7 janvier 1989. San Francisco. Naissance.
Naissance, commencement, début. Un accouchement. C'est ainsi que commencent toutes les histoires, et la mienne n'aura pas fait exception. Je suis née un matin de janvier à San Francisco, quand j'étais petite je demandais souvent à maman de me raconter comment ça c'était passé, dans quelles conditions je suis venue au monde. Alors, elle s'asseyait, me prenait sur ses genoux et me racontait toujours la même histoire. La mienne.
Elle me disait combien elle avait été heureuse le jour ou elle avait apprit être enceinte de son premier enfant, elle me racontait les moindres détails de sa grossesse, les premiers coups de pieds, ses rondeurs qu'elle apprenait à apprivoiser et à accepter, et enfin le jour J. Ce matin du o7 Janvier de l'année 1989 lors duquel j'étais arrivée sur Terre. Il faisait froid ce matin là, selon ma mère un vent glacial parcourait San Francisco. Mes parents ne s'y étaient installés que depuis quelques heures lorsque ma mère ressentit les premières contractions, une chance pour eux parce que la veille ils se trouvaient encore entre deux villes, à plusieurs dizaines de kilomètres de l'hôpital le plus proche, finalement, ma vie avait plutôt bien commencé. J'étais née quelques heures plus tard, et maman me répète souvent à quel point j'étais le plus beau bébé du monde et moi je faisais semblant de la croire en souriant parce que je l'avais entendue répéter ses mots bien souvent.
4 mai 1994. Phoenix. 5 ans.
I wake up every evening, with a big smile on my face
and it never feels out of place
Je n'ai pas été seule bien longtemps à la maison, et rapidement, d'autres bébés ont remplacés la petite fille que j'étais, très vite je n'étais plus le plus beau bébé du monde aux yeux de mes parents. J'avais à peine un an lorsque ma mère tomba à nouveau enceinte. Des jumelles. Puis deux ans plus tard, le petit mec de la famille pointa le bout de son nez. À 5 ans je courrai déjà partout dans la caravane de mes parents pour m'occuper de mes frères et mes soeurs alors que mes parents faisaient leur possible pour gagner leur vie. Voyager, ça avait toujours été leur rêve. Être proches de la nature, aller ou bon leur semblait, c'était un choix de vie qu'ils avaient fait, je crois qu'ils n'imaginaient pas à quel point ça allait être difficile, mais ils étaient heureux ainsi, alors j'étais heureuse pour eux. Même si au fond j'aurai préféré continuer à jouer à la poupée un peu plus longtemps avant de passer aux modèles grandeur nature.
16 septembre 1999. Albuquerque. 9 ans.
Du haut de mes 9 printemps j'étais devenue une petite maman modèle. Je m'occupais des jumelles et de mon petit bout de frère. Je les adorais vraiment. Rapidement, ils sont devenus toute ma vie, je ne pensais qu'à eux. Comme nous voyagions tout le temps je n'avais guère d'amis mais cela ne me dérangeait pas, toute mon affection était consacrée à ces trois petits êtres qui grandissaient à vue d'oeil. Je crois même qu'à l'époque les voir grandir me troublait plus que ma mère, c'est dire ! C'est à cet âge là également que je suis tombée dans la musique. Un jour alors que je rangeais la caravane je suis tombée sur un disque de ma mère, Oasis. Je l'ai écouté, écouté, et écouté encore et aujourd'hui leurs chansons restent mes préférées. Il ne se passe pas un seul jour, pas une seule journée sans que leur musique ne résonne dans mes oreilles. C'est ma drogue, ma vie.
24 décembre 2004. Kansas City. 15 ans.
When you see my face hope it gives you hell
Je me souviendrai toujours du Noël de mes 15 ans, le 24 décembre a toujours été un événement particulier à la maison, n'ayant que peu de moyens les présents que nous nous offrions n'avaient que peu de valeurs, mais je n'oublierai jamais à quel point mon coeur battait vite lorsque j'ai arraché le papier de mon cadeau ce soir là. Peut-être qu'au fond je savais qu'à partir de cet instant toute ma vie allait basculer. Appelez ça instant ou pressentiment, comme vous voudrez, mais c'est bel et bien ce qui s'est passé. Headlines. C'était le nom sur la pochette, je ne connaissais pas ce groupe, je n'en avais jamais entendu parler d'ailleurs, mais à la première écoute je tombais immédiatement sous le charme de leur musique, y devenant accro en moins temps qu'il n'en faut pour dire ouf. Je ne pouvais plus me passer d'eux, de leurs titres, de leur musique. Rapidement, je ressentis le besoin d'en savoir plus sur eux, je voulais apprendre à les connaître, je voulais qu'ils fassent partie intégrante de ma vie. Alors, dès que je le pouvais, je faisais des recherches sur eux, lorsque nous étions dans des grandes villes, je passais mon temps dans les cyber-cafés, à chercher des informations sur eux. Sur lui. Zeke. Il était de notoriété publique chez moi que le bassiste m'avait complètement tapé dans l'oeil, il dégageait ce je ne sais quoi qui me faisait complètement fondre.
