Paris,Une pièce, des filles. Toutes aussi maquillées les unes que les autres. Make up, robes et talons assorties et un but. Être celle qui fera la différence. La plupart d'entre elles, sont des habituées. Habituées de quoi, me dirait-vous. Habituées des castings, voilà tout. La brune au fond, en est au quatrième de la journée. Tandis que la rousse, pas très loin de la porte, c'est le dixième de la semaine. Au milieu de toutes ces filles, qui rêvent de gloire et de paillettes, en trône une, qu'on appellera Maelle. Une jeune femme aux yeux bleus, longues boucles blondes et formes généreuses. Son regard divague par la fenêtre, elle regarde un oiseau voler tout près et se dit que si la réincarnation existait vraiment, c'est en oiseau qu'elle aimerait l'être. Non pas qu'elle croit en Dieu ou quoi que soit mais, l'oiseau est porteur d'un symbole de liberté. Et c'est tout ce qu'elle aspire à être, libre et ouverte. Ce pourquoi elle vit, jours après jours, sa liberté. Maelle est aussi une habituée des shootings, des castings. Le monde de la mode, du mannequinat n'a aucun secret pour elle. Et ce, depuis son plus jeune âge. La blonde a été un des bébés/enfants mannequins les plus en vus, à son époque. Mais la gloire est éphémère. Son statut d'enfant reine n'a pas duré. Elle fut jetée pour la première venue. Une plus jeune, plus fraîche, plus jolie. Et depuis ce temps-là, elle n'espère que ça. Retrouver ce statut, cette notoriété. Pourtant, son visage n'est pas resté inconnu. Oui, il arrive encore qu'on la reconnaisse dans la rue. Parfois même qu'on lui demande un autographe. Mais ce n'est pas suffisant. Elle en veut plus. Ce n'est pas elle qui a choisi de goûter à ce monde. Ce n'est pas sa faute. C'est celle des parents. Eux, qui avaient profité de son visage pour pouvoir renflouer leur compte en banque. Ils n'étaient pas sur la paille,au contraire ils étaient riches mais en voulaient toujours plus. Et la jeune femme, fut l'opportunité des Gauthier.
Quand elle eut l'âge, la blonde quitta Paris. Ville où elle a grandi, ville où tout a commencé, pour la Grande Pomme. Là où elle croyait que la chance lui sourira, là où elle pensait pouvoir prendre un nouveau départ. A peine âgée de quinze ans, elle s'inscrivait dans une école réputée de mannequinat de New York et laissa tout derrière elle pour poursuivre son rêve. Mais la déception ne tarda pas à arriver. L'école ne correspondait pas vraiment aux attentes de la demoiselle. L'adaptation se passa durement, elle dut se remettre en cause et prendre sur elle-même. Essayer de s'y faire puisque c'était la chance de sa vie. Elle se donnait jusqu'à sa majorité. Mais rien ne se passa. Mais malgré cela elle reparti à Paris. Pour une raison : Yanis. Ce fameux brun qui lui faisait tourner la tête. Ce brun qui se pensait au-dessus de tout, mais qui malgré tout, ne la laissait pas insensible. Maelle connait le jeune homme depuis.. toujours. Elle a grandi avec lui. École maternelle, primaire, collège.. C’était avec lui. D'aussi loin qu'elle se souvienne, la blonde a toujours eu un faible pour lui. Et de nombreux signes portaient à croire que, ça pouvait être plus ou moins réciproque. Leur premier baiser ? Elle s'en souvenait. Et de tout le reste d'ailleurs. Mais ça semblait trop niais, vraiment pas son genre. La belle connaissait la façon de penser de Yanis et vice-versa. Ils n'étaient pas ensemble mais c'était tout comme. Enfin, leur jalousie maladive et leur possessivité nous poussait à croire le contraire. Et tous deux, s'amusaient avec ça. Se faisant souffrir mutuellement. Du grand n'importe quoi. Tout ça pourquoi ? Parce qu'être en couple, c'est nul. C'est être faible, c'est ne plus avoir de liberté. C'est pire que la prison, genre. Et tout deux tenaient à leur liberté. Tellement que, ils ne se privaient pas pour voir ailleurs et ce devant l'autre. Elle était tombé plus d'une fois sur une fille, qui trainait dans le lit du brun. Et lui, l'observait lorsqu'elle flirtait avec des mecs, lorsqu'elle les hypnotisait de ses yeux bleus. Ils se tuaient à petit feu mais c'était leur façon de s'aimer. Et Mademoiselle Gauthier préférait largement avoir ça que, rien du tout.
