplement incroyable. Mon père dû taper dans nos économies pour que je puisse allez jusque là-bas et suivre ces études qui étaient il faut bien le dire assez coûteuses. Dès mon arrivée sur le sol américain, je me démenais pour me trouver un petit boulot à côté pour participer financièrement. J’espérais réussir par la suite à ne plus avoir à demander de l’aide à mon père, c’est pour cela que je pris une chambre dans le campus. A moi la vie américaine !