Assise dans ce couloir, aux couleurs froides, et peu accueillantes, Je soupire regardant ma montre. Quatorze heure dix-huit. J’ai rendez-vous avec mon psychologue, premier rendez-vous en passant, c’est fou parce que Je viens ici pour parler de moi, de ma vie alors qu’au fond Je déteste cela, c’est tellement pitoyable d’être là devant un inconnu, raconter votre vie, vos déboires, Je suis certaine d’ailleurs qu’il n’en a strictement rien à faire, qu’il claquera ce foutu fric que je vais devoir lui donner sans se soucier de ce que je ressens au fond mais passons, c’est ma professeur de théâtre qui a suggéré l’idée car selon elle, J’ai cette névrose des sentiments, cette incapacité à me montrer réellement sous mon vrai jour, balivernes oui ! Oui, vous l’aurez deviné je suis étudiante en théâtre à la faculté, être une actrice, voilà mon rêve, un rêve maudit sûrement mais Je me donne les moyens et Je compte bien y arriver…Je tapote nerveusement du pied, tortillant une mèche de ma chevelure blonde autour de mon index, alors que la porte du bureau s’ouvre, un homme, la cinquantaine, me sourit légèrement avant de m’inviter à rentrer. Je me lève, saisissant rapidement mon sac, entrant et prenant place dans un fauteuil en cuir alors que le médecin vient s’asseoir devant moi. Ajustant ses lunettes, Il jette un regard à ce qui semble être mon dossier avant de me regarder à nouveau.
« Mademoiselle Keaton. Je suis le docteur Spencer…Et Je crois que nous avons apparemment certaines choses à nous dire. Je voudrais pour débuter la séance que vous me parliez de votre enfance…».
Je le regarde arquant légèrement un sourcil. Il commence fort, mon visage se ferme, Je croise et décroise mes Jambes, Je n’ai de cesse de gesticuler sur ma chaise comme une petite puce, incapable de tenir sur place, l’homme me regarde, sans rien dire, aucune expressions ne peut se lire sur son visage, Je tousse légèrement avant de prendre la parole.
« Mon enfance ? Pitoyable, répugnante, insignifiante. Vous voulez que Je vous parle de ce père, celui qui n’a eu comme seul reflexe de se barrer à ma naissance ne pouvant assumer le fait d’avoir eu une fille ? Ce père qui revient une fois tous les ans pour savoir comment Je vais ? Ou alors Je peux aussi vous parler de ma mère. Cette pauvre femme qui après la fuite de mon père s’est réfugié dans l’alcool et le sexe. Elle ne savait pas comment gagner sa vie et apparemment écumer les trottoirs et se faire prendre par n’importe quel homme plus répugnant que le précédent était un métier… C’est drôle non ? Ou peut-être pas. Je peux aussi vous dire la façon dont Je cachais ma véritable vie à mes amies, quand elle voulait venir chez moi et que Je savais qu’on risquerait de trouver ma mère ivre morte sur le canapé, alors devant elles, devant mes professeurs, mon père était un homme d’affaires très occupé et ma mère elle travaillait dans l’humanitaire, c’était tellement plus parfait. Difficile de parler de perfection après tout quand on voit ce que mon enfance et mon adolescence ont été. ».
Je le regarde, ne baissant pas le regard, alors que son regard un peu décontenancé finit par se rabattre sur mon dossier. Un soupire émane de ma bouche, Je tapote nerveusement du pied, ne regrettant aucune de mes paroles, Il voulait que je lui parle, Je le fais, c’est à présent à ses risques et périls.
« Bien, Je vois que votre enfance révèle donc ces troubles dont votre professeur me parlait. Pourquoi n’arrivez-vous pas à parler de cela avec du recul mademoiselle Keaton… ».
Je le regarde, parlez de moi, J’ai toujours détesté cela mais Je crois que Je n’ai pas le choix, inspirant légèrement, Je reprends la parole, Jouant machinalement avec mon bracelet à mon poignet gauche.
