« Reprenons du début mademoiselle Wayne, parlez-moi de votre vie ». Daisy se tenait assise au milieu d'un grand canapé. Elle avait l'impression d'être l'actrice d'un de ses films où le personnage est devenu complètement fou au point de devoir rendre visite à son psy une fois par semaine. Son visage n'exprimait rien, elle s'était perdu dans la contemplation des nombreux diplômes qui habillaient le mur. « Mademoiselle Wayne ». Cette dernière baissa la tête pour regarder l'interlocutrice. « Pouvez-vous me parler de votre enfance ? ». La blonde acquiesça dans un soupir après avoir jeté un furtif coup d'oeil à sa montre avant de commencer. « Je suis née le 21 décembre 1989 à Berlin dans une famille plutôt aisée. Mon père était un homme d'affaires intransigeant et strict. Ma mère quant à elle était plus douce, elle n'était qu'une simple couturière. Je suis l'ainée de la famille, j'ai une soeur au nom d'Elena et un frère au nom d'Ezra. Je ne peux pas dire que j'ai manqué de quoi que ce soit dans mon enfance, mes parents étaient présents et nous étions, avec mon frère et ma soeur, tous au même niveau. Il n'y a pas eu d'enfant gâté. » La demoiselle s'arrêta sur ses quelques mots, comme si elle ne voyait pas l'intérêt d'en voir plus. La psychologue décida alors de reprendre, « Et pour ce qui est de l'éducation ? » - « Mon éducation n'a jamais été un problème pour personne. Je n'étais pas une enfant difficile. Et je suis toujours une personne assez calme. Seulement, j'avais beaucoup de mal à me concentrer en classe... j'avais de bon résultat sans pour autant être passionné par ce que je faisais. Je crois que je n'ai jamais vraiment aimé l'école jusqu'à ce que je touche à l'art. » - « Et qu'est-ce que l'art vous apportes mademoiselle Wayne ? » - « Une grande liberté d'expression et de rêverie ». Daisy venait d'esquisser un sourire, chose que la jeune femme n'avait pas faite depuis bien longtemps. La psychologue griffonna sur son calepin quelques mots par si, par là. La blonde avait toujours l'impression de parler dans le vide, que cette femme ne l'écoutait pas vraiment. Après s'être arrêté, la femme reprit la parole avec une nouvelle question, « Parlez-moi maintenant de votre adolescence. » - « C'est à ce moment où j'ai changé... J'ai commencé à devenir un peu plus turbulente. J'étais déjà extrêmement naïve et on pouvait faire ce que l'on voulait de moi, ça n'a pas manqué. J'avais des mauvaises fréquentations et on me faisait faire tout un tas de choses que je n'aurais pu faire sous l'influence de quelqu'un. Je me suis souvent rendu à des rendez-vous de dealer pour rendre service. Je me suis faite arrêté un jour et c'était surement ce qui m'est arrivé de mieux... Mon père a étouffé l'affaire et nous avons déménagé à New York par ma faute. » - « Mais les choses ne semblent pas s'être arrangé à New York si l'ont en croix votre casier judiciaire... il y a eu des affaires de drogue et de vol aussi ». Daisy sentait ses joues rougir de honte, elle n'avait plus envie d'en parler, même si la jeune femme savait qu'au final cela lui ferait un bien fou. Elle releva le regard vers la psychologue qui attendait patiemment que la jolie blonde dise enfin quelque chose. « Que s'est-il passé cette nuit-là ? » - « Ils ont... totalement perdu le contrôle de la situation. » La jeune femme laissa un soupir s'échapper doucement avant de reprendre. « Il a fallu s'enfuir et on est tous monté à bord de la même voiture. Je ne savais pas qu'elle avait été volé, j'étais à l'arrière contre la vitre droite et je pleurais tellement j'avais peur. Je n'étais qu'un pion, ils avaient besoin de quelqu'un et je suis arrivée aux mauvais endroits au mauvais moment. Je n'avais rien à faire là, j'étais perdu et … et on m'avait complètement manipulé de A à Z. » La femme écrivait toujours sur son foutu calepin, elle devait surement ce dire que la blonde était un cas désespéré, n'ayant aucun caractère et qui avait laissé les choses se faire sans même s'en rendre compte. « Il est écrit dans le dossier de cette affaire que vous avez réussie à vous enfuir de la voiture, mais vous avez passé plusieurs jours à l'hôpital alors qu'il ne semble vous être rien arrivé... » - « Mon père est un homme d'affaires intransigeant et strict, il a étouffé l'affaire pour son image et pour ne pas salir son nom de famille. » Daisy n'avait pas besoin d'en dire plus. Il y avait dans sa voix de la haine, mais elle ne pouvait pas en vouloir à son paternel après tout ce qu'elle avait pu faire. La psychologue se racla la gorge et changea de sujet. « 8 ans ont passé depuis cette affaire, pouvez-vous me parler de votre situation actuelle ? » - « J'y pense encore parfois, mais les choses ont changé. J'ai changé. Je ne suis plus la même et je me suis endurcie, je ne fais pas confiance aisément. J'ai ouvert dernièrement une petite galerie d'art qui accueille des jeunes artistes, à côté de ça, je m'adonne à ma passion pour la photographie ici, à Cambridge et ça me fait beaucoup de bien ». La psychologue referma son bloc note dans un vif mouvement. « Il est l'heure, nous en avons fini pour aujourd'hui. » Sur ses mots, Daisy ne se fit pas prier et quitta les lieux sans plus attendre.