(c) Mymz

J’étais là, à marcher dans cet aéroport, ma valise derrière moi et mon gros sac de sport à l’épaule. Tout le monde semblait savoir où est-ce qu’il allait, ce qu’il devait faire. Quant à moi, j’étais un peu paumé là au milieu et je ne savais pas très bien par où commencer. La seule chose qui m’importait vraiment, c’était de retrouver l’air frais de l’extérieur et découvrir cette nouvelle ville que je ne connais pas encore. Seulement, alors que j’allais mettre les pieds dehors, deux policiers s’arrêtèrent devant moi. Ils me parlèrent tellement rapidement que je ne compris même pas ce qu’ils venaient de me dire. Ils prirent immédiatement mes affaires, ce qui eu le don de m’énerver. Malheureusement, à peine avais-je le temps de me défaire de leurs pattes, qu’un policier me plaqua contre le mur et me menotta. Je ne comprenais vraiment pas…J’eus beau leur demander à plusieurs reprises ce qui se passait mais personne n’était d’humeur à me répondre ce qui, je dois l’admettre, me mettait en rogne. On me conduisit dans un bureau fermé, on me fit m’assoir sur un siège vieux de plusieurs années où sans doute un bon nombre de personnes avaient du s’y installer avant moi. J’espérais autant pour elles qu’elles ne s’étaient pas fait arrêtées de la même façon que moi. Le policier devant moi resta de marbre, me fixant intensément sans dire un seul mot.

▬ « Je peux enfin savoir ce qui se passe bordel !? »
◘ « On nous a signalé que votre sac comportait de la marchandise non-autorisée Monsieur. »
▬ « Vous plaisantez ? Cachée entre mes caleçons et mes chaussettes ? C’est n’importe quoi. »

Sur ce, on me retira enfin mes menottes et on commença à me questionner. Apparemment, ils étaient en train de me confondre avec une autre personne puisqu’on me répéta sans cesse que j’avais déposé un sac près du quai d’embarquement numéro cinq. Sauf que je ne savais même pas où cela se trouvait et en plus de ça, je n’avais pas plus de sacs avec moi. C’est alors que le policier, assit juste en face de moi, avec un dossier à la main commença à me questionner sur différents épisodes de ma vie. Il commença à me demander si j’étais bien né à New York le 14 novembre 1988. Bien entendu, je me contentai de lui répondre par un simple oui. Je n’allais, tout de même pas lui raconter mon histoire tout entière, à commencer par, effectivement, je suis né le 14 novembre 1988 à New York, dans une clinique privée. Mes parents sont plutôt aisés, normal puisqu’ils viennent tous les deux de milieux très riches. Ma mère est une brillante avocate et mon père, un ancien acteur de cinéma qui s’est reconvertit dans le business en ouvrant sa propre entreprise à New York. Une entreprise de gaz, quelque chose comme ça. Je ne peux pas réellement confirmer ce que mon père fait de ses journées puisqu’en réalité, je n’ai jamais été très proche de lui. Dès mon plus jeune âge, j’ai toujours eu l’impression qu’il avait ce besoin de mettre une certaine barrière entre nous. J’en suis même venu à me demander si ma mère m’avait dit juste, s’il était vraiment mon père. Parce qu’à cette époque, nous n’avions absolument rien en commun. Je me suis d’ailleurs très souvent disputé avec mon père, il lui est arrivé aussi de me frapper et ma mère a toujours été témoin tout cela mais n’a jamais voulu bouger le petit doigt, trouvant que je méritais amplement ceci.

◘ « Vous êtes allé dans un lycée privé de New York puis vous avez fait une année d’université à Columbia et vous avez tout arrêté… »

Oui, c’est bien ça ! A quoi lui servait-il de me lire mon dossier ? J’imagine en savoir beaucoup plus sur ma personne, sur ma vie que ce qu’il avait à me dire. Il continua à lire mon dossier, pendant que j’hochais la tête positivement à chaque fois. Je me rappelais de mes années au lycée, quand j’étais un joueur de basketball et que toutes les pompom-girls craquaient pour moi. En fait, pour tout vous dire, non, ce n’était pas vraiment ça. Au lycée, j’étais assez timide et réservé. Je suis entré dans l’équipe de basket parce que j’avais du talent, mais ça n’a rien changé par rapport au regard que les autres me portaient. J’étais loin d’être ce play boy que je suis devenu aujourd’hui. Ce symbole masculin qu’on trouve dans les différents magasines people. Oui, je suis entré à l’université de Colombia à New York où je comptais étudier le droit, comme ma mère l’avait fait avant moi. Mais en fin de compte, je me suis rapidement rendu compte que c’était loin d’être intéressant. Je prenais des cours de théâtre privé, et c’est là que tout à décoller pour moi. Je n’étais pas grand-chose avant, si ce n’est un fils de bourges qui avait très peu d’amis. Et puis, alors que j’avais 19 ans, on m’a proposé de jouer dans un film. J’étais très hésitant à mes débuts, et puis, pour la première fois, mon père a été là pour moi. Il a su me diriger, me conseiller et il m’a recommandé de faire ce film. Etant un ancien acteur, il connaissait parfaitement bien les ficelles du métier et il m’a été d’un grand soutien. J’ai fini par terminer le tournage de ce film et il a été immense ! Un énorme succès ! Si bien que peu de temps après, j’étais déjà paré pour un deuxième tournage. C’est depuis là que tout a changé pour moi. Je ne suis plus ce garçon effacé, mais désormais, une grande star de cinéma qui parcourt le monde, les tournages et les shootings photos.
Malgré tout, je ne peux pas dire que j’ai changé. J’ai toujours été une personne têtue, quelque peu prétentieuse sur les bords, j’admets que la popularité n’a pas arrangé le coup, possessive et sans doute un peu arrogante. J’ai connu tellement de choses lors de ma vie, entre autre avec les filles que depuis, je suis devenu très méfiant. Je suis parfois froid et distant avec les gens, c’est parce que j’ai bien trop souvent été naïf et je me suis fait avoir par des personnes qui se disaient proches de moi alors qu’en réalité ce n’était pas le cas.
Mes pensées furent alors interrompues lorsque j’entendis à plusieurs fois « Monsieur ? Monsieur Heavenwood ? ». Le policier en face de moi avait probablement du remarqué que je n’avais pas écouté grand-chose de ce qu’il venait de dire. Après tout, je la connais ma vie ! Mais en rapportant mon attention sur celui-ci, je vis son regard changé radicalement. Il n’avait plus ce visage féroce et sûr de lui. A vrai dire, il semblait outré et gêné. C’est là que je compris qu’il s’était rendu compte de son erreur. Il s’en excusa d’ailleurs, me raccompagna jusqu’à la sortie tout en me disant qu’un taxi allait passer me prendre. Me serrant la main en me présentant une nouvelle fois ses excuses pour m’avoir confondu, il me gratifia d’un dernier sourire et me félicitation pour mon dernier film. C’est sur ses paroles là que nous nous quittèrent et que je rejoignis Cambridge, cette nouvelle ville où a lieu le prochain tournage de mon nouveau film…