« Pourquoi ? Pourriez vous prendre du recul vous après avoir vu votre mère se détruire sous vos yeux, parce qu’au fond elle avait perdu l’unique amour de sa vie ? Pourriez-vous relativiser si votre mère s’était tirée une balle en pleine tête dans le salon de cet appartement miteux me laissant comme unique message, un Je suis désolée sur un bout de papier ? Vous savez ce que c’est de rentrer dans votre salon et de découvrir votre mère, morte à terre, la cervelle explosée ? ». Je me lève sans crier gardes, ma voix a pris de l’ampleur sans même que Je ne m’en rende compte. J’ébouriffe légèrement mes cheveux, un peu gênée de me livrer ainsi finalement mais c’est le but non ? Je tousse un peu, alors que l’homme se lève et m’apporte gentiment un verre d’eau, Je le remercie d’un signe de la tête, apportant le verre contre mes lèvres, et me délectant de cette boisson qui humidifie à présent ma gorge sèche par mes confidences
« Je ne relativiserais Jamais sur ce point là, et Je crois que c’est normal, Cet homme mon père a détruit ma mère et m’a détruit par la même occasion. Je le déteste, et si Je pouvais, Je le tuerais de mes propres mains. ». Je dis cela naturellement comme si Je ne ressentais rien, comme si mon cœur était totalement mort en parlant de cet homme que Je maudis de toutes mes forces. Le médecin me regarde, grattant légèrement le haut de sa tête, Je le fixe, n’ayant qu’une envie, quitter cette pièce avec mon acceptation pour rentrer dans cette université, mais non, Je dois rester ici, sourire et faire semblant de vouloir sincèrement parler de moi.
« Chapitre Deux. »
« Cette figure paternelle qui au final ne vous a jamais servi d’exemple, vous a-t-elle empêché d’avoir des relations normales avec les hommes ? Ou est-ce l’épisode sûrement douloureux de cet avortement l’année de vos dix-sept ans qui vous empêche de concevoir une relation avec un homme ? ».
Je sens mon cœur se serrer à cette question, une blessure oui, une immense blessure, une blessure du cœur et Je crois que c’est encore pire. Je le regarde avant de fixer le sol durant de longues minutes silencieuses repensant à tout çà.
« Ô souviens toi seulement. »
C’était l’année de mes dix-sept ans. Cela faisait un an que ma mère s’était donné la mort, un an que ma vie n’avait plus vraiment de sens. Je vivais près de Cambridge à présent dans une famille d’accueil, une famille beaucoup plus aisée que toutes les personnes que J’avais pu fréquenter Jusqu’à maintenant. Ma mère de substitution avait l’habitude comme chaque année selon ses propres dires d’organiser un gala de charité en faveur d’une association humanitaire, pour laquelle son fils Samuel avait travaillé durant un an. J’avais sorti ma plus belle robe, bien que Je déteste me pomponner de la sorte, ressemblant à toutes ces filles bourgeoises qui méprisaient les autres. Judith, ma seconde maman comme Je disais était fière de me présenter à ses amis, ne cessait de me parler d’un garçon. Luke O’donnel. Je le connaissais, mais très peu. Nous nous étions vu à quelques reprises, car ses parents étaient amis avec mes parents adoptifs, et lors de quelques soirées, J’avais ou le côtoyer sans pour autant m’intéresser à lui. Je n’avais pas contredis Judith, n’osant pas vraiment m’opposer à ses choix, ayant peur qu’elle me renvoi de là où Je venais, dans la crasse et la misère. J’avais fini par m’accouder au bar, attendant ce fameux Luke, sirotant une vodka pour faire passer le temps. Je regardais autour de moi quand Je sentis une main se poser sur mon épaule, sursautant, Je m’étais retourné et il était là, Luke, avec son regard bleu Crystal dans lequel, Je me perdis rapidement. Souriant en coin, il dégagea une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.
« Bonsoir Liberty…t’es vraiment magnifique…. ». Je souriais encore plus à cette remarque baissant légèrement le regard, intimidée et gênée par ce compliment, passant timidement une main dans mes cheveux, je me contentai de répondre d’un simple merci…On passa la soirée tous les deux, assis sur la terrasse de la grande salle de réception, il faisait froid ce soir-là et pourtant J’avais l’impression de tout oublier avec Luke. On parlait de tout, de rien, de mes projets d’avenir, des siens, de son petit frère Adriel.
