Okay by Jess'.

Loin d’elle, Fenner avait l’impression de ne plus respirer. L’air frais avait déserté, ne laissant en lui qu’un vide profond et douloureux. Il était difficile pour lui de s’avouer une telle faiblesse, et pourtant, il le faisait. London l’avait toujours rendu spécial, différent de ce qu’il croyait avait toujours été. Il fut coupé dans ses pensées lorsque London s’approcha de lui, définitivement en colère. Elle lui répondit d’une voix déterminée, sûre d’elle. Elle l’aimait, elle n’avait jamais tenté de le nier, jamais. Peu importe ses erreurs, l’amour ne s’était jamais éteint. Relevant ses iris sombres, le noisette de ses yeux se perdit dans le regard de sa femme. Elle semblait sûre d’elle, à un tel point, qu’un souffle de confiance vint le regonfler. Et pourtant, il n’eut aucune réaction. Restant de glace, l’homme s’était barricadé derrière son masque impassible. Immobile, la fixant, il s’enferma dans son silence. Les mains de London étaient sur son torse, et en une fraction de seconde, tout se bouleversa. Elle l’attira vers elle et le plaqua contre elle pour poser ses lèvres sur les siennes. Trop surpris, l’homme se contenta de profiter de ce contact inespéré depuis six mois, sans y répondre. Cela ne dura pas longtemps, elle se sépara de lui… pour l’achever avec l’argument le plus fort qu’elle puisse utiliser. La VanDuncan lui désigna son alliance, insistant pour qu’il n’ose plus jamais penser une telle chose. Cette fois-ci, Fenner réagit. Il hocha vaguement la tête, s’enfermant toujours dans son silence. Les sensations fortes qui étaient nées en lui lorsqu’elle s’était collée contre lui l’envahissaient encore. Ne réagissant plus de son corps, Fenner s’avança vers elle, une lueur de désir dans le regard. Il empoigna sa femme et la plaqua contre le Vieux Chêne, posant brusquement ses lèvres fines et masculines sur celles de sa femme. Il prolongea le baiser tant qu’il pu. Il y fit passer tous les sentiments qu’il était incapable d’exprimer avec des mots, il fit tout passer dans ce baiser. Glissant ses mains sur les hanches de London, il colla leur deux corps, écrasant sa femme contre son torse. Il en aurait presque gémit. Enfin. En six mois, enfin un contact. Par un manque d’air pressant, il rompit le baiser, sans se décoller d’elle. Enfouissant sa tête dans le cou de London, il huma son odeur. Peu importe tous les commentaires qui rôdaient sur l’île à propos de sa femme, à ses yeux… elle était parfaite. La plus belle, la plus merveilleuse… la plus unique. Passant ses mains lentement sur les hanches de London, il s’autorisa cette caresse, tentant de rajouter à ce moment un peu plus de désir. Ses iris noisettes étaient à présent presque noirs, noirs de désir. Se décollant légèrement de London, il se déplaça lentement. Posant son front contre celui de la femme, Fenner plongea son regard perçant dans le siens. Il tenta de s’ouvrir, de lui faire comprendre tout ce qu’il ressentait. Mais tout était confus. Douleur, amour, désir, regrets. Tant de sentiments pour un homme si peu habitué à ressentir ne serait-ce qu’un sentiment. La confusion l’envahissait aussi brusquement que les sentiments que Fenner éprouvait pour sa femme. De sa voix rauque… il osa enfin prononcer quelque chose. Il se devait de réagir, puisqu’il connaissait sa femme, lorsqu’on ne lui répondait pas, soit cela l’inquiétait, soit cela la mettait en colère. Dans les deux cas, il ne souhaitait pas briser ce moment de retrouvailles intenses. Ses mots furent sincères, empreint d’une douleur à peine masqué. Il ne prononçait jamais ces mots, ils étaient bien trop difficiles à prononcer, mais pour London, il serait prêt à n’importe quel sacrifice, même à passer par-dessus ses principes cruels.

