Téléphone portable, arme de l’an 2000. Qu’est-ce qu’on ferait si ce petit truc qui envoie des ondes n’existait pas ? L’homme du 21ème siècle se droit d’être joignable à n’importe quel moment de la journée, ce qui n’était pas forcément le cas à l’époque. Avant les gens devaient faire les déplacements chez leurs amis pour savoir comment ils allaient. Il y avait aussi les lettres, mais le temps que vous la receviez, dieu sait ce qui pouvait se passer. Enfin bref… pour en revenir au moment présent, Aaron venait de recevoir un texto de la part de son… meilleur ami, ce qui lui faisait autant plaisir que peur. Depuis qu’il lui avait avoué ses sentiments, leur relation n’était plus la même, certainement parce qu’aucun des deux ne savait comment réagir face à l’autre. Sur le coup, le jeune homme regrettait vraiment de ne pas avoir fermé sa bouche le jour où ce « te quiero » lui a échappé en toute sincérité. S’il se l’était bouclée, Solen n’aurait pas commencé à agir différemment, et lui non plus. C’était chiant.

Tout en lisant ce qui était écrit sur l’écran de son téléphone portable, le photographe prit une dernière bouffée de cigarette qu’il ne recracha pas mais avala sans même s’en rendre compte. Un rendez-vous ! Rien que les deux, sans personne d’autre pour palier au malaise qu’il y avait entre eux. Ca faisait combien de temps qu’ils n’avaient pas passé du temps ensemble en solo ? Bah… ça fait plusieurs mois en fait, depuis cette p*tain de déclaration.

Sous le coup du trop plein de fumée dans ses poumons, Aaron se mit soudainement à tousser violement tout en jetant presque son cellulaire au sol à cause du mouvement brusque qu’il avait fait pour se redresser sur son canapé. C’est mal la nicotine, on sait, merci.

Après s’être levé, le jeune homme partit dans sa chambre pour aller chercher quelque chose à se mettre sur le dos en accord avec le temps qu’il faisait dehors. S’il y avait bien une pièce qu’il chérissait chez lui, c’était premièrement sa salle de bain, et ensuite son dressing qui faisait la même taille qu’une chambre standard d’étudiant. Être à la mode demandait de la place, c’est clair… surtout quand on est un peu bordélique et qu’il y a des vêtements qui trainent par terre. En tout, il fallut une vingtaine de minutes pour que Juan se décide et s’habille avant d’aller chercher le sac qu’il trainait toujours avec lui et renfermait un de ses appareils photo. « Celui de ville », comme il disait. On ne savait jamais sur quoi on pouvait tomber en sortant… et le canon reflex était votre meilleur ami pour immortaliser toute chose intéressante et inattendue.

Bien, prêt, on pouvait sortir. L’espagnole était d’humeur mitigée une fois dans la rue, comme à chaque fois qu’il savait qu’il allait rencontrer Dimitri, mais il préféra faire abstraction de ses pensées qui fusaient dans sa tête de manière anarchique et sortit son MP3 pour se remplir le cerveau de musique. Efficace. Calmant. Plus qu’une clope. Comment ça allait se passer aujourd’hui, le jeune adulte n’en avait aucune idée, mais il savait en tout cas comment il voulait que ça se termine. Enfin bon… pas besoin de parler de ce « terminus », car les choses ne finiraient certainement pas comme dans son idéal mental. Hah… c’était si ironique. Solen faisait du charme à toutes les personnes qu’il rencontrait, et ce presque sans exceptions. Il n’y avait que son vieil ami auquel il ne « touchait pas ». À croire qu’il s’agissait d’un objet précieux à ne pas casser, hein ? Oh, et le pire était qu’il savait pertinemment à quel point Aaron avait envie qu’on lui pose les mains dessus. Ça lui faisait peur… ? Peur de quoi ? Peur de perdre quelque chose ? Ou bien peur de devoir s’avouer une vérité qu’il ne pouvait pas assumer ? Bahhh… qui sait.

Pour l’heure, notre jeune homme était arrivé devant une station de bus où il s’arrêta en attendant que son ami arrive. C’était le point de rencontre par défaut pour eux, et ensuite ils prenaient le transport public pour aller dans la zone des boutiques. Plus le temps passait, et plus les boutiques en question changeaient de catégorie. C’est qu’il grandissait, le petit Dimitri… il était en train de devenir ce modèle qu’il avait toujours voulu être.