Los Angeles, la cité des Anges. Deuxième plus grande ville des Etats-Unis d'Amérique. Ville de rêve, ville des excès, ville parfaite. Pourtant, loin des clichés, Lyzea vit le jour un matin d'Août, le seize août mille neuf-cent quatre-vingt-neuf. Ses premières années se déroulèrent naturellement dans un des quartiers les plus en vogues de la ville. Un quartier plein de souvenirs, des souvenirs d'enfance, les siens. « On dit que le temps guérit les blessures. Je ne suis pas d'accord. Les blessures restent. Avec le temps, l'esprit, pour se préserver, les recouvre de cicatrices, et la douleur diminue, mais elles ne partent jamais. » Il y a cette chose qui vient après l’enfance que l’on appelle l’adolescence, où ceux qui sorte de l’innocence et l’insouciance prennent conscience de la réalité des choses. Pour elle, c'était le cas, elle avait bien vite comprit que ses parents ne pourraient pas subvenir à toutes ses envies. C'est ce qu'on dit. A peine vingt-ans plus tard, comme tous les lundis, Lyzea avait eu rendez-vous chez le conseiller d'orientation qui lui servait, également, de psychologue. D'un père militaire de carrière et d'une mère hôtesse de l'air, elle n'avait plus que de lointains souvenirs des moments passés en leurs compagnies. Ces derniers, présents lors de ses premières années de vie se firent plus absents avec le temps. Seule, elle fût confiée à sa tante maternelle. Mère de substitution, confidente et à la fois nourrice, celle-ci fût la seule femme présente pour épauler Lyzea. « Lyzea, il est peut-être temps de parler » lança la conseillère, son regard braqué sur sa feuille de papier alors qu'elle s'occupait à prendre des notes. D'abord indifférente, l'étudiante déposa une feuille sur la surface de bois, la glissant jusqu'à la feuille de papier en lâchant un lourd soupire. Gênée, blessée. Elle avait fermé les yeux un instant, avait respiré lentement puis, ses lèvres s'étaient ouvertes « Je m'appelle Lyzea Meadow Standford. Je suis née le 16 Août 1989 à Los Angeles. Ma mère est hôtesse de l'air, mon père, militaire de carrière. Force est de dire qu'ils ne sont jamais là et que depuis mes dix ans, je vis chez ma tante. Elle m'a aidée, élevée, et soutenue. Chose que ma mère ne savait pas faire. Évidemment, lorsqu'elle rentrait de ses voyages, elle me serrait contre elle, me gâtait d'innombrables cadeaux mais hélas, cela ne remplaçait pas son absence » avait-elle dit sans le moindre sourire, le regard vide, fixé sur la photo qui reposait maintenant entre les doigts de la conseillère. Cette dernière, peu compréhensive enchaîna sur diverses questions et la brune, attentive, ne perdait pas une seconde pour lui répondre ; « Je suis passionnée de voyages et aimerais, dans la mesure du possible, prendre mon envol et partir d'ici. J'aimerais étudier le journalisme, à Harvard » avait-elle reprit, sûre d'elle. Elle n'avait pas encore l'âge d'entrer à l'Université et pourtant, elle s'était fixé cet objectif, entrer à Harvard afin d'y être diplômée en journalisme.

Quelques années plus tard, elle ressortait de ce même bureau avec un large sourire. Elle avait pris quelques centimètres, avait gagné de l'assurance et en maturité. Cependant, elle n'avait pas changé d'avis sur son orientation, au plus grand plaisir de ses parents et de sa tante qui l'avaient soutenu jusqu'au dernier jour. La conseillère l'enlaça une dernière fois, lui glissant un dossier sous le bras « Bon courage, Lyzea » avait-elle soufflé, laissant l'étudiante s'éloigner dans l'étroit couloir. Derrière elle, elle laissait son enfance, son adolescence. Elle laissait ses souvenirs, ses joies, ses peines. Elle laissait ses ami(e)s, ses amours aussi. Elle balayait les pages de son passé pour en écrire de nouvelles, de plus belles. Ses parents étaient au courant, sa tante également. Elle partait enfin, son dossier avait été accepté à Harvard quelques jours plutôt et elle intégrait la classe de journalisme en troisième année. Bagages rapidement bouclées, elle avait enlacé une dernière fois ses proches, leurs promettant de revenir aux vacances. Un calin, une bise, un sourire et elle tournait les talons en empoignant les valises dans lesquelles elle avait regroupés ses affaires personnelles. Vêtements, bibelots, photos. Elle avait ainsi réunit vingt-deux années de vie dans deux vulgaires sacoches de cuir. Elle souriait, fière de son parcours et embarquait, respirant une dernière fois l'air de la ville, de sa ville. Une nouvelle vie, une nouvelle école. Au revoir LA, au revoir les souvenirs. Bonjour Cambridge, me voilà.