J'ai déjà vécu mon rêve.

[Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter]

J'ai osé. Tellement fort, je l'ai espéré. Je l'ai touché. Vécu et aimé.
J'ai échoué. Et ça fait encore mal.

ZEKE ! ZEKE ! ZEKE ! ZEEEEEEEEEKE !

Le foule autour de moi qui resserrait son étreinte , étouffante, suintante complétement déchainée. Étrangement je me sentais vivant. Totalement transcendé par la musique et les vibrations apocalyptiques lâchées par les baffes à haute puissance qui créaient autour de moi un semblant de périmètre de sécurité. Ma basse en main, je jouais ces mélodies que je connaissais par cœur , avec le temps , ma confiance en moi montait en crescendo. Avec le temps, cela me paraissait encore plus beau.

ZEKE ! ZEKE ! ZEKE ! ZEKE ! ZEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEKE ! ON EST LA ! ON T'AIME ! ZEKE TE QUIERO ! ZEKE JEG ELSKER DIG ! ZEKE EU TE AMO!

France. Danemark. Espagne. Brésil. Japon. Corée. Tout ces pays ont un jour reçu ma visite. J'y ai vécu tant d'expérience , tant de fou rire. Tant de pleur. Tant d'engueulade. Tant de merde et de débandade !
Toute une vie. J'étais happé. Absolument épris. Aveuglé. Taré. Excité. Naif.
Un putain de drogué. Addict à ce que la fumette arrivait à me procurer. Addict à mon succès. Addict à ma basse. A mon groupe. A mon métier. J'étais à côté de la plaque. Eux, ils s'en foutaient de moi. Que je respire. Que je meurs. Que je les aime. Que je pleurs.

I need to live with nothing fixed
Don't tell me what's gonna happen next
I'm alright, I like the way this feels

- Zeke ! Zeke ! Zeke , putain Zeke ! Réveille-toi !

Un silence pesant s'était installé dans l'immense salle de concert. Les fosses s'étaient assagis. Suspendues à mes lèvres.

- Zeke ! Zeke ! J't'en pris , reviens-moi.

J'étais parti au pays des champignons parlant. Au pays des éléphants gay. Un endroit instructif. Je m'étais envolé , planant en plein milieu d'une scène. Devant un bon milliers de personne. Des fans, des groupies, des ado , des adultes. Je n'ai pas véhiculé la meilleure des images. C'est le motif qu'ils ont invoqué. Tous des connards. Mon cœur s'était arrêté. Freinant sec sur une autoroute de files ininterrompue. Je m'étais pris une taule direct en plein dans la figure. Saccagé comme une maison au lendemain d'une fête. Défoncé par mes propres potes. Ma petite amie. Et mon cousin. Ma chère, mon sang , mon cœur. Et ça fait encore mal.

-ZEKE TU N'ES QU'UN EMMERDEUR !

<< Zeke pourriez-vous nous parler de l'incident qui a eu lieu ce Vendredi à Wembley ?>>
<< Monsieur Upwood, étiez-vous sous l'emprise de substances hallucinogènes lorsque vous vous êtes écroulé sur scène ? >>

- FUCK OFF, je n'ai rien à vous dire !

Mon rêve a fini par s'envoler

Cet après midi là, j'y croyais encore. Après tout, les " Headlines " étaient venus à ma rescousse. Répondant aux interview , prenant ma défense devant le monde entier. Masque. Vulgaire masque . Ils étaient sympathiques pour mieux me planter un couteau dans le dos. Et ça fait encore mal.

- Hey , vous faites quoi là ? Cam ? Jett ? Timo ? Personne ne m'a dit qu'il y avait une réunion aujourd'hui ?

Cam ; Jett ; Timo ; Ross et Vicky. Ils avaient tiré un trait sur moi. Délimité une bande d'arrêt d'urgence : Nan toi, on te laisse sur le bas côté. L'aventure continuera sans toi. Point .
Mon avis ? Rien, il comptait pas.

Ces putains de producteurs n'ont pas renouvelé mon contrat , pour eux c'était simple : " Écoutes vieux , tu n'es pas le seul qui saches jouer d'la basse . Redescends sur terre , sérieux. Recycle toi, tu sais bien faire autre chose de tes dix doigts ! "

J'aurais voulu crier. Cracher à leur figure combien il m'avait sous estimé. Blessé. Crevé. J'voulais crever. Oublier . Changer.

I never wanted everything to end this way
but you can take the bluest sky and turn it grey
I swore to you I'd do my best to change
but you said ‘it don't matter'

Mon premier réveil fut dans son lit (a)