Depuis, tellement de choses s'étaient passées. Le temps avait défilé à vive allure et pourtant, ils en étaient toujours au même point : c'est à dire, nul part. Et plus les jours avançaient, plus elle se disait que tout ceci ne rimait à rien. Pourtant, il lui était bien trop difficile de mettre un terme à tout ceci, elle ne pouvait décidément pas se passer de lui. Même si techniquement, il n'était pas à elle, c'était tout comme. Depuis son retour, leur relation stagnait et ça l'agaçait. Elle avait bien tenté de faire avancer les choses mais tout ceci c'était résolu par un somptueux échec. La blonde avait mis du temps, plus que d'habitude, à ce que Yanis veuille bien lui reparler. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle se retrouvait dans cette pièce, entourait de toutes ces filles. Enfin décidée à voir enfin l'envol que devrait prendre sa carrière de mannequin.
La blonde regardait toujours par la fenêtre et quelques mots, la tirèrent de sa rêverie.
« -Maelle Solweig Gauthier, ? »« - C’est moi. »« - C'est à vous, mademoiselle en piste. »L'intéressée se redressa de sa chaise, remettant ses longs cheveux en place. Elle jeta un coup d'œil au tour d'elle et puis, avança d'un pas assuré vers la porte qui déciderait de son avenir.
« - Tu peux réussir, courage.. » se chuchota-t-elle.
Elle avait tout gâché. Encore une fois. Toujours le même refrain, inlassable. Elle, finissant par essuyer des échecs. Et celui n'était pas des moindres. Comment allait-elle pouvoir réparer ça ? Est-ce au moins réparable ? En balançant ces quelques mots, elle n'avait pas réfléchi aux conséquences de ses actes et maintenant, elle en payé le prix. Perdant son unique amour, une amie. Comment avait-elle pu en arriver à ce point ? C'était ce qu'elle se demandé, alors que son taxi filait à toute vitesse au travers des rues de Paris. Les larmes coulant sur ses joues, la culpabilité formant une horrible boule dans sa gorge, elle se ressassait chaque minutes de la soirée qu'elle venait de foutre en l'air, en essayant de comprendre comment ça avait pu déraper ainsi. Ça ne devait pas se terminer comme ça, et pourtant. C'était du grand Maelle, vraiment. Il lui aura fallu quelques verres d'alcool pour qu'elle déclenche une bombe pareille et brise la vie de quelques personnes. Personne n'aurait jamais dû savoir et maintenant, elle allait devoir faire face. Le premier, elle ne savait même pas s’il oserait la regarder à nouveau dans les yeux. Elle venait de briser son histoire d'amour et certainement, sa plus belle histoire d'amitié. Alors ce qui était sûr, c'est qu'il n'allait pas l'accueillir à bras ouverts.
La blonde essuya rageusement ses larmes et attrapa son sac. Hors de question de rester seule ce soir. Dieu sait ce qu'elle allait faire, sinon. Après quelques minutes de recherche désespérée dans son fourre-tout, elle réussit à trouver son téléphone portable. Du bout des doigts, elle composa le numéro qu'elle connaissait par cœur et approcha son cellulaire à son oreille. Pourvu qu'il décroche, elle avait désespérément besoin de soutien et peut être même d'une bonne bouteille de whisky. Après quelques minutes, une voix se fit entendre.
« - Jolie poupée, sait tu au moins quelle heure il est ? »« - Je sais.. Je suis désolée, Mec, mais.. J'ai besoin de toi. »« - Qu'est-ce qu'il se passe, Maelle ? »« - Je.. j'ai encore tout fait foutu en l’air et fait la conne.. »Sa voix s'étrangla dans un sanglot et, quelques secondes de silence se firent le temps qu'elle reprenne ses esprits.
« - Je sais que j'abuse mais.. Est-ce que tu peux être dans une vingtaine de minutes chez moi.. S'il te plait ? »« - Bien sûr ma jolie, tout ce que tu veux. »« - Merci mec.. A tout de suite. »New York,La villa des Gauthier n'était plus aussi calme qu'habituellement. Oui car ce jour là, la fille unique de la famille, avait décidé qu'il était temps pour elle de prendre sa vie en main et de ne laisser plus personne, même pas ses parents, lui dicter ce qu'elle avait à faire et le chemin qu'elle doit suivre.
« - Ca suffit maintenant, assez ! J'en ai plus qu'assez de vous et de votre façon de vouloir me contrôler et de faire tout ce que vous souhaitez. Il est temps de vous réveiller, je ne suis pas votre putain de jouet, de gagne-pain ! C'est terminé le temps où vous pouviez faire ce que vous voulez de moi, le temps où je vous suivais tel un pantin. Je ne suis plus une gamine, je fais mes propres choix maintenant. Que vous l'acceptiez ou non, je m'en fous. C'est ma décision et je ne reviendrai pas là-dessus. Alors à présent, à vous de voir si vous avez envie de perdre votre unique enfant. Et dans le cas contraire, ça ne fera que confirmer ce que je pense de vous : que vous êtes des montres. »C'est sur ses derniers mots, que la jeune Maelle quitta le domicile familiale, valises en main. Un taxi l'attendait devant ce qu'elle ne considérait plus comme sa maison. Elle avait déjà tout prévu, la façon tout tournerait la conversation et les cris. Alors avant d'annoncer sa décision, elle avait avec soin préparer ses bagages et enfin, appeler un taxi. Prête à quitter cette ville, prête à tout quitter pour New York. Ce n'était pas un choix fait légèrement. Non, cela lui avait pris des semaines entières avant qu'elle se décide et qu'elle aille contre tout ce que ses parents avaient prévu pour elle. Et à présent, elle se sentait mieux que jamais. Elle se sentait revivre, presque libre. Jamais elle n'aurait pensé que défier ses parents de la sorte lui provoquerait de tels sentiments. Elle se sentait un tout petit peu bizarre mais quand même beaucoup mieux que ce à quoi elle s'attendait.
