« Lucas! Bordel, tu viens quand je t'appelle ou tu veux te ramasser la rossée du siècle? »

Mais qu'est-ce que ce vieux salaud me veut? J'aurais bien mis mes mains autour de son cou pour l'étrangler mais je me contins. Encore une fois.

« Qu'est-ce que tu me veux, espèce d'emmerdeur? »

Le coup ne se fit pas attendre et m'envoya valdinguer contre la paroi de l'entrée de la villa familiale. Vous ne devez pas bien comprendre ce qui se passe et c'est pour cette raison que je vais commencer mon histoire depuis le début.

Je suis né dans la belle ville de New York il y a de cela vingt ans. J'étais le plus grand espoir de mes parents, qui ont attendu des années avant d'avoir leur premier enfant. Je suis donc, en quelque sorte, leur petit miracle personnel. Enfin… Etait plutôt. Tout se passait plutôt bien: j'étais bien traité, aimé, un peu gâté sur les bords et surtout, je fréquentais les meilleurs établissements scolaires de la ville. Mes parents ne voulaient que le meilleur pour moi en matière d'éducation scolaire alors le salaire de mon père y passait. Mais bon, il n'était pas à plaindre. Vous savez, un scientifique, c'est bien payé, surtout quand il fait de la recherche et donne des conférences dans le monde entier. Même si je ne le voyais pas tout le temps, j'aimais profondément mon scientifique de père.

Et puis un beau jour, BOUM! Tout s'effondra! Ma mère reçut un coup de fil à vingt-heures quarante-deux précises un vendredi soir. J'étais dans le salon, avec elle, quand je vis son visage se décomposer. Quelque chose de grave était arrivé: le laboratoire dans lequel mon père menait ses expériences avait explosé suite à un accident. La dépouille de chaque occupant se trouvait déjà à la morgue pour l'identification. Mon père comptait parmi les victimes. Après enquête, les spécialistes arrivèrent à la conclusion que cette explosion avait été causée par un manque de rigueur et d'attention de la part de mon père. En gros, on accusait Monsieur Redford d'avoir tué tous ses collègues.

Les familles des victimes pompèrent autant d'argent qu'elles le pouvaient en dommages et intérêts. La ruine pointait le bout de son nez et tout le monde nous regardait de travers dans la rue. La nouvelle avait fait le tour des journaux télévisés et de la presse locale. Tout le monde en voulait à notre famille alors que nous n'y étions pour rien, ma mère et moi. La descente en enfer fut longue et ma mère était à peine veuve qu'elle se trouvait déjà un type d'un certain âge, complètement répugnant et qui sentait perpétuellement le tabac froid et la bière.
Please, meet John, my son. He'll be your stepfather.

« Je n'ai pas le choix, Lucas. Si tu veux poursuivre ton école dans un bon établissement, je dois rester avec John. De plus, il est le seul à s'intéresser à moi… »

« Tu mérites mieux que ce vieux porc dégoûtant, maman! En plus, il me… »

« Tais-toi! Ne dis pas de bêtises! Maintenant, va te changer pour le dîner. »

Vous comprenez quelle vie je mène depuis que j'ai douze ans? Tout ce que ma mère voyait, c'était le fric de John. Son fils, elle n'en avait plus rien à foutre. J'ignore même si elle s'est rendu compte que mon deuxième prénom est le même que ce salaud. C'est comme ça que je l'ai pris en tout cas. J'ai enduré les coups, les insultes, j'ai été rabaissé au plus haut point si bien que ma confiance en moi-même s'est émoussée au fil du temps. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même en entrant au lycée Sainte Jeanne de Chantale à l'âge de quatorze ans. Entre temps, nous avions eu le temps de nous installer à Washington DC car John ne supportait plus les brimades que ma mère et moi recevions.

