Il y a ceux qui naissent avec une cuillère d'argent dans la bouche, ceux qui côtoient la chance chaque jour et ceux, à qui la vie sourit jours après jours. Et puis, il y a les autres. Ceux qui comptent leur sous à la fin du mois parce qu'ils ont peur de ne pas avoir assez pour payer toutes leurs factures, ceux qui malheureusement sont habités par la malchance et ceux, pour qui la vie est un rude combat qu'ils doivent menés chaque journée qui s'annonce. Elle n'avait rien demander à personne et pourtant, le destin semblait en avoir après elle. Sa vie ? Un champ de bataille. Digne de Verdun, Tassafaronga ou bien encore, d'Alcántara.

Cátia est née un certain douze mars de l'année mille neuf cent quatre vint onze, dans le quartier du Bronx de New York. D'ordinaire, la venue d'un enfant est un événement joyeux voir heureux dans une famille mais pas dans celle de la jeune fille. Non, car très peu de temps après, sa mère américano-brésilienne quitta son portugais de père pour infidélité. Et pour cause, celui ci la trompait avec sa soi-disante meilleure amie. Ce dernier quitta alors les États Unis pour retourner vers sa terre natale et elle grandit donc, sans père. Les premières années de son enfance furent à la fois difficile et tranquille. Sa mère n'était qu'une simple serveuse et c'était difficile à chaque fin de mois, de joindre les deux bouts. Encore heureux qu'elle n'avait pas un loyer à payer en plus. Elle vivait chez la grand mère maternelle de Cátia. Cependant, son enfance fut aimante, au plus haut point.

Un peu avant sa douzième année, un cancer du foie fut détecté chez sa pauvre mère. Bien trop tard, par malchance. Celui ci la foudroya en l'espace de peu de temps, en quelque mois à peine. Tout juste âgée de douze ans et voilà Cátia presque orpheline, et contrainte de rejoindre son père au Portugal, qui entre temps s'était remarié. Elle arriva dans ce foyer inconnu, dans cette famille qu'elle ne connaissait pas, complétement déboussolé mais avec l'intime conviction que peut être, son père allait la prendre sous son aile. Faux espoirs ma belle, tu ne sais vraiment pas ce qu'il t'attends. A peine arrivée, la voilà traitée comme une moins que rien. Un terrible calvaire s'annonçait pour la belle. Humiliations, vacheries et encore, je vous épargne, fut le lot quotidien de la jeune fille. Sans cesse remise plus bas que terre, n'ayant pas la force d'aller contre cette injustice, Cátia se replia sur elle même jusqu'à en devenir limite invisible. Et puis un jour, un miracle se porta sur son chemin. Alors qu'elle subissait une énième humiliation de la part de son père sur le parking d'un supermarché, à propos de courses ou corvées qu'elle avait encore mal faite d'après lui, quelqu'un prit sa défense, vola à son secours. Cette personne n'était autre que Riguel. Après l'avoir arraché des griffes de son père, il l'emmena dans un petit café. Ils y passèrent toute leur journée, à parler de tout et de rien, à se raconter leurs vies respectives. A la fin de celle ci, Cátia prit la décision de fuir ce foyer qui ne voulait pas d'elle et de rejoindre le Bronx, de retourner chez sa grand mère. Et évidemment, elle le prit avec elle.

S'en suit des jours, des mois merveilleux au près de Riguel. Quelque temps de répit, où enfin elle put goûter à la vraie vie, à une vie bien plus heureuse que ce qu'elle n'aurait imaginé. Il était un peu plus vieux qu'elle. Et alors ? L'amour n'a pas d'âge non. Pourtant, ils n'étaient pas ce que l'on appelle un couple commun non. Ça allait au delà de ça. Un amour bien plus fort, bien plus passionnel. Avec leurs caractères communs, ils faisaient des étincelles parfois. Leurs disputes étaient parfois violentes mais ce n'était rien à côté de l'amour qui les animaient. Seulement le bonheur n'est jamais éternel, Cátia aurait du le comprendre après toutes ces années. Alors que tout était parfait, un terrible événement vint bouleverser le cours des choses. Sa grand mère s'était éteinte et, elle n'avais plus la force de se relever, s'était avouée vaincue et décida de quitter le Bronx, Riguel pour le Portugal. Elle n'eut même pas le courage de le lui dire en face, elle le quitta lâchement par un simple appel. Pourtant, elle savait très bien qu'elle était en train de faire une belle connerie et qu'elle allait le regretter mais, trop tard, la décision était déjà prise.

Au Portugal sa vie redevint un enfer. Enfer contre lequel, elle n'osa même plus lutter. Il n'eut aucun jour sans lequel elle ne pensa pas à son Riguel, qu'elle avait laissé tout seul. Elle se détesta au début pour avoir fais ce choix, prit sur elle même puis accepta enfin son triste destin. Jusqu'à qu'elle puisse entrer à l'université. Elle avait choisi celle d'Harvard parce qu'elle savait qu'il y serait. Cátia retourna donc aux Etats Unis, plus précisément à Cambridge. En se jurant qu'elle ne remettrait plus jamais les pieds chez son père et qu'elle récupérerait par tout les moyens possibles et inimaginables, l'homme qu'elle avait toujours aimé.