code ok, amber.

Nerveux. Indécis. Voilà deux mots qui décrivaient bien son état actuel. Assis sur sa paillasse plus que confortable, à ses yeux, Léandre se préparait à se vêtir pour Le Grand Événement. Le Bal de la Nouvelle Année. Sur un coup de tête, fasciné et attiré, il avait invité la belle Sithmaith à l’accompagner à ce Bal. Et elle avait accepté, à son plus grand étonnement. Heureux et dans un état d’euphorie durant tout le temps qui avait passé entre sa demande et le Bal, il était à présent loin de cet état de joie. Nerveux, puisqu’il que ce genre d’événement l’avait toujours rendu nerveux, s’en était devenu une habitude. Indécis, parce qu’il craignait grandement ce qui se passerait là-bas. Y aurait-il des rapprochements ? Il le souhaitait grandement ? Mais l’hypothèse qu’elle puisse fuir en courant suite à une première danse trop physique n’était pas à écartée non plus. Soudainement, il eut envie de rester caché, ici, sur sa paillasse, à trembler de rire face à toutes ses inquiétudes. Il était ridicule. Il voulait l’attirer dans ses filets, il voulait qu’elle accepte un rapprochement fort. Ce ne pouvait pas être de l’amour. Non, impossible. Et pourtant, ce qu’il ressentait à ce moment était si puissant. Secouant la tête violemment, Léandre refusa de s’abandonner à de telles pensées. Ses yeux se posèrent sur ses vêtements posés sur sa paillasse. Un pantalon noir. Un veston noir. Une chemise blanche. Tous bien repassés, des vêtements d’une classe sans nom. C’étaient des vêtements de grandes marques, qui n’avait toujours servis que pour de grandes occasions. Aujourd’hui en était une. Et pour une fois, la cravate serait mise de côté. Il semblerait bien plus séduisant de cette manière, non ? Un éclat de rire lui échappa. Dieu sait qu’il était ridicule à ce moment, à fixer ses vêtements d’un regard appréciateur ! Il s’habilla rapidement, abandonnant ses vêtements décontractés sur le sol de sa cabane, dans un coin où il plaçait les vêtements sales qui mériteraient d’avoir une séance chez le nettoyeur. Mais ici, il n’y avait que l’océan, et le savon était encore plus rare que la bonne nourriture. Soufflant de désespoir, il s’observa dans le miroir qu’il avait subtilisé de sa cabine dans le sous-marin avec lequel il était arrivé sur cette île. Un léger sourire charmeur accroché aux lèvres, il se trouva lui même bien vêtu à ce moment. Il aimait les vêtements d’une grande classe. Non parce qu’ils prouvaient son prestige, mais parce qu’ils prouvaient son bon goût en matière de vêtements de soirée. Contrairement à ce que bien des femmes pensaient, et à ce que bien des hommes faisaient, certains hommes prenaient soin de leur apparence. Et il faisait parti de ces hommes, évidemment. Souriant une dernière fois devant la glace, il sortit de sa cabane, profitant de son avance pour s’offrir une marche lente sur la plage.

Le coucher de soleil qui s’annonçait serait magnifique. Mais pour l’instant, le soleil était toujours bien présent, brillant de tous ses feux au dessus de l’océan. L’océan… cette étendue tellement infinie et incroyable. Comment une telle chose pouvait être ignorée de tant gens ? Toute sa jeunesse, il avait été un rêveur. Et il avait toujours rêvé de voir l’océan, mais il s’était toujours dit qu’une telle pensée était ridicule. L’océan, c’était pour les riches. C’était ce qu’on lui avait toujours dit. Mais aujourd’hui, il était face à cet océan, les yeux rêveurs et brillants. Peu de gens se rendaient compte d’à quel point ils étaient chanceux d’être témoin d’un tel phénomène. Secouant la tête, son regard bleuté se déroba à la vue magnifique qui lui était offerte. Peu importe à quoi il pensait, ses pensées revenaient à celle qui hantait vilainement et secrètement son cœur. Il l’aurait, par tous les moyens. Elle pourrait lui résister longtemps, et elle tomberait dans ses filets, comme lui était tombé dans les siens de femme blessée et mystérieuse. Mais une chose l’intriguait grandement. Comment se faisait-il qu’elle n’est pas encore fuie face à la découverte de sa vraie personne ? Un homme meurtri par son passé familial en tout genre. Autant sa famille de naissance que celle qu’il avait fondée, tout avait été désastreux. Et penser ne serait-ce qu’une seule seconde à retenter de fonder une famille lui paraissait honteux, égoïste et dégoutant. Comment osait-il penser à affliger à une femme et à un enfant le fardeau violent qu’il était ? Jamais. Et c’est aussi pour cela qu’il refusait de tomber amoureux. Il n’avait pas le droit d’infliger tant de choses terribles à une femme. Dormir avec lui revenait à ne plus passer aucune bonne nuit, puisque oui, chaque nuit, des cauchemars le terrifiaient et il se réveillait souvent en hurlant, en sueur. Partager sa vie revenait à subir un supplice, puisqu’il était un homme bousillé, meurtri par son passé et effrayé à l’idée de refaire une telle expérience qu’était l’amour et la famille. Il se braquerait rapidement au premier pas trop rapide. Il devait aller lentement. Et malgré cela, Sithmaith réussissait à tout bouleverser. Il voulait aller rapidement, l’avoir pour lui, éternellement. Des pensées qu’il aurait toujours refusé d’avoir, autrefois. Mais aujourd’hui… tout semblait si différent…