A la fin de cette soirée, on s’échangea nos numéros se promettant de se rappeler au plus vite et ce moment ne tarda pas à arriver, on se vit plusieurs fois, au cinéma, chez moi, chez lui, on se baladait souvent ensemble, il venait même me chercher à mes cours de théâtre, notre relation ressemblait à s’y méprendre à celle d’un couple pourtant nous n’avions jamais mis un réel mot sur ce qui nous unissait. Et un soir, on était chez lui, Je me rappelle de ce moment, J’étais enfin prête à lui dire que mes sentiments avait dépassé le stade d’une simple amitié. J’étais assise sur son lit, et Je le regardais alors qu’il s’approchait de moi.
« J’ai envie de toi Liberty… ». Surprise, Je ne savais pas quoi dire, Je me contentai de me laisser faire, alors que ses lèvres s’approchaient des miennes, un baiser fougueux et tendre à la fois, mes mains remontant dans ses cheveux, mon corps collait au sien, il ne voulait former qu’un avec moi et Je voulais la même chose, basculant sur moi, il caressa mon corps avec ses mains expertes qui m’offraient des sensations inexplicables. Et c’était ainsi que nous avions partagé notre premier moment, à bout de souffle, après avoir ressenti des choses que Je n’avais jamais connues auparavant. Allongée contre lui, mon doigt glissant sur son torse, Je le regardais en souriant largement, maintenant sûre que lui aussi ressentait des choses pour moi.
« Je dois te parler Luke… ». Je lui avais dis cette phrase timidement alors que ce dernier se leva en me regardant.
« Ecoute Liberty tu ferais mieux de rentrer Je crois. T’es gentille et tout ce qui va avec mais tu ne croyais quand même pas que çà signifiait vraiment quelque chose ? ». Je le regardais presque choquée par ce qu’il me disait, comment pouvait –il se montrer si froid, si égoïste après ce que nous venions de vivre.
« Tu m’as donné du plaisir, et Je crois que t’es pas venu pour rien non plus mais çà s’arrête là, t’es qu’une fille de passage dans ma vie, alors t’attaches pas s’il te plait… ». Mes larmes perlaient au creux des yeux alors que Je me rhabillais rapidement, le cœur prêt à exploser.
Sans même répondre à ces paroles qui m’avaient meurtrie sur place, Je me pressais vers la sortie alors que Je sentis quelqu’un saisir mon bras.
« Hey, Liberty…mais qu’est ce qu’il se passe… ». Je me retournai les yeux amplis de larmes et remarqua la présence du petit frère de Luke. Je n’arrivais plus à parler, ma voix totalement brisée par les sanglots
. « Je…hum…Je dois partir… ». Desserrant son étreinte, J’avais couru vers la sortie et Adriel, s’était empressé de me rejoindre pour finalement me raccompagner Jusqu’à ma demeure, durant tout le trajet, Aucun mots n’étaient sorti de ma bouche, Je ne savais plus que toi dire, quoi penser.
Je pensais terminer cette soirée seule, mais Adriel ne voulait pas me laisser ainsi, dans cet état, J’avais accepté sans grande conviction qu’il reste avec moi. Je me souviens, il tentait par tous les moyens de me faire sourire prétextant qu’il adorait voir ce sourire en coin sur mon visage. Et en une fraction de seconde tout bascula. Assise sur le mon lit, les yeux embués de larmes, Je le regardais, il ressemblait à Luke, le même regard dans lequel on pouvait facilement se perdre, il s’approcha de moi, glissant son index le long de ma joue stoppant le chemin d’une larme qui ne demandait qu’à couler. Je le regardais perdu, et troublée à la fois, alors que ses lèvres ne tardaient pas à s’approcher dangereusement des miennes. Je ne me refusai pas à lui, Je n’en avais pas la force, Je scellai mes lèvres avec les siennes dans un baiser tendre, tendresse dont J’avais éperdument besoin. Je stoppai ce baiser après quelques secondes dans un souffle court…
« Adriel… ». Il me regarda, comme troublé, comme peu sûre de la suite des événements, Je ne disais rien de plus, me contentant de le regarder.
