23 Décembre 1989

Et bien que dire de plus sur ce jours à part que je suis née. C’est supposé être le jour le plus important dans une vie et pourtant celui dont personne ne se rappelle. J’ai donc vu le jour dans un hôpital de New York dans l’après-midi du 23 décembre. Un genre de cadeau de Noël en avance pour mes parents qui attendaient là leur troisième enfants. Une fille après deux fils, disons qu’ils ont décidé après ça de s’arrêter là. C’est pourquoi je serais toute ma vie, l’unique fille de mes parents, la petite dernière et le souffre-douleur de deux grands frères : Isaak & Jacob. Mais je le vis bien vu que je ne pense pas avoir trop souffert avec eux ; disons qu’au lieu d’être la parfaite fille accomplie j’en retire un goût pour tout ce qui peut être extrême et qui touche à l’univers des garçons. Oui, c’est ça, je suis un vrai garçon manqué au grand dam de ma mère qui parvient malgré tout à me faire porter des robes lors des grandes soirées que la haute société organise en l’honneur de mon père. Mais ça reste que dans ces occasions, autrement je me fiche un peu d’avoir à faire bonne impressions.

3 septembre 2002

L’excitation était à son comble. Nous – la famille – avions quitté New York pour Albuquerque afin de changer un peu de train de vie. Papa subissait trop de pression à New York et grâce au grand don de persuasion de maman, nous quittions la grande pomme pour un endroit moins … dense. Albuquerque, ce fût un coup de foudre dès le regard. Pour moi, comme pour mes frères ; enfin nous avions une vrai maison, un vrai jardin et de quoi faire autre de nos journées que de prendre les transports. Ce jour-là ; 3 septembre, c’était celui de ma rentrée. Contrairement à Isaak et Jacob qui rencontrèrent les joies du lycés ensemble, moi je devais me débrouiller moi-même dans mon nouveau collège où l’ambiance semblait bien plus infernal qu’un simple établissement de New York. Pourquoi ? Je fus difficilement attirée par les gens. Les mentalités sont différente entre New York et Albuquerque ; ici les gens sont si soucieux de vous prouver qu’ils peuvent valoir plus que vous. Peut être que c’est dans mon égo de ne pas y faire attention, ou je sais pas. Mais les premiers jours pour me faire des amis furent difficiles. Très difficile.

5 septembre 2002

« Hello ! Moi c’est James et si tu es Kaylie, je vais devoir me présenter comme ton partenaire de chimie » La première personne à m’offrir un sourire dans cette jungle. Est-ce qu’il était drôle ou pas ? Je l’ignore mais le charme a du agir, je me faisais mon premier ami. James, mon partenaire de chimie, mon pote de lycée, mon meilleur ami, bref, un soutien sur lequel je peux aujourd’hui encore compter. Je rigolais à ses côtés et petit à petit, j’en oubliais que j’avais quitté ma ville natale pour ici où tout était différent, mieux certes mais différent. J’avais besoin de m’habituer et lui a assuré la transition. Le temps faisant nous nous sommes extrêmement rapproché, si bien que je préférais sans aucun doute sa compagnie à celle de mes frères.


28 avril 2008

Pourtant, il me fallait garder en tête que justement il n’était pas mon frère et qu’il ne le serait jamais et que donc, il pouvait être malsain pour nous d’être trop souvent ensemble. Du moins si l’on voulait garder notre amitié intacte. James ne l’a pas compris de cette façon mais j’ai préféré m’éloigner un peu de lui en arrivant au lycée. Pour qu’il redevienne l’ami qu’il avait toujours été et pas plus. Je n’étais pas prête à ce qu’il soit plus. J’ai donc vu d’autres personnes ; différentes de lui, plutôt proche de celle que je cotoyer à New York, et surtout qui ne s’entendent absolument pas avec ; c’est comme ça. « Nan mais tu comprends pas, je dois aller retrouver Jordan au terrain parce que … » Je tentais d’expliquer durant notre unique dispute. « Parce que quoi ? … parce que tu préfère être avec lui plutôt qu’avec moi ? parce que je suis plus ton ami ? dis le Kaylie, dis le que je te soule ! » Ce fut la seule fois, où je vis James énervé. « C’est pas ça alors arrête ! Tu es mon meilleur ami pas mon petit ami, n’oubli pas que c’est différent. » avais je retorqué avant de partir. Je n’avais même pas profité de ma soirée ce soir là tellement j’étais inquiète à son sujet. Est-ce que j’avais fait une erreur ? Etait ce la fin de notre amitié ? Le lendemain, je frappais chez lui à la première heure pour m’excuser. Il fit comme si de rien était et depuis, il n’y a plus d’ambiguité entre nous.

Aujourd’hui.

Je ne sais pas comment ni même pourquoi j’ai fait ça, mais j’ai tout plaqué pour partir à Cambridge. J’en avais assez de New York, depuis que j’y étais revenu pour le début de mes études, je n’y avais pas retrouvé l’ambiance d’antan qui m’avait manqué à Albuquerque. Albuquerque me manquait même et pas seulement Albuquerque. James. Il est difficile de se confier, de parler ou même de rire au téléphone ou par mail. Du moins moi ;ça ne me convient pas. James me manquait et à vrai dire, ce fut plutôt désagréable comme sensation, comme si il me manquait une part de moi. C’est ça quand on aime ? Quand on aime plus que l’on aime son meilleur ami ? Papa a ris de ma spontanéité lorsque j’ai voulu changé d’Université, il me repétait sans cesse qu’on ne changeait pas comme ça mais dès qu’il eut accepté de mettre la main au porte monnaie, j’avais changé. Je reprenais mon cursus de journalisme là où est James. Il me reste plus qu’à lui annoncer je crois que pour la première fois, je vais ré-entendre parler de notre dispute d’il y’a 5 ans.