J'étais à Boston depuis quelques mois maintenant. Cela faisait presque six années que j'avais quitté mes parents et la maison familiale pour prendre mon propre envol. M'enfuir. Durant ces six dernières années, j'avais voyagé au gré de mes envies. Toutes les plus belles capitales s'étaient enchaînées. Et c'est à Boston que j'étais tombé sur elle. Sa blondeur et son regard m'avaient naturellement interpellé près d'un bar. Elle avait ce quelque chose, ce truc en plus qu'aucune autre n'avait eu sur moi jusqu'à alors. Je devais trouver une méthode. Une méthode pour l'approcher. Pour l'accrocher et pour qu'elle se souvienne de moi, qu'elle me remarque. « Excuse moi, je suis étudiant en photographie et j'ai VRAIMENT besoin d'un modèle pour quelques photos, si ça te dérange pas.. » Elle s'était retournée vers moi, instantanément. Choquée, elle leva un sourcil et soupira bruyamment avant de rompre le silence « Si justement, ça me dérange tu vois, le coup du modèle photo pour ensuite coucher avec j'le connais alors trouve toi quelqu'un d'autre. » Bingo. Elle venait de marquer un point. N'attendant même pas ma réponse, elle tourna les talons et s'éloigna. Les gars comme moi, elle les fuyait. Elle les craignait. Mais à peine s'était-elle enfuie que mon visage devait lui revenir en mémoire. C'était ainsi. Indéniablement. Mon visage. Mon air torturé et mon petit sourire mesquin. Elle s'arrêta au détour d'une ruelle et s'installa sur un petit banc, se croquant légèrement la lèvre avant de souffler. Ce n'est que là, relevant la tête, qu'elle remarqua de nouveau ma présence. Ouai, je l'avais suivi. Elle se releva rapidement et prit des petites rues pour me tester. Elle tournait à droite, je tournais à droite. Elle marchait, je marchais. Après une poignée de minutes à la suivre, elle se stoppa, l'air blasé « Quoi qu'est ce qu'il y a ? Tu m'suis ou quoi ? T'es pas bien sérieux, lâche moi. » Je ne répondais rien et m'approchais d'elle. Lentement, ma main glissa dans son dos. Elle ne bougea pas. Son regard me criait de partir, de la laisser. Mais elle restait là, ancrée dans mon regard. Je l'observais, un sourire mesquin étirant mes lèvres jusqu'à ce qu'elle se croque de nouveau la lèvre, m'embrassant aussitôt d'une manière des plus sauvage. Elle avait craqué la première. Elle avait fait la faute. Elle continuais le baiser, passant ses doigts fins dans ma nuque alors que mes mains, elles, glissaient d'avantage contre sa chute de reins. Nos lèvres se décollèrent. Elle souffla, levant son regard dans le mien. Sans un mot, je me décollais d'elle et partais d'une marche rapide. Elle était restée sur place, choquée de me voir partir si soudainement. Elle ne me courra pas après mais je savais. Je savais qu'elle reviendrait. Je l'avais accroché ainsi, au travers un simple baiser volé.