Hello.
Je sais pas trop ce que je fous encore dans la salle informatique alors que l’université est déjà plongée dans le noir, mais bon. D’ici quelques minutes, la concierge devrait pas tarder à arriver pour m’engueuler en portugais, mais ça me laisse juste le temps d’écrire ce que je voulais te dire en vitesse avant la fin de la semaine. Tu m’as souvent demandé ce que j’ai fais pour en arriver là aujourd’hui, et je t’ai toujours dis que tu le saurais avant de clamser, alors voila… je vais tout t’expliquer au cas où t’y restes, demain après-midi.

Comme tu le sais, je viens d’Amsterdam, la ville la plus strange d’Europe et qui mérite bien d’être appelée comme ça vu la raison pour laquelle la plupart des gens y vont ; s’amuser. C’est pas vraiment le Las Vegas de l’Amérique, mais je pense qu’on peut faire certains rapprochements avec. Au fait, t’as jamais été au courant du vrai métier de notre mère avant que tu la rencontre, mais je t’assure que c’est pas une raison pour te vexer, parce qu’elle voulait surement juste pas se faire mal voir par son fils. M’man était l’un de ces mannequins vivants qu’on voit dans les vitrines à l’époque où j’étais encore gosse. Elle a enchainé pas mal de boulots qui allaient de barmaid à strip-teaseuse, mais ça lui arrivait assez souvent de coucher avec des clients en dehors de son service pour augmenter son cachet. J’aime pas le dire comme ça, mais c’est la vérité ; on est bien des fils de pute, à la base.

Depuis que je sais la vérité sur ces origines là (dont le fait que mon père biologique est un inconnu contrairement à ton cas), t’imagines bien que j’apprécie très peu qu’on utilise ces mots-là avec moi… donc voilà, maintenant tu sais pourquoi j’ai démonté la tête de certaines personnes pour « rien », si ce n’est qu’ils m’ont insulté à la légère et que ça a pas passé. Mais je veux pas que t’aie honte de ta mère, oké ? Elle a tout fait pour que je vive normalement en se sacrifiant alors qu’elle aurait juste pu avorter quand elle en avait l’occasion, et puis toi… elle a juste voulu t’éviter de souffrir en te laissant à celui qui t’a fait, je le sais. T’as bien vécus, non ? Michael est un chouette papa. Il est riche, gentil et intelligent. T’as manqué de rien comme ça, ce qui aurait pas été le cas si on était resté ensemble tous les deux. Nan frangin, ne me dis pas que tu t’en serais foutu d’avoir la même vie que moi… tu sais pas ce que c’est, et tu pourras jamais le savoir. Mais je te jure que si tu en avais un avant-goût, ta jolie maison en France te donnerait une image du paradis.

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