Emrys sortit du Martin's Coffee House d'une démarche nonchalante, son café habituel dans une main, et un journal dans l'autre. Tête baissée, il se concentra sur chaque pas qu'il faisait. La journée était ensoleillé, le jeune homme ne portait qu'un jean et un tee-shirt. Le genre de tee-shirt qui mettait en valeur ce qu'il y avait de plus beau chez la gente masculine : ses abdos. Son visage affichait un air blasé, comme si chaque geste qu'il faisait n'était que routine. Pourtant, chaque geste qu'il faisait attisait le désir des jeunes femmes, qui ne souhaitaient qu'une chose : l'avoir dans son lit. Emrys Lucas n'était sans doutes pas l'homme le plus beau de Cambridge, mais il avait un charme incroyable qui le rendait irrésistible. Même le regarder macher dans la rue comme une personne normale en devenait agréable. Ah ça oui, les femmes aimaient le genre d'homme qu'était Emrys... Elles aimaient l'air qu'il avait quand il marchait, celui qui voulait dire « rien à foutre de la vie »! Elles aimaient son sourire quand les journées étaient belles. Et plus encore, elles aimaient l'imaginer tout nu. Oui, Emrys aguichait plus d'une femme. Seulement, aucune d'entre elle n'était capable d'imaginer ne serait-ce qu'une petite seconde toute la souffrance, la peine, la tristesse que ce jeune homme séduisant avait traversé...

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La famille Lucas s'aggrandit. Emrys venait d'avoir une petite soeur, qui portait le prénom de Kloë. Elle était douce, et son visage était celui d'un ange. Ce jour là, Emrys n'était encore qu'un petit garçon de cinq ans, il lui restait beaucoup de choses à apprendre de la vie, mais il se jura d'être un grand frère exceptionnel. Il couvrait déjà sa petite soeur de baisers, sous les yeux attendris de ses parents. Tout était alors beau et parfait. Emrys n'a jamais été jaloux de l'attention qu'on portait envers la petite Kloë, même si parfois, le petit garçon était contraint d'apprendre à se débrouiller tout seul. Après tout, c'était ça grandir. Les deux enfants grandirent ensemble, et eurent une enfance relativement heureuse, avec des parents qui les aimaient sans limite. Bien sûr, comme dans toute famille, il y avait des jours avec plus de joie que d'autres, néanmoins, la famille Lucas restait soudée. C'était en quelque sorte l'exemple parfait de la petite famille heureuse! Les années passèrent, les enfants grandirent à vue d'oeil, mais le bonheur qui planait au dessus de la maison des Lucas ne disparut pas pour autant.

Depuis la naissance de la petite Kloë, onze années se sont écoulées, onze années avec des hauts, et des bas. Les enfants Lucas avaient bien grandis. Emrys était alors agée de seize ans, et Kloë onze. Jusqu'ici, les parents de ces deux merveilleux enfants n'avaient pas eu à se plaindre : ils s'entendaient assez bien, malgré les quelques chamailleries quotidiennes. Emrys aimait toujours autant sa soeur, la protéger avait toujours été sa priorité, et même avec le temps, c'était quelque chose qui n'avait pas changée. C'était SA Kloë. Personne n'avait le droit de lui faire du mal... Absolument personne. Il était comme ça Emrys, très protecteur. Ses parents lui accordèrent ainsi facilement leur confiance, ils savaient qu'ils pourraient compter sur l'aîné pour surveiller sa soeur en cas d'absence. Avoir Kloë à ses côtés avait une grande importance aux yeux d'Emrys. Peut-être parce que quand il n'était pas au meilleur de sa forme, le sourire angélique de sa soeur, et ses yeux pétillants de bonheur lui remontaient le moral. Kloë était, à ses yeux, la silhouette du bonheur. Est ce que c'était possible de voir le bonheur mourir? Une question qui pouvait paraître idiote... et pourtant...

A douze ans, Kloë tomba malade. La nouvelle était comme un choc. Un cancer des poumons? Non, pas possible. Emrys se refusa d'y croire. Il se vit tomber, se déchirer, se briser. La fillette rentra à l'hôpital à onze ans, pour ne plus en ressortir... Les soins étaient intenses, il était préférable pour elle de rester auprès des médecins, et espérer qu'un jour elle soit sur pieds. La maladie rongea sa soeur durant quatre ans. Quatre douloureuses années, durant laquelle le père d'Emrys lui fit faire des voyages un peu partout. Hawaï, Allemagne, Russie... tandis que Kloë grandissait tout en mourrant. A chaque fois que l'adolescent allait voir sa soeur, il la voyait fermer les yeux un peu plus. Puis un jour, elle les ferma complétement. Emrys avait dix-sept ans, et il venait de perdre sa soeur, sa petite protégée. Dès lors, sa vie ne serait plus la même, il le savait. Il venait de perdre un être qui lui était très cher. Un être sans lequel il ne se voyait plus... Il allait devoir, pourtant. Abandonner n'était pas son style, et il se devait de garder la tête haute, au moins pour ses parents... La tragédie planait au dessus de la famille, qui viva de nombreuses heures très sombres, endoloris par cette perte.


Alors oui, aujourd'hui, quand on voit Emrys dans la rue ou en soirée, on se dit « quel bel homme »! On ne voit pas toute la souffrance qui l'a dévoré de l'intérieur, on ne voit pas la tristesse qu'il renferme. Il faut dire qu'en un sourire, il peut vous faire croire tellement de choses...
Est-il complétement remis de cette mort? Pas vraiment non. Il a cependant rencontré des gens, qui lui font oublié petit à petit ses peines et ses chagrins. En particulier Jamie-Rose, qu'il préfère appeler « JR »... Le genre de femmes avec qui il se sent bien, et qui lui fait oublier le temps de quelques heures le fait qu'un jour, sa soeur ait été enlever par la maladie. Il l'a rencontré à l'université de Cambridge, et même s'il ne la connait pas depuis longtemps, bordel qu'est ce que c'est agréable de connaître une fille comme elle! Tous les deux, ils sourient, ils rigolent, se chamaillent... et des liens forts de créent. Emrys sent qu'il se rapproche dangereusement de la jeune femme, qui est pourtant en couple. De l'amitié? Oui... avec peut-être un brin d'amour.