Ma vie est un poisson d’avril…
En toute franchise je ne sais pas vraiment par où commencer. Tant de chose à dire, tant d’autre dont je ne devrais guère parlé. Et pourtant assis dans cette salle d’attente je vais bien devoir le faire. C’est étrange comme dés qu’il vous arrive quelques choses de mal, de douloureux, de meurtrier on vous oblige à aller voir ce qu’on appelle un spécialiste ? Un spécialiste de quoi dite moi ? Il dit toujours la même chose aux mêmes personnes. Trouve des solutions pour les autres. Mais chez lui il est là son verre de Ricard à la main, devant sa foutu cheminé, les yeux fermés et il rêve de disparaitre loin, si loin qu’il ne sait même pas où il tombera. D’avoir le courage comme certain de ses patients, de se mettre une balle dans la tête. Et pourtant même si il est lâche, c’est le courage qu’il ne trouve pas. D’ailleurs je me demande bien comment moi j’ai fait pour réussir à l’obtenir celui là. Comment j’ai fait pour réussir à tenir tous ce temps. J’ai à peine vingt trois ans et je suis déjà blasé de tout. Un masque restant éternellement sur mon visage, cachant tous mes blessures, les plus infimes possibles même. Je fais semblant de sourire, d’être ce genre de gars intouchable qui n’a peur de rien, qui n’aura jamais mal. Je fais en sorte d’être un dieu et parfois même un père pour celui qui est toute ma vie. Mon Kimin. Pour lui je serai tout, je ferai tout. Je ferai bien plus qu’offrir ma vie. Qu’offrir mon âme. Je serai le Diable.

« Assis à quatre pattes avec Joachim j’avais la main plongé dans l’immense baignoire, tenant un bateau qui nous servait de sous marin. Des bruitages sortant de nos bouches, on se faisait une bataille navale en réelle. L’eau éclaboussé un peu partout, mouillant nos visages, nos habillent, et surtout le tapis de la salle de bain. Si maman voyait ça, elle allait nous tuer. Papa lui était parti depuis plus d’un mois déjà sur les eaux. Un capitaine, un marin, il était notre modèle. Tout comme le prince charmant de maman. Aucun de nous ne s’inquiétait énormément de ne pas recevoir de coups de files tous les jours. On y était habitué. Il faisait son métier, réalisé son rêve pourquoi l’en empêcher. Au contraire moi et mon frère nous imaginons déjà casquette sur la tête, main levé et près é l’abordage comme on aimait hurler lors de ses journées passé accroupi à jouer au petit marin. Sauf qu’aujourd’hui était différent de hier, et que demain il n’y aurait plus rien. La sonnerie de la porte d'entré retentit, bizarrement cela faisait la deuxième fois en une heure. Quelques bribes de voix me parvinrent aux oreilles, jusqu’à ce bruit sourd qui retentit dans la salle à manger. Je me précipitais vers celle ci ordonnant à mon Kimin de rester là. Mes pas ce stoppèrent aussitôt face à ma mère à moitié effondré sur le sol. Et du haut de mes sept ans je m’approchais d’elle, m’abaissant à son niveau, et je la pris dans mes bras. Mon frère arriva quelques secondes ensuite. Notre étreinte devenu celle d’une famille en deuil. »

« Kimin est là. Les yeux grands ouverts posaient dans les miens sans sentiment, sans émotion. Aucune larme ne s’échappait de mes paupières, comme ci je ne ressentais rien, comme ci je ne vivais pas, peut être plus. Maman elle avait les yeux clos, allongés dans ce lit. Le lit de la mort. Le lit qui fit tout basculer, le lit qui nous rendit orphelin. Agés de dix ans on était presque mort. Un père disparu depuis déjà trois ans en mer, une mère partie dans l’au-delà. Attaqué par cette maladie qui nous l’avait prit, avait gâché les trois dernières années de sa vie auprès de nous. Et pourtant comme ci le tout puissant s’acharner ils nous restaient encore une personne à perdre, Nathanaëlle. Notre marraine, notre taty, la sœur de notre maman. […] Même effondré, détruite. Durant tout le reste de notre adolescence elle resta à nos côtés, payant chaque mois le loyer de notre maison d’enfance pour nous la réserver plus tard. Elle nous éleva tels ses enfants. Et nous l’aimons telle une deuxième maman. […] Enfin vient le jour de nos seize ans. Assis entrain de déjeuner, la tête dans le bol de céréale, je les relevai voyant une délicate main poser des clefs face à moi, et face à Joachim. J’interrogeais Naëlle’ du regard, un sourire aimant se dessinant sur ses traits et elle lâcha ses quelques mots. « Désormais vous êtes adultes, il est temps de retrouver la maison de votre vie. N’oubliez pas de m’appeler et de m’inviter surtout ». Elle, nous fit un petit clin d’œil, alla ouvrir la porte en grand, un signe de la tête nous montrant la liberté. »