« Chut…laisse-moi être celui qui te faut pour ce soir au moins…. ». Je ne savais que faire, écouter ma raison ou laisser parler ma tristesse et accepter sa requête. C’était le frère de l’homme qui venait de me briser, et au fond, Je trouvais ça bien trop étrange, mais Je ne pu me résoudre à lui dire non, me collant à lui, Je lui fis comprendre qu’il était le seul que Je voulais ce soir, ma bouche glissant dans sa nuque, ses mains remontant dans mon dos. J’avais décidé de m’offrir à lui et il avait à la hauteur du moment, une douceur sans nom, il avait su m’offrir ce que son frère N’avait Jamais réussi à avoir à mon égard…
Deux semaines étaient passées à présent, voilà deux semaines que Luke m’a laissé tomber comme la pire des moins que rien, deux semaines que je ne pense qu’à ça. Et comme si cela ne suffisait pas, Je suis prise de nausées terribles. Ma meilleure amie a eu la bonne idée de penser que Je suis enceinte, quelle blague. Enfin…si J’y réfléchis pas si drôle que çà…on ne s’est pas protégé avec Adriel, et oui stupidité quand tu nous tiens. Mais c’est impossible, Je ne peux pas, Je ne dois pas être enceinte, la situation est déjà bien assez compliqué comme çà, il me semble qu’en rajouter ne serait pas l’idéal.
Je dois faire ce test, de toute façon mes nausées sont de plus en plus fort sans parler de ma fatigue depuis quelques jours, mais seule Je n’y arriverais pas, ma meilleure amie arrive rapidement chez moi avec un test que Je lui ai demandé d’acheter, ma famille. Je la regarde totalement perdue, les larmes montant presque jusqu’à mes prunelles bleues. Je finis par me rendre dans la salle de bain et faire ce maudit test, n’ayant qu’une peur au creux du ventre, qu’il se relève positif. Une attente de deux minutes suit, et Je crois que ce sont les deux plus longues minutes de toute ma vie. Je regarde ma meilleure amie qui me rejoint rapidement, serrant sa main contre la mienne.
« Quoique ce test affiche, Je serais là tu le sais… ». Oui, Je le sais, mais si ce test est positif, Je crois que Je suis dans une belle merde. Je soupire légèrement, passant machinalement une main dans mes cheveux, faisant les cent pas dans ma salle de bain, alors que ma meilleure amie finit par m’informer que les deux minutes sont passées. Fébrile Je prends le test en main, et le couperet temps. Positif. Je suis enceinte, belle et bien enceinte. Mes larmes coulent, Je suis perdue, Je me recule contre le mur glissant au sol, balançant le test à travers la pièce alors que ma meilleure amie se précipite à ma hauteur pour me prendre dans ses bras. Je me laisse aller, Je ne sais plus quoi faire, ce bébé…Je suis bien trop Jeune et sans parler de la possible réaction de Adriel.
C’est aujourd’hui que Je dois annoncer la nouvelle à Adriel, Je ne peux pas lui cacher cela, et même si Je sais d’avance ce que Je ferais au final, Je dois lui en parler, Je dois lui dire. Il m’a proposé qu’on se voit dans un parc de la ville, Je ne sais pas si c’est le meilleur endroit pour parler de cela mais y’en a-t-il vraiment un bon ? Je soupire marchant sans grande conviction vers le lieu dit. En arrivant, Je le remarque, il est déjà là, ce visage si doux qui avait su me faire chavirer une nuit et voilà le résultat…Il remarque ma présence et me sourit largement, Je baisse le regard m’avançant vers lui alors qu’il dépose un tendre baiser au creux de mes lèvres. Je le fixe sans broncher, statique, mon corps parcouru d’un léger frisson.
« Adriel…Je dois te parler…. ». il me fixe un peu surpris du ton glacial que J’emploi, il me fait signe de s’asseoir à ses côtés, Je m’emmitoufle un peu plus dans ma grosse écharpe de laine, le regardant. Le ciel est gris et sombre et Je sens qu’il ne tardera pas à pleuvoir. Il pose une main sur les miennes comme pour me donner du courage. Je plonge alors mon regard dans le sien, soufflant un grand coup
. « Adriel…Je…hum…enfin comment dire…Hum…Je suis enceinte…de toi… ». Je baisse le regard sentant l’étreinte de ses mains sur les miennes se desserrer, il se lève alors d’un bon, passant ses deux mains dans sa nuque, Je le regarde sans vraiment oser réellement l’affronter.