Andcover se retrouva rapidement devant l’habitation de Sithmaith. Plusieurs bruits de farfouille semblaient parvenir de l’intérieur. Plongeant ses mains dans les poches de son pantalon, il fixa ses souliers sombres et bien cirés. Des souliers noirs, ses souliers classes de Politicien. Un sourire sur les lèvres, le Politicien s’autorisa à émettre un bruit, pour signaler sa présence. Lorsqu’une jeune femme sortit de son habitat en tornade rouge, arme en main, il n’eut même le temps d’avoir un mouvement de recul, ses yeux accrochèrent sa silhouette délicieuse. Sa robe rouge était sublime, et elle était tout autant accoutrée de cette façon. Dieu… se pouvait-il qu’une femme soit si belle. Estomaqué, sa beauté lui coupa le souffle, et il en perdit la parole. Silencieux, il la dévorait du regard, oubliant complètement à qui il avait affaire. Elle pouvait fuir et se braquer autant qu’elle voulait, il s’en foutait. À ce moment, elle était la femme la plus sublime qu’il n’avait jamais pu admirer. Rien au monde le délogerait de cette vue qu’elle lui offrait généreusement. Même pas une crise d’hystérie. Et c’est pour la même raison qu’il ne pu retenir le compliment plus longtemps de franchir ses lèvres, ignorant complètement ses excuses futiles et inutiles.

« Tu es d’une beauté incroyable… »

Son visage afficha un air presque profond, et son regard en fit tout autant. Son regard s’arrêta rapidement dans celui de la jeune femme, lui adressant toute la sincérité possible qui existait dans ce regard. Toute son admiration, son attirance, sa confusion passaient dans son regard. Il se mettait à nu devant elle, pour lui offrir en cadeau de faire le premier pas, lui, l’homme blessé qu’il était. Il s’ouvrait à elle comme il n’avait jamais osé le faire, ni avec une femme, ni avec un homme. Elle était une femme si différente des autres. Unique, incroyable. Certes, une femme blessée, mais à ses yeux, ce n’était qu’un détail dont il s’occupait déjà d’y remédier. Leur entrevue intense aux Falaises lui avait donné un avantage sur le Bal. Les souvenirs de cette rencontre le rassura, mais la vue de sa cavalière lui fit chaud au cœur. La soirée ne pouvait que se passer à merveille, puisqu’il ferait tout pour la charmer d’une façon unique, calme, gentleman et diablement sensuelle. Elle ne pouvait pas se douter de ce qui l’attendait. Ce qui l’attendait était bien trop puissant et intense pour qu’elle se doute ne serait-ce qu’un petit peu des sentiments qui passeraient dans cette soirée merveilleuse. Secouant la tête pour reprendre presque vainement ses esprits, il se décida à calmer ses ardeurs, se rapprochant d’elle de quelques pas. Elle semblait rassurée à le voir. Elle avait du s’attendre à que ce soit autre chose que lui, là, à l’extérieur de son habitat. Et pourtant, ce n’était que lui. Juste l’homme qui cherchait à avoir son cœur et à hanté ses nuits. Juste cet homme là…

« Désolé de t’avoir fais peur, ce n’était pas mon intention. »

Un fin sourire grandit alors sur ses lèvres. Un sourire sincère, rassurant. Un peu faible, mais bien présent. Il reprenait un peu le contrôle de lui même. Il ne voulait pas l’effrayée avec le côté animal et primaire qu’il pouvait avoir parfois. Pour cet soirée, Léandre préférait lui montrer le côté digne, fidèle, gentleman et même fragile de l’homme qu’il était. Son côté Politicien à tête forte et son côté froid et faussement coureur de jupon était aux oubliettes. Ce soir, c’était sa soirée. Ce soir, c’était leur Soirée. Il n’avait pas le droit de la gâcher. Et c’est pour cela qu’il avait bien l’intention de se mettre à nu, aussi difficile et souffrant que ça le serait, pour l’aider à se rapprocher de lui, à avoir confiance. Pour l’aider à comprendre le fait qu’il n’était pas simplement l’homme idéal pour elle. Il était le seul homme qui l’a méritait. Deux êtres blessés et prêts à passer par dessus d’un handicap ne pouvaient qu’êtres ensemble. Mais ce n’était pas à ce quoi il pensait. Sans arrogance et vantardise, il se croyait sincèrement être le seul homme à pouvoir combler la femme merveilleuse qu’était Sithmaith. Et il comptait bien lui prouver jusqu’au bout, coûte que coûte.