New York. Une belle ville, n'est-ce pas ? Joanie Lilibeth Lennox est née dans cette ville. Elle est la dernière d'une famille qui avait déjà deux enfants, un frère et une soeur, des faux jumeaux. Elle a grandit dans la banlieue, là où la majorité des américains préfère vivre, dans une maison relativement spacieuse, avec des parents qui étaient le stéréotype parfait des belles familles unies et soudées.


Joanie est une fille ambitieuse, peut-être trop parfois, au caractère bien trempé, mais absolument pas insolente. Ce n'est pas une fille qui cherche à se faire remarquer, ni même une fille provocatrice, mais simplement quelqu'un de franc et qui ne mâche pas ses mots. Ce caractère là lui a valu bien des problèmes ; notamment sa dernière relation amoureuse, mais également sa première. Vous savez, ce premier amour naïf, ce premier amour pour qui vous pensez pouvoir vous dévouer corps et âme, ce garçon pour lequel vous croyez être capable d'affronter n'importe quoi, n'importe qui. Pourtant, Joanie est loin d'être dupe et naïve, elle ne croit pas en l'amour éternel, en ces histoires à l'eau de rose ; mais elle s'est découvert ses premiers sentiments amoureux à l'égard de son ami d'enfance. Un contexte banal, un ami duquel on est très proche et dont, soudainement, la perception change du jour au lendemain, et c'est ainsi qu'elle s'est engagée avec Calvin à l'aube de ses 15 ans. L'aube des années les plus sombres jusque là. L'aube de tous ses problèmes. Cette relation était une sorte d'agonie pour Joanie, qui entre temps montrait des comportements boulimiques, et malgré toute la volonté qu'elle avait pour faire fonctionner ce soi disant couple, Calvin n'en avait que faire et ces problèmes de santé commençaient sévèrement à lui taper sur les nerfs. Pendant deux ans, leur relation a traîné, parce que Joanie était trop faible pour y renoncer, et que Calvin... peut-être qu'il n'était pas complètement indifférent, sans doute, mais c'était quelqu'un de trop compliqué pour savoir ce qu'il voulait, et tantôt il semblait épris de la demoiselle, tantôt il ne souhaitait que sa disparition.

« Dégage ! Qu'est-ce que tu saisis pas putain, j'en ai marre de tes conneries, de tes problèmes, t'es pas censée m'apporter encore plus de problèmes tu sais ? » dit Calvin.
C'était la dernière soirée qu'ils passèrent ensemble, une soirée déchirée de larmes, de sarcasme, de cris, de fierté.
« T'es pas foutu de me dire que tu m'aimes plus et de ne pas revenir, tu joues à celui qui blessera le plus l'autre, et tu me plaques dans tes élans de fierté, quand ton ego a trop gonflé, et tu rampes à mes pieds le lendemain pour me susurrer tes mots mielleux, répliqua-t-elle, en prenant le ton le plus sûr possible.
- Tu me dégoûtes Joanie...
- Je t'ai aimé. »
Ce sont les derniers mots qu'elle a dit, et lorsqu'elle a franchi la porte, elle l'aimait encore, évidemment. S'il fallait décrire ces deux là, on citerait Kansas : « You're a rich man, but a poor man (...) On the Borderline, you're standing on the borderline, you're waiting for the place and time, and living beetween. On the borderline, you're standing on the borderline, it's gotta be your world or mine, so which way will you lean ? » Elle a choisi la sienne, une fuite qu'elle masque avec fierté et arrogance. Il lui faudra encore du temps pour s'en remettre, et elle a cependant préféré la débauche pendant quelques temps avant de se remettre en question. Mais aujourd'hui, Calvin n'est qu'un mauvais souvenir de son adolescence ; et le mal-être et la boulimie de cette période-ci s'effacent avec le temps également.

**

Enfin, Joanie n'est pas une âme torturée qui a subit les mille misère, dont le corps se retrouve en lambeaux après avoir lutté toute sa vie. Joanie a certes désormais quelques problèmes pour accorder sa confiance, s'est forgée une sorte de carapace tout autour pour qu'on ne pénètre pas dans ses esprits les plus pitoyables, mais elle rejette encore une fraîcheur. Son sourire a gardé sa candeur, et c'est avec sourire qu'elle rencontre Austin, un jour. Il avait l'air perdu dans les couloirs de l'université, et avec son air perplexe, ses petites moues, son charme, Joanie s'est élancée à sa rencontre sans vraiment y réfléchir. Et de fil en aiguille, des liens se sont tissés, Austin est d'abord devenu un bon ami, un ami de confiance, et maintenant... Elle ne peut pas nier qu'elle ne ressent rien de plus pour lui. Mais Joannie, c'est une incarnation de l'incertitude, et elle ne sait absolument pas qu'elle attend d'Austin, ce qu'elle ose espérer de lui ; elle ignore même si c'est vraiment de l'amour. A vrai dire, cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas entendu aussi bien avec quelqu'un, par peur de devoir ramasser les miettes par la suite, mais la question ne s'était pas posée avec lui. Alors maintenant, elle se demande si ses sentiments sont bien concrets, ou si ce n'est qu'une gamine qui manque d'affection et qui rejette tout le manque sur le premier garçon avec qui elle sympathise. Puis lors d'une soirée, tout à fait habituelle entre eux deux, dans un bar, partageant quelques bières, Austin lui raconte finalement en quelques phrases la raison de sa venue, et lorsqu'il a évoqué son frère et cette fameuse Dolce... Dolce, Dolce, Joanie ne pouvait même pas la qualifier d'ex-petite amie, ou une de ces étiquettes-ci, parce qu'elle voyait bien cette lueur qui brillait dans les rétines d'Austin lorsqu'il parlait d'elle. Cela ne devait sans doute pas être volontaire, après tout le mal qu'elle a pu le faire.. mais ça prouve également à quel point il l'a aimée, à quel point il l'aime encore. Elle s'est débattue pour échapper aux bras d'Austin qui tentaient de la retenir, pour échapper à sa voix caressante qui lui demandait ce qui se passait ; et elle s'est isolée. Pour faire le point, pour réfléchir.
Puis elle a appris qu'il avait décidé de retourner à Cambridge ; et au terme d'une longue réflexion Joanie quitte New York et décide d'aller le retrouver. C'est la première fois qu'elle quitte sa ville natale pour aller s'installer ailleurs, et selon elle, ça en vaut largement la peine. Austin en vaut la peine. Mais est-ce que ce sera le cas ?