30 mai 2009. New-York. 20 ans.
C'était ça ma vie. À 20 ans, je partageais mon temps entre ma famille, mon frère et mes soeurs plus particulièrement et la musique. Les Headlines avaient grandit. Moi aussi. Mais mon amour pour eux ne changeait pas. J'étais fan. Irrémédiablement accro à ces sons qui emplissaient mes journées. Ils avaient presque l'exclusivité dans mon coeur, en cinq ans, aucun groupe n'avait réussi à se hisser à leur niveau que ce soit dans mon coeur ou dans la vie de tous les jours, ils étaient au sommet et moi je les soutenais de loin, n'ayant pas les moyens de me déplacer pour aller les voir en concert, je me contentait d'user leurs albums à force de les écouter. Ma passion pour Zeke ne s'était pas atténuée avec les années, au contraire, elle s'était renforcée, et comme n'importe quel fan je rêvais toutes les nuits du jour ou j'aurai enfin la chance de me retrouver face à lui, je ne comptais plus les discours imaginaires que j'avais élaboré dans ma tête pour être certaine de trouver ce que je pourrai bien lui dire si ce jour béni arrivait.
15 juin 2011. Cambridge 22 ans.
And truth be told I miss you
J'avais grandis avec eux. Et je tombais avec lui. Du jour au lendemain il avait complètement disparut de la circulation. Plus de Zeke sur les albums, plus de Zeke dans les interviews, plus rien. Nul part. Il s'était envolé. Les Headlines l'avaient vite remplacé après le fameux incident qui s'était produit à Wembley. J'avais grandis avec eux, et sans Zeke ils avaient perdus de nombreux fans. J'en faisais partie. J'avais toujours détesté ces groupes qui pensaient qu'un membre pouvait être facilement remplaçable. Ils se trompaient. Un groupe, c'était un tout, une entité que l'on ne devait pas briser. Sans Zeke ils étaient différents. Sans lui, ils ne me plaisaient plus. Sans lui dans ma vie j'ai cru dépérir, lentement mais sûrement, je m'étais repliée sur moi-même, perdant ma joie de vivre, m'inventant un monde dans lequel il n'aurait pas disparu de ma vie, je survivais plus que je ne vivais jusqu'à ce fameux jour. J'étais en retard. Affreusement en retard. J'avais eu un mal fou à intégrer Harvard, à convaincre mes parents de me laisser partir faire ma vie. Voyager ça avait été leur délire, mais ce n'était pas le mien. J'avais obtenu une bourse, et je ne pouvais pas me permettre de la perdre. J'avais couru dans les couloirs comme si j'avais la mort aux trousses. J'avais couru, oui, mais pas seule, et je n'avais pas fait attention à l'identité de mon camarade avant que nous n'arrivions à l'amphithéâtre, avant qu'il ne parte de son côté. Zeke. En un coup d'oeil je l'avais reconnu, il était aussi canon que sur les posters qui ornaient encore le mur de ma chambre universitaire. Mais mon dieu ce qu'il pouvait être imbu de sa personne ! Il m'énervait, me rendait folle, et je jouais la comédie, je faisais semblant de le détester alors qu'au fond lorsqu'il était prêt de moi tout mon être bouillonnait. Je me revoyais, petite ado préparant ses discours, petite ado parlant à son miroir comme s'il était lui. Et maintenant que j'avais l'occasion de lui dire à quel point je l'admirai, à quel point j'étais dégoutée pour lui je foutais tout en l'air. Plusieurs fois, je m'étais surprise à le suivre, je savais qu'il l'avait remarqué mais je m'en fichais. Il devait sûrement me prendre pour une folle. Peut-être ouais, mais
tant qu'il ne se doutait pas que j'étais folle de lui ça me convenait..