Toute vie commence par la naissance. Je suis née dans une chambre privée de Mount Sinai Hospital à New York. Mes parents étaient si heureux de ma venue, pour la simple et bonne raison que les médecins ne croyaient pas que le couple pourrait avoir des enfants. Ma mère, Judy, a fait de nombreuses fausses couches, avant que je fasse mon arrivée. Vous ne serez pas surpris, si je vous dis que je suis enfant unique. Mes parents ne voulaient pas prendre la chance de perdre un autre enfant, alors ils ont arrêté à un, moi. Je m'appelle officiellement Elizabeth Faye Mary Silvia Rockefeller. Un très long nom, mais vous ne l'entendrez jamais au complet, même à l'école. Même moi, je ne me reconnais pas quand on m'appelle ainsi. Je réponds davantage au nom de Lila Faye Rockefeller. Les seules personnes qui m'appellent Elizabeth sont mes parents quand ils sont en colère.

Le nom de famille Rockefeller vous dit quelque chose. C'est tout à fait normale. Le Rockefeller Center, le Groupe Rockefeller et l'université Rockefeller à Manhattan. Je suis la descendante d'une des familles les plus célèbres des États-Unis. Quand on vient d'une famille aussi importante, on apprend très tôt les manières à respecter. Mon père a toujours tenu à ce que je sois la petite fille parfaite. Ma mère a souvent voulu que je fasse des activités pour découvrir mes passions, mais je n'avais pas le temps pour cela. Déjà à trois ans, j'avais un horaire prédéfini à suivre chaque jour de la semaine. Jamais une minute de libre pour se reposer ou pour rien faire. À 3 ans, ce sont les premiers souvenirs dont on se souvient encore aujourd'hui. Moi, du plus loin que je me souviennes, j'ai toujours eu des horaires et des cédules à respecter. Aucun écart de conduite n'était possible, car j'étais le seul enfant de mes parents.

Avec les années, je n'ai pas eu plus de libertés. De plus, à part les enfants des amis de la famille, je ne voyais pas d'autres enfants. École à maison jusqu'à 11 ans, je voyageais partout aux États-Unis et dans le monde. Je ne peux pas me plaindre d'avoir voyagé, car j'ai eu une passion pour les voyages, j'adore voir les nouvelles cultures et en apprendre. J'ai vu l'Australie, la Chine, l'Angleterre, la France, etc. J'ai même vécu dans les grandes villes des États-Unis, New York, Washington, Atlanta, Chicago, Los Angeles, etc. Ce sont des souvenirs inoubliables, que j'ai beaucoup aimé.

Avec les années par contre, quand tu es privée de toute liberté, tu aimes le défi et essayer de nouvelles expériences. J'étais au secondaire, quand j'ai commencé à sortir en douce de chez moi, pour voir mes amis, comme j'avais le droit de les voir que le jour. Je ne faisais plus école à la maison, mais j'avais toujours autant d'activités qui ne me plaisaient pas. J'ai fait quelques crises. L'adolescence, tout le monde est passé par là, un jour ou l'autre. Je suis même sortie avec de fausses cartes quand j'avais 14 ans. Mon père est venu me chercher au poste de police. J'ai été grondée, mais cela en avait fallu la peine. De plus, j'ai commencé à m'intéresser aux garçons, eux que je n'avais pas remarqué quelques années auparavant, là je faisais tout pour me faire remarquer. Les plus beaux vêtements, le maquillage, etc. J'ai eu quelques copains, avec qui ce n'était pas très sérieux, c'était que se tenir la main et des baisers sur la joue. Ce fut avant que je rencontre mon premier vrai amour. Je venais d'avoir 15 ans. Tout était nouveau pour moi, il était populaire, mais un peu bad boy. Je le trouvais craquant et en plus, il était plus vieux que moi. Je sortais avec lui depuis quelques mois, quand je suis tombée enceinte. J'ai paniqué. Je ne savais pas quoi faire, j'avais que 15 ans. Quand je lui ai annoncé, il ne m'a pas réconforté, il m'a quitté et a répandu des rumeurs, comme quoi il n'était pas le père. Moi je savais très bien qu'il était le seul père possible. Mon groupe d'amis arrêta de me parler, croyant les rumeurs à mon sujet. Mes parents ne furent pas plus compréhensifs. Ma mère pleura et mon père, je me souviendrais toujours ce qu'il m'a dit. « Je te donne une heure pour ramasser tes affaires et partir. JE NE VEUX PLUS TE VOIR. »

J'ai fait mes bagages et je suis partie. J'ai pleuré ma vie, j'ai pleuré des jours et des jours. J'ai dû quitter de ville à cause des rumeurs et tout. Je suis retournée à New York, où ma grand-mère m'aida à me trouver un appartement sans que mes parents soient au courant. J'avais décidé de le garder, car je ne me voyais pas le donner en adoption. Je me suis donc mise à travailler pendant que j'étais enceinte, en continuant à aller à l'école de soir. Après cela, ma vie c'est compliqué davantage avec l'arrivée du petit Jordan Avery Rockefeller dans ma vie, mais je ne regrette pas une seconde de l'avoir gardé. Ces sourires rendent ma vie plus joyeuse. Je devais combiner le travail de maman, mon travail pour payer les factures et les études. Des fois, j'ai voulu arrêter l'école, car j'étais tellement épuisée le soir et je n'avais plus d'énergie pour étudier. J'ai continué et j'ai persévéré. Je ne voyais plus aucun membre de ma famille, à part des coups de téléphone de ma grand-mère qui voulait savoir si je tenais bon. Sans son aide, je ne crois pas que j'aurais pu tenir le coup et endurer les jugements des personnes qui voyaient que j'étais jeune et déjà mère.

Jordan avait 2 ans et moi 18 ans, quand mon père eut un léger accident, il fut dans le coma quelques jours, mais n'eut aucune séquelle après. Par contre, cela le fit réaliser qu'il était en train de manquer les moments de ma vie et ceux de son petit-fils. J'étais hésitante à reprendre contact avec eux, je ne savais pas ce qu'ils penseraient de ce que j'étais devenue, mais ma grand-mère fut là pour moi. Moi et Jordan, nous sommes allés vivre avec eux. Le petit a voyagé partout avec moi et j'ai repris mes études de façon plus sérieuse. J'ai même réussi à rentrer à UCLA, un an après mon retour sérieux aux études. Jordan est un enfant formidable et chaque jour avec lui me fait réaliser que j'ai pris la meilleure décision de ma vie en le gardant et en travaillant fort pendant 3 ans.

Par contre, il y a quelques jours, j'ai demandé mon transfert à Harvard. Toute ma famille a passé par là, mais moi, je voulais voir quelque chose de différent avec UCLA. Pourquoi j'ai changé d'avis, après 2 ans à Los Angeles? Ma famille me manque, mon grand-père commence à être malade et il est temps pour moi de me rapprocher de New York. Plusieurs années ont passé et il est tant pour moi de retourner près de ma famille. Je veux que Jordan puisse passer le plus de temps possible avec ses grands-parents et arrière-grands-parents. J'ai donc tout quitté à Los Angeles pour venir à Cambridge. J'arrive seule pour l'instant, car je veux pouvoir tout installer avant que Jordan arrive et aille à l'école. Il a commencé l'école cette année et il adore cela. Je ne veux pas qu'il fasse l'école à la maison, comme moi, car je veux qu'il apprenne davantage, ce que c'est la vie en communauté.