« Enceinte ?! Liberty…Je…tu dois avorter…Je n’ai que dix-sept ans, quel avenir crois-tu offrir à cet enfant ? ». Non mais attendez Je rêve là ! Je me lève, en colère de sa remarque avant de me placer devant lui, sentant quelques gouttes tomber sur ma chevelure blonde. Je sens mon cœur s’accélérer, se serrer, J’ai envie de partir tant cette situation me fait mal.
« Je t’ai rien demandé Adriel, t’en fais pas, de toute façon, Je vais avorter tu vois tout sera tellement plus simple. Si Je suis venue ici c’est que j’estimais que çà te concerner un tout petit peu… ». Je le pointe du doigt en colère avant de reculer, la pluie commence à tomber inondant mes cheveux et le creux de ma nuque, Je ne bouge pas, Je le regarde dans les yeux, les gouttes de pluie se mélangeant à mes larmes. Larmes de quoi ? Je ne saurais le dire, Je ressens cette boule au creux de mon ventre, totalement inexplicable, Je savais bien que Je ne garderais pas ce bébé et pourtant…
« Liberty… ». Il souffle mon prénom, Je ne dis rien, Je baisse le regard avant de m’approcher de lui, effleurant sa Joue doucement.
« C’est le moment où la princesse doit tirer sa révérence non ? ». Quelle métaphore stupide ! Je n’ai rien d’une princesse, la princesse de la connerie tout au plus. Je l’embrasse une dernière fois sur la Joue, avant de traverser ce parc sans me soucier de la pluie qui tombe à flots….
« Avec le temps va tout s'en va. »
Je suis devant la clinique. Je viens de sortir, Je viens de me faire avorter, Je viens d’ôter la vie à ce petit être qui ne demandait qu’à vivre, qu’à grandir en moi. Je ne l’ai pas dis à Adriel, Je ne voulais pas qu’il le sache, Je me suis refusé à l’impliquer dans toute cette histoire, de toute manière, Je crois qu’il ne pouvait être plus clair l’autre jour dans le parc. C’est fou cette sensation qui m’envahit, cette sensation qui me détruit à petit feu. Je marche vers chez moi, n’ayant même la force d’attendre qu’un taxi ne passe. Je suis totalement perdue à tel point que Je ne remarque pas tout de suite cette présence derrière moi, un mouvement vif me saisit le bras, Je me retourne et aperçoit le visage de Adriel. Perdue, les larmes aux yeux Je le fixe, comment a-t-il su ? que fait-il là ? Je le regarde silencieusement ne trouvant que dire.
« Tu… Tu ne peux pas faire ça. Je ne veux pas. Je crois que je suis prêt, enfin, je ne sais pas, mais … Tu ne peux pas faire ça. ».J’en reviens pas, comment peut-il venir ici et me dire çà maintenant alors que çà fait deux longues semaines qu’il le sait, deux longues semaines que Je ne pense qu’à çà, aux paroles qu’il a eu envers moi, envers ce petit être ce fameux jour. La colère gronde en moi et ma main vient se coller contre sa joue claquant à toute allure, les larmes coulant un peu plus. Je peine à articuler quelques mots.
« Tu arrives trop tard. Laisse-moi maintenant. » . Le message est clair, évidemment qu’il arrive trop tard ce n’est pas maintenant que J’ai besoin de lui, Je ne sais pas si J’aurais été prête çà vivre cette grossesse, mais au fond Je me disais que si on était deux et que nos sentiments étaient sincères tout cela pourrait marcher, mais à présent, Je peine à savoir de quels sentiments exacts Je parle…Je secoue la tête à bout de force, voulant reprendre ma marche alors qu’il me regarde bégayant quelques mots, Je le fixe.
« Tu … Je … je suis là, pour toi, maintenant. ». Je soupire fortement passant une main dans ma nuque, retenant ma colère, mes larmes, Je le regarde totalement perdue. !
« Je n’ai pas besoin de toi. Je n’ai pas besoin d’un lâche dans ton genre ». Je commence à tourner les talons, l’entendre dire cela, voir cette peine dans ses yeux me foudroie le cœur, Je soupire avant de me retourner en le pointant du doigt, détaillant son visage de toute part. mes mains se posent contre son torse, Je tente de le pousser en vain, laissant ma colère éclater.