Etudier dans une école catholique ne me plaisait guère. Mais que voulez-vous, mon beau-père était encore en cause… C'était soit cette école, soit un coup de pied au cul et HOP! Le petit Lucas de quatorze ans à la rue. Je me pliai donc à sa volonté et chaque matin, c'était un véritable calvaire à l'idée d'étudier là-dedans. Au fil des mois, un élément perturbateur prenait de plus en plus d'ampleur: Ellen Duncan. Cette fille, elle a directement touché mon coeur. Elle était toute jolie avec ses cheveux châtain et ses magnifiques yeux bleus. Elle m'avait complètement envoûté et elle ne le savait même pas. D'ailleurs, je crois être le seul à l'avoir reluquée et jamais elle ne m'a rendu un seul regard. C'est la perspective de la voir qui me faisait tenir le coup. Même si mes notes étaient excellentes et que John m'avait forcé à m'inscrire malgré tout à ces foutus cours d'été trois étés d'affilés, je conservais un visage joyeux, avenant et plein d'innocence. Tout le monde ignorait le calvaire que je vivais dès que je mettais un pied chez moi, Ellen la première. A l'époque, mon dos, mes jambes et mes bras étaient continuellement recouverts d'ecchymoses en tout genre. Je m'arrangeais toujours pour porter des pantalons et des pulls pour ne pas qu'on me dévisage d'un drôle d'air. J'avais déjà vécu ça à New York, après l'accident que mon père avait soi-disant causé. Hors de question de subir une nouvelle fois ce genre de regard!

Je devais suivre des cours bien ennuyeux cet été-là mais j'étais content de m'y rendre. Vous avez deviné: Ellen était également inscrite à ces interminables sessions. Seulement voilà, un jour, elle ne se montra pas et je me suis bien rapidement inquiété. Peu après le début des cours, un de nos professeurs a déboulé dans la classe pour nous annoncer qu'Ellen avait été percutée par une voiture et que ses blessures étaient graves. Je me suis toujours dit que venir à vélo était dangereux, surtout avec cette circulation mais jamais je n'aurais pensé qu'un malheur la toucherait, elle. Tout ce que je trouvai à faire, c'était lui dénicher une camélia, sa fleur préférée pour la lui apporter à l'hôpital alors qu'elle était plongée dans le coma. Je savais qu'elle les adorait, principalement en l'épiant quand elle feuilletait son livre de biologie et qu'elle contemplait la fleur avec de grands yeux fascinés. Mais, crétin comme je suis, je ne lui ai laissé aucun mot. Je suis parti comme un voleur: John m'attendait chez nous et avec le ceinturon, j'en suis certain.

Ce cher Monsieur a décidé de quitter Washington le même été, me laissant complètement désemparé. J'avais eu dans l'idée d'aller rendre visite à Ellen pour prendre de ses nouvelles et lui demander si la camélia lui plaisait. Je n'ai jamais pu le faire puisque Los Angeles nous appela. J'ai terminé le lycée dans un établissement tout aussi réputé que Sainte Jeanne de Chantale mais pas catholique cette fois. Petit à petit, je redevins le garçon timide, renfermé et sombre que j'avais été à la mort de mon père. Tout ce que je voulais, c'était déguerpir de là et entrer à l'université. J'avais une idée bien précise: Harvard.

« Qu'est-ce que tu me veux, espèce d'emmerdeur? »

C'est ce qui s'appelle "péter les plombs". Mon beau-père m'avait poussé à bout ce jour-là et malgré la beigne que je me suis prise, j'ai trouvé le courage de la lui rendre. Il m'avait privé d'Harvard deux longues années d'études et puisque j'avais pris l'initiative de faire une demande de bourse, John n'était pas content. Nous avions eu de nombreuses conversations au sujet de l'endroit où je devais étudier et l'autre bout du pays n'était pas envisageable. Alors je m'étais débrouillé et l'Etat avait été d'accord pour m'envoyer à Boston. Ce fut le dernier coup de John. Le soir même, j'envoyai au diable ma mère, son foutu mari et ma vie merdique. Adios amigos!

Ma liberté durement gagnée me va à merveille. Installé à Cambridge depuis peu, j'attends avec impatience la reprise des cours. Je sais également de source sûre qu'Ellen étudie également à Harvard et je dois avouer que je crains de la revoir. J'ignore totalement ce qu'elle est devenue depuis le temps, ni même si elle se souvient de moi. Après tout, nous ne nous sommes pas beaucoup adressés la parole dans notre jeunesse et je le regrette amèrement. Maintenant que je ne suis plus sous le joug de John, il va falloir que je me reconstruise et que je prenne ma vie en main. Même si les Redford sont la bête noire du monde des sciences, je compte bien devenir un grand physicien et redorer mon nom. Pour mon père, pour moi.

Electrik girl parlez nous de vous brièvement: Pour commencer, j'ai 22 ans, je suis aux études et je m'intéresse particulièrement à tout ce qui touche à la fiction. J'aime pas mal le graphisme également. J'aime sortir avec mes amis, aller au cinéma, voyager, lire... votre célébrité: le beau Ian Harding ; le code du règlement est: Validé par Aly .