_ Je suis tellement désolé…

Oxford déglutit difficilement. Il prononçait si rarement ces mots qu’il ne savait comment réagir lui-même. Sa voix était rauque et son esprit envahit par une brume de confusion. Comment London allait-elle réagir à cela ? Rares avaient été les fois où il s’était si sincèrement excuser à quelqu’un, même à London. Cette île l’avait-elle changé ? Ou était-ce sa relation avec London qui l’avait changé ? Secouant la tête imperceptiblement, il chassa ses pensées, se concentrant sur la femme sous lui, leurs corps toujours aussi près. N’ayant pas une seule fois détaché son regard de celui de London, il flancha. Baissant la tête vers le sol, il décolla son front de celui de London. Secouant la tête, Oxford cherchait à se convaincre de quelque chose. Il ne comprenait pas. Pourquoi tant de sentiments l’envahissaient si soudainement ? Pourquoi n’était-il pas capable de rester de glace, de rester froid et impassible. À la place, il n’avait qu’une envie, l’embrasser à nouveau. Quelques minutes de silence lourd passèrent lorsqu’enfin, Oxford osa relever son regard sombre sur London. Il tenta de se barricader, de se renfermer sur lui-même. Rien à faire, ses yeux cherchaient à exprimer tout ce qu’il ressentait à London, et ses efforts pour empêcher cela étaient vains. Attendant toujours une réaction de l’hostile, Oxford soupira intérieurement. La vie pouvait parfois être si compliquée. Habituellement, il était bien le dernier à chialer sur les défis et les risques de la vie, lui qui aimait tant l’adrénaline, le danger et les complications. Et pourtant, aujourd’hui, il aurait préféré que tout soit plus simple. Ce fut à ce moment là que sa devise s’effondra. On ne pouvait pas tout avoir. Les humains faibles le savaient pertinemment. Pour sa part, Oxford avait toujours refusé qu’on lui résiste, de ne pas arriver à ses buts, et il s’était toujours battu… et avait toujours obtenu tout ce qu’il voulait. En fait, il n’avait jamais voulu grand chose, et pourtant, il avait toujours cru que lorsqu’on voulait vraiment quelque chose, on pouvait l’avoir. Voilà qu’aujourd’hui, sous le Vieux Chêne d’une île perdue au fond du Pacifique… toutes ces croyances puissantes s’effondraient lamentablement, d’une telle puissance, qu’il ferma les yeux le temps d’une fraction de seconde. Oxford ne voulait pas ressembler à ces humains faibles qui s’effondraient à tout coup lorsqu’il comprenait qu’ils avaient eu tort. Il était fort, il n’avait jamais tort. Lorsque cela arrivait, il se relevait. Non, en fait… il ne tombait jamais. Et pourtant, il venait de tomber. Et de très haut. Une seule chose l’avait rattrapé, London. Sans même qu’elle le sache, elle l’avait soutenue brillamment. Ouvrant de nouveau ses yeux, l’hostile tomba dans le regard doux de sa femme. Lentement, par une impulsion soudaine, il déposa son front de nouveau contre celui de London. Son regard sombre plongé dans celui de London, il chercha les bons mots. Il voulait parler, lui dire tout ce qu’il ressentait. Plus les secondes s’écoulaient, plus les mots n’arrivaient sur ses lèvres. Ces mots qu’il ne prononçait plus depuis six mois et qui sortaient si rarement de sa bouche. Dans un murmure rauque et presque douloureux, il entrouvrît enfin les lèvres, prononçant ces petits mots qui faisaient si chaud au cœur et qu’il ne prononçait jamais, son cœur de glace semblant refuser ces mots. Et pourtant, en cette aube chaude, collé à la femme de ses désirs, de ses rêves… de sa vie, Oxford se lança, bravant ses principes et ses peurs inavouées.

_ Je t’aime.

Lentement, le VanDuncan pencha son visage vers le siens, London étant plus petite que lui. Ses lèvres fines se posèrent doucement sur celle de sa femme. Un baiser timide, une avance douce… une attente longue. Ses mains se glissèrent à nouveau sur les hanches de London, rapprochant leurs deux corps collés contre le Vieux Chêne de cette île… pas si perdue au fond du Pacifique…