« Laisse-moi ! Vas-t-en, dégages ! Je ne veux plus te voir ! Et tu sais pourquoi, tu le sais ! Parce que en te regardant je vois ce qu’il aurait pu devenir si tu ne m’avais pas rejeté comme tu l’as fait. » Je le fixe avec un regard mêlant tristesse et colère. A bout de souffle, de force, ma voix s’apaise, lassée de toute cette souffrance, lassée de tout ce qui se passe.
« Tu n’aurais pas fait un bon père. » Au fond Je ne le sais pas qui sait, il aurait peut-être un bon Papa, peut-être que tout aurait pu être différent entre nous. Mon regard se relève vers lui.
« Et tu sais ce qui est le pire la dedans…c’est que ce fameux soir, tu m’avais montré que t’étais différent, des autres, de ceux qui m’ont fait souffrir, mais là, à te regarder, à entendre des excuses totalement écœurantes, Je me rends compte que t’es encore pire qu’eux. Je ne savais pas que le passage de l’amour à la haine était aussi rapide, mais merci à toi tu m’auras au moins appris quelque chose… ». A demi-mots, Je lui avoue que J’avais des sentiments, mais c’est trop tard, les larmes coulant Je m’éloigne, les cheveux balayaient par le vent qui souffle, Je ne me retourne plus, J’avance, oubliant ce que Je viens de vivre et Lui, Adriel par la même occasion…
« Mademoiselle Keaton, vous m’entendez ? Mademoiselle Keaton… ».
La voix du médecin me sort de mes pensées, repenser à tout cela est encore difficile, cette histoire m’a marqué à Jamais. Je déteste les hommes, en tout cas Je me refuse à construire une relation avec eux. De toute façon ils finiront par partir et me laisser. Je regarde alors le médecin qui semble légèrement perdu.
« Mon avortement ? C’est du passé. Vous pensez sérieusement qu’à dix-sept ans J’ai voulu m’enticher d’un stupide bébé ? Laissez-moi rire ! Et pour votre question, J’aime les hommes, le soir dans mon lit, quand Je fais d’eux ce que Je veux et que Je leurs dis au revoir dans un claquement de doigt… ».Je le regarde en souriant en coin, alors que l’homme semble choqué presque. Il se lève avant de marcher vers la fenêtre de son bureau, sans rien dire. Il regarde la pluie battante contre la fenêtre quant à moi, Je jubile d’avoir réussi à le faire taire. Ce que Je dis au fond n’est aps totalement vrai. Il y a cet homme, Carlton, Un étudiant de la faculté. Une alchimie nous lie, un effet de dingue voilà ce que ce mec à sur moi. Le genre d’effet qui fait que quand Je le vois J’ai qu’une envie, lui sauter dessus, sentir sa peau contre la mienne, ses doigts glisser sur cette dernière, sentir son souffle s’emparer de ma nuque. Il couche avec d’autres filles, Je le sais, il ne se gêne pas pour le faire tout comme moi, Je me gêne pas pour voir ailleurs. Mais Je ressens cette Jalousie, ce besoin de possession. Je ne supporte pas de voir une de ces catins, l’approcher de trop près, l’embrasser, prendre ma place en quelques sortes. Pourtant, Je serais incapable de dire ce que Je ressens, une jalousie mal placé, un égo touché de plein fouet, ou des sentiments, des vrais, Je penche sûrement pour les trois en quelques sortes, sauf que Je n’oserais Jamais l’avouer, Les hommes m’ont fait souffrir, les hommes sont lâchent et pourtant à croire que je ne peux pas avancer. Je ne sais pas du tout où tout cela me mènera mais Je suis accrochée à lui et Je ne veux pas m’en défaire au fond.
Lasse de ce silence, Je me lève, remettant mon blouson en cuir le regardant.
« Bien, Je vois que Je vous ai fais perdre votre langue c’est bien dommage. On se revoit la semaine prochaine, même Jour, même heure… ». Je souris en coin avant de partir claquant la porte du bureau…Quand Je disais que Je détestais les psycologues…