Avant de partir pour sa nouvelle vie, elle avait besoin de faire quelque chose. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi mais c'était vraiment nécessaire. Elle se devait de lui dire au revoir. Même si lui, s'en foutrait carrément qu'elle s'en aille à plusieurs centaines de kilomètres. A vrai dire, elle ne savait pas vraiment quoi penser. Mais même si ça ne semblait pas nécessaire, pour elle ça l'était. Et c'est donc pour ça que pas très longtemps après qu'elle soit monté dans son taxi, la jolie blonde demanda au chauffeur de s'arrêter, prétextant qu'elle avait quelque chose d'important à faire.
Alors qu'elle se trouvait devant la demeure de monsieur, elle se sentait complétement stupide. Comme le genre d'adolescente qu'elle avait toujours pris plaisir à critiquer. Le genre transi d'amour. Mais c'est ce qu'elle était, malgré elle. Elle aimait ce petit con de Yanis et même si, tout ne laissait pas porter à croire que c'était réciproque. Au fil des années, elle avait mesuré l'importance de ses sentiments, appris à vivre avec, essayer de les refouler, les laisser transparaître, essayer de les refouler, de comprendre. Et l'attitude du brun ne la laissait pas comprendre quoi que ce soit. En gros, elle était un peu paumée. Amoureuse et paumée, joli tableau. Prenant son courage à deux mains, elle sonna enfin à la porte d'entrée et attendit. Elle n'eut pas à patienter longtemps entre le moment où elle sonna et celui où il vint lui ouvrir. Mon dieu, qu'il était beau, fut sa première pensée. Oui, il l'était et il le savait, en plus. En jouant, en toutes occasions. Elle sourit, comme une gamine, en le voyant. Et s'incendia mentalement pour cet acte tout à fait puéril, puis reprit consistance.
« - Je te dérange pas, j'espère ? »
« - Euh non, du tout. »
« - D'accord. Je.. je m'en vais. »
« - Tu t'en vas ? Mais je viens te dire que.. »
« - Non, non. Je m'en vais. Je quitte Paris. Tu sais, New York, le mannequinat et le mannagement, ce genre de trucs quoi.. »
« - Ah, je vois. »
« - Ouais.. Donc, j'étais venue te dire au revoir. »
« - A bientôt alors. »
« - M'oui, ou pas.. Tu diras au revoir aux autres de ma part. »Sur ses derniers mots, la jeune fille déposa un léger baiser au coin des lèvres du brun et quitta les lieux. Retournant à son taxi. Ça avait été rapide mais ça, elle s'en était doutée. Mais au moins, c'était fait.
Quelques heures d'avion. Un véritable calvaire. Entre les gosses insupportable, les vieux qui racontent leur vie à n'importe qui et ceux qui ont peur de l'avion. Ça lui apprendra à prendre un vol en classe économique. Tout dont elle rêvait à l'instant où elle mit les pieds à New York. Seul avant le réconfort, il lui fallait aller se présenter à l'accueil de son école. Foutu système. Comme si ça changeait grand-chose qu'elle soit venue maintenant ou le lendemain. Mais les règles étaient les règles et Maelle ne voulait pas s'afficher dès son premier jour. C'est donc rêvassant de bulles de savons et d'oreillers confortables que la belle prit un énième taxi.
L'école de management était telle qu'elle se l'était représentée. Située dans un immense bâtiment d'époque. Elle était restée bien cinq minutes, à l’extérieur, à observer la bâtisse, un large sourire étiré sur ses lèvres. Après sa contemplation, elle dû éviter de se perdre dix-huit millions de fois avant de trouver l'accueil des nouvelles inscriptions. Une pauvre femme l'a fit patienter pendant plus d'un quart d'heure pour la recevoir.
Maelle dût se trouver une petite maison sympathique pourquoi pas en colocation puisque la jeune femme était désormais seul sans papa et maman. Mais la jeune blonde avait des sous sur son compte en banque et elle était assez riche, puis en plus de l’école son job de mannequin au sein d’une grande agence de NY allait lui faire gagner encore plus d’argent. Celle-ci avait décidé de rejoindre l’établissement de Cambridge !