« Je me sentais mal, seul. J’étais loin de Kimin, et je n’aimais guère ça. En réalité je ne savais pas trop quoi faire sans lui. Moi resté en Espagne, lui au Brésil, je me demande c’était quoi cette idée débile que j’avais eu, franchement. J’étais heureux d’être majeur, on s’était chiche un mois l’un sans l’autre. Comme des gros imbéciles on avait dit oui. Et personnellement ca me stressait pas mal en faite. Je venais juste de sortir de boite, cette sale trainé laissé dans les chiottes. Elles étaient tous pitoyable ces filles. Un regard, deux, trois paroles et hop dans la poche on pouvait faire ce qu’on voulait d’elle et n’importe où. Encore une fois, comme un gros enfoiré et sachant très bien qu’elle avait remarqué les billets qui sortait de mon jeans, je lui avais lâché dix billets avant de rire comme un enfoiré et de me casser au dehors. L’air était étouffante à l’intérieure. Puis c’était d’avantage meilleur quand j’étais accompagné de Joachim là on pouvait se lâcher totalement sur toutes ses petites trainés. Malheureusement ce soir j’avais complètement zappé qu’autour de la boite il y avait Pablo et son bouledogue de pote Cristiano. Et je venais de m’enfiler deux, trois lignes. Seul, shooté j’avais aucune chance. Evidemment comme à l’habituelle, je ne montrais aucune de mes faiblesses et quand ils s’avancèrent tous les deux vers moi un sourire en coin dessina mon visage. J’eus un léger rire, quand j’en voyais un lever la main, l’attrapant au passage avant de le gifler. Mais l’autre frappa par derrière comme toujours. Etrangement je ne ressentis rien, je fis volte face. Retrouvant Cristiano au sol, sans même y penser plus longtemps je me jetais sur Pablo, ne ratant aucun de mes coups sur sa sale gueule. Une fois il avait osé sans prendre à mon Kimin, il en paya ses gestes. Quelques minutes ensuite je me redressais laissant le corps au sol, essuyant une goutte de sang qui s’échapper de ma lèvre ouverte. Immédiatement je me retrouvais face à un autre gars. Un sourcil interrogateur sur ses traits. »

« Depuis ce soir en Espagne chacune de mes vacances, loin de mon frère, je les passais au Portugal dans la maison squatte de Riguel. Dés le soir où il était venu m’aider sans même me connaître, un lien s’était construit entre nous. Derrière nos sourires, nos éclats de joie on pouvait voir la souffrance de l’autre, même deviner la passé de l’autre. On ne parlait jamais de celui là et pourtant on comprenait la douleur, la tristesse de ce qu’il avait pu vivre. Il était devenu plus qu’un frère pour moi, parfois il devenait comme une figure paternelle. Me giflant au premier pas de travers. Jamais je ne lui avais tenu tête, je savais me mettre à ma place face à lui. C’est d’ailleurs grâce à lui, qu’aujourd’hui j’arrivais jongler entre le devoir de frère et parfois de père que je dois tenir avec Joachim. Depuis un ou deux mois j’avais fait la connaissance de son frère jumeau à lui aussi, Paolo. Qui n’était autre que le correspondant de mon propre frère. Immédiatement on passait pas mal de journée ensemble, à faire les cons et pourrir les gens. Sauf qu’une fois encore, le noir engendra la douceur du blanc. Il y a de ça moins d’une semaine le Portugais était venu me voir. M’avait fait promettre certaine chose. Une en particulière. Et désormais je me retrouve entouré de ses proches, de leurs proches, avec le manque qu’ils ne seront plus jamais près de nous. »

« Je crains, que leur histoire devienne la notre. »

Secouant ma tête de gauche à droite, je jetais un coup d’œil autour de moi. La secrétaire étant plongée dans sa lecture, je me levai partant aussitôt. Et voilà la plus longue blague du seigneur.