Code ok Dolce

S'animait en cette après-midi de juin les pelouses rarement desertées du parc. Egayées par les couleurs vives des ballons qui volaient et se perdaient dans les parterres de fleurs, une peuplade d'enfants pas plus hauts que trois pommes exaspéraient, inquiétaient même, leur mère et nourrices excédées. Ces dernières, fatiguées de les entendre poursser des cris, rendaient les armes et s'abandonnaient sur les bancs qui bordaient les chemins de gravillons, tout en gardant malgré elles ce regard tendre et protecteur sur leur progéniture. Des après-midi comme celui-ci n'était pas rare à cette époque de l'année. Et c'est surement pour cette ambiance que Mrs O'Dwyer avait décidé de sortir ses deux jeunes enfants. Une atmosphère qui allait amuser ces derniers autant que la reposer elle. Un véritable rituel qu'elle reproduisait une fois par semaine, et ce, depuis l'arrivée des beaux jours.

A peine l'emplacement choisi , que ses enfants la quittent et courent à toutes jambes vers le toboggan principal. Elle esquisse un sourire, en voyant leur course effrenée pour être le premier à profiter de l'attraction et en profite pour s'installer. Elle étale une nappe sur l'herbe, s'asseoit puis plonge la main dans son livre à la recherche de son livre de chevet : une nouvelle policière de Ruth Rendell. A peine eut-elle retrouvée la page où elle s'était arrêtée que le visage de Keara lui apparaît, le visage baigné par les larmes et le nez coulant.

« - Maaaaman! Cal m'a poussé et je suis tombéee ... »

Elle fronce les sourcils d'un air qu'elle veut autoritaire et sort un mouchoir pour essuyer le visage de sa fille. Elle se tourne enfin vers le petit garçon qui s'approche d'elle, le visage renfrogné .

« -Calixte Judicael O'Dwyer, je t'ai dis 100 fois de ne pas pousser ta petite soeur ! »

« -Han! C'est même pas vrai! Elle a glissé toute seule , c'est une menteuse ! »

« -C'est toi le menteur ! Maaaamannn, Cal il vient de me traîter de menteuse. »

« - Ca suffit vous deux . Vous arrêtez ça tout de suite ou vous rentrez à la maison immédiatement »

Regard appeuré des deux enfants, qui tournent simultanément les talons et s'éloignent. Calixste observe sa petite soeur d'un air furtir, visiblement, la belle refuse de lui adresser la parole.

« -Keara, arrête de bouder ... C'est pas moi, je te dis, t'as trébuché sur ton lacet ... Regarde ... » De son petit doigt, le jeune garçon lui indique l'un des lacets défaits de sa chaussure. Mais Keara demeure muette : d'abord parce qu'elle n'est pas décidée à reconnaître ses torts et ensuite parce que du haut de ses 3 ans et demi , la petite fille est incapable de faire ses lacets seule. Son grand frère alors s'approche en soupirant, il s'agenouille et s'execute. Lorsqu'il finit de faire le lacet, le visage de la petite fille s'illumine. Il en profite pour déposer un baiser sur sa joue, signe de rédemption. Et elle se met à rire.

« - Tu veux jouer au ballon ? » Une manière pour Keara de faire la paix et bien sûr, le petit garçon opine du chef et se précipite pour chercher le ballon. A ce jeu là de toute façon, c'est lui le plus fort parce que c'est lui qui lance le plus loin. Il veut montrer son talent pour impressioner sa jeune soeur et frappe dans la balle de toute ses forces. Si bien que celui-ci est envoyé à l'autre bout du parc. Keara ecarquille les yeux, loin d'être impressionnée, elle semble sur le point de se laisser aller à une nouvelle crise de larmes.

« - Mais ... Mais ... Tu l'as lancé troooop loin Cal , je peux pas le rattr....»

Calixte décide d'intervenir pour éviter le courroux de sa soeur. Sa mère allait les obliger à rentrer et les punir sinon. Il jete un rapide coup d'oeil en direction de celle-ci, mais elle semble distraite par la lecture de son livre. Ouf, elle n'a pas vu Keara pleurer. Il demande alors à Keara de l'attendre et il s'élance à toute vitesse pour récuperer l'objet en question. Lorsqu'il revient sur ses pas, aucune trace de sa petite soeur. Il a beau regarder dans toutes les directions, celle-ci semble avoir disparue. Il lache alors le ballon multicolore et court en direction de sa mère d'un air alarmé, pour la prevenir de la situation.