Jackson, au fond de lui, avait redouté un moment pareil. Étant dans une position délicate vis-à-vis d'Ashley, il se doutait qu'un jour, une chose pareille pourrait se produire, qu'elle se lasserait de sa présence et qu'elle le congédierait, sous prétexte qu'il était inutile maintenant, qu'elle n'avait plus besoin de lui, de son aide, de sa protection. Oh bien entendu, il avait aussi imaginé être le seul et unique homme capable d'être autant présent pour elle, qu'il pourrait la combler ne serait-ce que par sa présence. La rendre heureuse, c'était bien tout ce qui comptait à ses yeux, il se fichait pas mal de ce que pouvait penser ses proches, voilà pourquoi il continuait de jouer les fortes têtes. Il ne supportait pas ces propos constants, ces critiques envers Ashley, alors qu'ils ne la connaissaient pas. Non, ils n'avaient aucune idée de la femme qu'elle était, celle qui l'envoûtait, cette demoiselle sans qui il n'était rien, et il avait finit par l'admettre, même si c'était difficile. Les Rathbone était tout aussi têtus que le musicien, il avait beau les contredire, ils continuaient d'essayer de lui faire entendre raison, hormis son père. Probablement le seul membre de sa famille à le comprendre, parce qu'il avait été ainsi avec sa femme, celle qui aujourd'hui partageait sa vie. Tel père, tel fis dit-on, et ces deux hommes en étaient la preuve vivante. Malheureusement, ce point de vue n'était pas partagée avec tout le monde, et Jackson se jurait de prouver qu'elles se trompaient toutes, parce qu'il était certain, peut-être trop même. Sa naïveté le perdait, si bien que maintenant, il allait souffrir, beaucoup souffrir... Il ne le savait pas encore, mais il suffirait de quelques secondes pour que son cœur s'émiette misérablement dans sa poitrine. Il n'avait cependant pas l'intention de partir de chez Ashley tant qu'il n'aurait pas d'explications claires et nettes. Elle ne voudrait peut-être pas lui en donner, mais l'acteur refusait de rester ainsi sans comprendre, c'était insupportable. Au dernier moment, il avait fait demi-tour, il ne voulait pas que cette nuit s'achève de cette manière. Il lui demandait des explications, maintenant, restait à savoir ce qu'elle en dirait.

« Oui, d'habitude, je ne refuse jamais. C'est bien ça le problème. Je ne refuse jamais ! Je... je n'ai plus besoin de ta protection Jax. Je peux me débrouiller comme une grande. Je ne suis pas là pour abuser de ton temps contrairement à ce que ta famille pense. »



« Les femmes sont têtues, et bornées. Tu sais on dit que nous sommes de beaux parleurs, menteurs, tricheurs, mais les femmes, fiston, elles sont pleine d'artifices. Il suffit d'un peu et paf ! Tu tombes sous leur charme. Regarde ta mère, elle m'en a fait voir des belles avant qu'elle ne se décide à m'accepter, j'ai du me traîner à ses pieds pendant un long moment mais ça a finit par marcher. » « Dans ce cas elles sont aussi de mauvaises fois. Je ne supporte pas ce que dit maman sur Ashley... elle ne la connaît pas, elle ne sait pas de quoi elle parle. » « Mais voyons c'est ta mère ! Elle a peur que tu ne partes avec une femme c'est logique ! Tu es son bébé, et tu le sera toujours, alors savoir que tu te tournes vers une femme, ça lui fait peur... par contre pour tes sœurs, c'est parce qu'elles n'ont pas encore joué les divas avec les hommes, mais ça ne devrait plus tarder. » « C'est pas facile de les entendre dire des choses pareilles. » « Ignore les, parce que si tu continues, elles vont réussir leur coup, et cette femme, elle s'éloignera. Tu le regrettera. »


Son cœur venait de se stopper, plus un seul battement, et la sensation de déchirement était telle qu'il n'avait jamais connu une douleur pareille. Il n'aurait jamais songé entendre ces choses-là de la bouche d'Ashley un jour, il se l'était imaginé, mais ce n'était qu'un cauchemar comme un autre. Un cauchemar, bel et bien réel... Comment ça pouvait arriver ? Était-ce réellement à cause de sa famille, ou n'était-ce qu'un prétexte comme un autre pour se débarrasser de lui ? La colère, la honte, le désespoir, la tristesse, toutes ces émotions ancrées en lui, lui donnaient la nausée. Il aurait voulu disparaître sur l'instant, ne pas avoir à la regarder en face. Sa gorge se noua, il se refusait de verser une seule larme, lui qui pourtant était sensible, il ne pouvait pas se le permettre. Il avait l'impression d'avoir été prit pour un abruti depuis le début. Jackson baissa les yeux un instant, les dents serrées. Son cœur se compressait, son estomac se retournait, il avait mal, et ne parvenait pas à calmer cette douleur. Et c'est alors, qu'au cours d'un silence pesant, il se mit à murmurer :

« Et tu leur donne raison... »

Il leva les yeux vers Ashley, et la fixa, irrité, triste, dégoûté, alors qu'il reculait d'un pas. Non, il ne connaissait pas cette femme, pas celle qui lui faisait face, parce qu'elle n'était pas celle qu'il aimait. Le brun prit une profonde inspiration, pour ensuite hocher la tête en se pinçant les lèvres.

« Elles ont réussi leur coup, c'est fantastique. » lâcha-t-il à lui-même en ricanant nerveusement, les yeux rivs sur le sol, puis, reprit, « Je n'aurais jamais pensé que tu puisses me traiter comme ça un jour. Je... je n'arrive pas à y croire c'est... tout ça pour rien. J'ai été assez naïf pour croire que ma présence te rassurait et que tu avais besoin de moi, j'y ai cru... quel con. »

Il passa une main sur son visage, puis, les paroles qui restaient coincées au fond de sa gorge finirent par faire surface :

« J'ai été stupide de croire que tu pouvais encore m'aimer. »

Le brun cala sa langue entre ses dents, d'un air irrité, avant de tourner les talons, sans jeter un seul regard à Ashley. Il devait sortir d'ici, parce qu'il suffirait d'une minute de plus pour qu'il craque devant elle. Il ne voulait pas qu'elle le voit pleurer, il ne voulait pas attirer sa pitié, ça ne servirait à rien. Il se mit à marcher le long du couloir, contrôlant cette respiration tremblante, et, avant de descendre les marches, lança sur un ton neutre, sans se retourner :

« Bonne nuit. »

Et il descendit. Plus il avançait, plus il accélérait, il ne pouvait pas rester ici. Il en avait oublié ses affaires, son sac, et ses vêtements mouillés. Peu importe, il demanderait sûrement à un ami de revenir les récupérer. Robert par exemple. Une fois qu'il eut franchit la porte, Jackson se mit à marcher à grands pas, le cœur bondissait à tout va, alors qu'une larme coulait enfin le long de sa joue. Ça y est, il craquait.