Il ne faisait pas beau sur la Nouvelle Angleterre. Comme depuis plusieurs semaines, une pluie aussi épaisse que de la diarrhée directement expédiée par les sphincters d'une Susan Boyle ayant consommée trop de produits de la gamme mexicaine "Old el Paso" ou ayant abusé de BigMac. James Smith déambulait dans les couloirs du Sever Hall, il fixait les étudiants avec cet air légèrement supérieur, cet air qui voulait dire "fermez vos pauvres bouches, le patron est arrivé." car c'était bien son rôle ici, James occupait un poste semblable à Big Brother. A son échelle, bien entendu, le barbu était le directeur d'Harvard, il n'avait pas le goût aussi prononcé que les tyrans du célèbre livre d'Orwell. Notamment en matière de sexe, contrairement aux pauvres infirmes sexuels du Parti, James aimait ça, et il encourageait ses étudiants à coupler, tout en respectant le code d'Harvard qui interdisait formellement de se livrer aux pulsions animales dans les lieux publics, aucun étudiant muni d'un sexe et dont la libido se comparait aux moteurs d'une machine de chez BMW ne tenait la règle, mais tant qu'on ne le prenait pas en flagrant délit de remplissage, on ne pouvait rien dire...

Le shérif Smith, nom très conventionnel pour sa profession -qui à la base n'était pas celle d'un shérif- n'aimait pas tellement l'idée de rester figé dans son bureau, à remplir des milliers de papiers pour faire plaisir au conseil d'Administration, aux avocats du conseil consultatif ou pour faire plaisir aux anciens doyens, tous députés et sénateurs. Il préférait le terrain, côtoyer les étudiants, en apprendre plus sur eux, c'était important. Pas seulement pour faire comme si la vie du petit geek qui tenait son livre de mathématiques était intéressante, mais surtout pour tisser un réseau imparable de listes, d'informations sur chacun. Digne d'un service de renseignements, les dossiers des élèves portaient tous une mention en raison de la condition de l'élève : bizuté compulsif, populaire, détesté, baiseur... Des centaines et des centaines d'adjectifs. C'était dans un but totalement professionnel, celui d'assurer la bonne conduite des étudiants qu'il se poussait chaque matinée à noter les comportements suspects. Harvard était le royaume de la diversité et de l'uniformité, tous les étudiants du campus avaient un but : réussir leurs études, bien que certains s'en fichaient, pour certains, le but était simplement de s'envoyer le plus de filles dans les toilettes. Le doyen avait étudié à Oxford, en Angleterre, il fut diplômé de littérature, ses études furent brillantes, car l'homme était un véritable passionné, ne faisant pourtant aucun travail personnel, il s'en sortait toutjours, n'allant jamais plus loin que deuxième de sa classe, la place de premier étant souvent occupée par ses soins.

James n'était pas un enseignant de vocation, à l'époque, il rêvait de devenir avocat, mais il ne trouva pas grand nombre de cabinets prêt à accueillir un homme comme lui. Il était trop peu conventionnel, ses idées trop butées, son air prétentieux, ses mots parfois très violents et son goût maladif pour les femmes. Car James n'était pas le stéréotype de l'avocat, à vraiment dire, ce n'est le stéréotype d'aucun profil, cet homme, pourtant très renfermé sur lui même jusqu'à la fin du lycée était rapidement devenu un coureur de jupons, enchainant les femmes, en mettant plusieurs enceintes, il ne voulut jamais de relations sérieuses jusqu'à une certaine Spencer, mais son côté infidèle le rappela à la "raison", il la trompa à plusieurs occasions, ça se solda par un divorce. C'est le Pape qui allait être content, le Pape était toujours content, sauf quand le petit Momo ne pouvait pas venir pour une séance privée...

C'était quinze ans avant aujourd'hui qu'il avait trouvé un poste de professeur de littérature anglaise, connaissant le sujet comme sa poche (ou comme les fesses de Martha Goebbels) il postula. Immédiatement, les étudiants étaient choqués d'avoir un professeur comme cela, mais beaucoup appréciaient, et il devint l'étoile montante du campus. Aussi, lorsque le bon vieux Summers, alors atteint d'un cancer de l'estomac prit sa retraite, il y a huit ans, ce fut James qui était pressenti pour lui succéder. Il épousa le rôle de doyen. Il chercha une nouvelle approche du métier, la discipline, il n'aimait pas cela, mais il apprit à l'aimer.

James passa devant un groupe d'étudiants, il se souvenait du premier élève qu'il avait reçu dans son bureau : Mark Zuckerberg. En effet, James avait eu à faire au jeune futur milliardaire pour une histoire de site déplaisant, des grognasses avaient poussé des cris de révoltes lorsque le fondateur de facebook avait décidé de les comparer les unes aux autres. Honteux disaient-elles, brillant répondait le jeune doyen. C'était cette chose, cet appel pour la dégénérescence qu'aimait le doyen, la folie... Ce grain qui faisait des génies ce qu'ils seraient pour le restant de leurs vies, des incompris, pourtant si intriguant et idolâtrés.